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Social - Etats généraux du travail social : publication des rapports thématiques

Le 18 février 2015, les présidents des cinq groupes de travail thématiques chargés de synthétiser les travaux des assises régionales du travail social ont remis leurs conclusions à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, et Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France (ADF). Ces derniers sont en effet concernés au premier chef par les travaux des Etats généraux du travail social.

Plus de 20.000 participants lors des assises régionales et sur le net

Selon la formule consacrée, les deux ministres et le président de l'ADF se sont félicités de "la grande qualité de ces travaux, alimentés par de nombreuses contributions : plus de 5.000 personnes ont en effet participé aux rencontres territoriales et 16.000 personnes ont répondu au questionnaire en ligne".
Les rapports portent sur les cinq thèmes suivants : coordination des acteurs, formation initiale et formation continue, métiers et complémentarités, place des usagers, développement social et travail social collectif.
Les propositions des cinq groupes sont le plus souvent très concrètes, même si on peut regretter l'absence de toute considération budgétaire et de délais de mise en œuvre. S'il est évidemment impossible de résumer l'ensemble des propositions des cinq rapports, on retiendra néanmoins certaines propositions emblématiques.

Propositions tous azimuts

Pour la coordination des acteurs, on notera ainsi l'instauration du premier accueil inconditionnel, la désignation systématique et partagée d'un référent de parcours ou encore la clarification de la notion de "chef de file" en matière d'action sociale. A retenir du côté du développement social et du travail social collectif : l'engagement "d'un travail social communautaire pour combattre le communautarisme", le développement d'outils d'information partagés pour éviter les saisies successives d'information dans les logiciels métiers (ce qui serait une petite révolution dans le travail social), l'encouragement à la création de "collectifs locaux de développement social disposant d'une autonomie de décision et de fonctionnement"...
Sur la formation initiale et continue, les propositions vont d'une meilleure application au secteur social du principe de la formation tout au long de la vie au développement de la supervision et de l'analyse des pratiques, en passant par le renforcement du "réflexe GPEC [gestion prévisionnelle des emplois et des compétences] à tous les échelons".
Sur les métiers et la complémentarité, les axes retenus concernent l'instauration d'un seul diplôme pour chacun des niveaux de qualification, l'identification d'un socle commun de compétences pour chaque niveau de qualification ou encore l'articulation des diplômes post baccalauréat (niveau II et niveau I) aux grades de licence et de master.
Enfin, le groupe dédié à la place des usagers a notamment retenu... la suppression du mot "usager" (tout au moins "quand il n'est pas référé explicitement à un objet, un dispositif, une politique"), la priorité à donner à l'accès aux droits ou l'association des "usagers" aux formations initiales et continues des travailleurs sociaux.

Quelle conclusion pour les Etats généraux ?

Si le matériau ainsi recueilli est riche - à défaut d'être toujours original -, se pose désormais la question de son utilisation. Le communiqué de Marisol Touraine indique certes que ces propositions "vont faire l'objet d'une analyse détaillée". Mais, si les Etats généraux du travail social avancent, ils le font à un pas de sénateur.
Les Assises interrégionales du travail social ont commencé de se tenir le 31 janvier 2014 et la synthèse nationale aurait dû avoir lieu l'été dernier. Dans son second rapport annuel sur la mise en œuvre du Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale lancé en février 2013 - les Etats généraux sont l'une des composantes du plan -, François Chérèque s'inquiète d'ailleurs du retard pris en la matière et réclame "un calendrier ferme et précis", mais aussi "un discours fort sur ce qu'on attend des travailleurs sociaux" (voir notre article ci-contre du 27 janvier 2015).
Le communiqué du 18 février n'apporte pas vraiment de réponse. Il n'y est notamment plus question d'une manifestation à l'échelon national (les Etats généraux proprement dits). En revanche, Marisol Touraine annonce la nomination prochaine, par le Premier ministre, de la députée du Pas-de-Calais Brigitte Bourguignon comme parlementaire en mission, chargée "de conduire une concertation spécifique sur les évolutions possibles de l'architecture des diplômes avec les représentants des salariés et les fédérations d'employeurs". Durant cette phase de concertation, les travaux de la Commission professionnelle consultative sur l'architecture des diplômes seront "naturellement suspendus".
Enfin, "à l'issue de cette phase, au plus tard fin octobre, un plan d'action pour la reconnaissance et la valorisation du travail social sera présenté".