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Et si l'accueil de loisirs des enfants handicapés devenait "grande cause nationale" ?

L'accès des enfants handicapés aux centres de loisirs devrait être érigé au rang de "grande cause nationale", a plaidé le 14 décembre la mission nationale chargée de cette question, en remettant une vingtaine de propositions à la secrétaire d'État Sophie Cluzel et au Défenseur des droits Jacques Toubon.
Les enfants en situation de handicap, âgés de 3 à 11 ans, représentent 1,9% de leur classe d'âge, mais seulement "0,28% de la fréquentation au sein des 33.000 accueils de loisirs périscolaires et extrascolaires", déplore la mission installée il y a un peu plus d'un an.

En 40 ans, pas de réelle stratégie, pas de "mise en mouvement"

Cette carence de l'offre d'accueil entraîne de lourdes conséquences pour les parents d'enfants handicapés, "notamment sur leurs capacités à maintenir leur emploi", surtout pour les femmes. "En plus de quarante années de politiques en faveur des personnes handicapées", cette question n'a jamais fait l'objet "d'une réelle stratégie de nature à mettre en mouvement l'ensemble des acteurs concernés", relève la mission dans son rapport.
En outre, "trois éléments principaux freinent les capacités d'adaptation des accueils de loisirs", à savoir "la qualification professionnelle, le turn-over des équipes et les taux d'encadrement", trop faibles au regard des "besoins d'accompagnement spécifiques" des enfants handicapés.

La mission sollicite les CAF à hauteur de 24 millions d'euros

Face à ces constats, la mission propose en premier lieu de lever les freins financiers, notamment en subventionnant davantage les structures accueillant des enfants handicapés, pour un coût supplémentaire de 24 millions d'euros en moyenne par an pour les caisses d'allocations familiales (CAF).
Elle suggère également de déployer des "pôles d'appui et de ressources" mettant en relation parents et lieux d'accueil "en fonction des besoins identifiés sur les territoires". Parmi les 20 autres mesures mises sur la table : inciter les organisateurs des centres à détailler "dans leur projet éducatif, les modalités d'accueil des enfants handicapés" ; "mettre en place un appel à projets dans chaque département pour développer l'offre d'accueil en direction des adolescents et jeunes handicapés", ou encore "définir au niveau national une réelle stratégie de formation".

Le Défenseur des droits suggère de ne pas en rester là

Le Défenseur des droits Jacques Toubon s’est prononcé en faveur d’une poursuite de la Mission nationale accueil de loisirs & handicap. Il a salué "un rapport utile pour le quotidien des familles". "L'accès de tout enfant aux loisirs est un droit fondamental consacré par les conventions internationales (Convention internationale des droits de l'enfants et Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées) et constitue une obligation nationale", a-t-il rappelé. De plus, "Refuser l'accès d'un enfant aux activités de loisirs en raison de son handicap peut être constitutif d'une discrimination", a-t-il insisté.