Transports - Eure-et-Loir : une gare TGV au beau milieu des blés ?
Le projet de doter l'Eure-et-Loir d'une gare TGV a fait un pas de plus avec la remise, cette semaine, d'une étude de faisabilité réalisée par le cabinet Systra, pour le compte de la communauté de communes des Trois-rivières. Ce projet est un peu l'Arlésienne locale : tout le monde en parle depuis des années, mais il ne se réalise jamais. Deux communes étaient jusqu'ici en concurrence : Bonneval et Courtalain, toutes deux situées au sud du département. Arrou-Courtalain aurait la faveur du cabinet d'études en raison de son emplacement. On est ici au beau milieu des champs mais, surtout, à la bifurcation entre les lignes Paris-Bordeaux et Paris-Le-Mans. C'est sur ce dernier tronçon que la gare serait installée, à un endroit où les trains sont d'ores et déjà obligés de ralentir en raison d'un "saut de mouton". Paris ne serait plus qu'à trente-cinq minutes. Le coût du projet est estimé à 10,6 millions d'euros par le cabinet, soit dix fois moins que pour une implantation à Voves-Bonneval. Pour le député-maire de Cloyes et président de la communauté de communes des Trois-Rivières, Philippe Vigier, qui défend ce projet avec ardeur, "c'est une chance exceptionnelle pour rééquilibrer le développement du sud du département avec le reste du territoire". "Certains regardent les trains passer comme le vaches, nous, on souhaite qu'ils s'arrêtent." Seul problème : la ville de Vendôme, à quarante kilomètres de là, dans le département voisin du Loir-et-Cher, possède déjà sa gare TGV. Pour Philippe Vigier, c'est justement une aubaine. L'idée serait de créer un "hub intermodal" entre les deux gares grâce à un système de navettes par autobus car, malheureusement, aucune ligne ferroviaire ne relie les deux communes. Les voyageurs pourraient ainsi se déplacer du fin fond de la Bretagne jusqu'au Pays Basque sans passer par Paris, comme c'est le cas aujourd'hui. D'ailleurs, de part et d'autre de la frontière entre les deux départements, les élus font bloc. "Cette gare est très importante pour le développement économique de la région. Elle permettra de désengorger l'Ile-de-France, estime Maurice Leroy, le président du conseil général du Loir-et-Cher. On dépense aujourd'hui des millions d'euros dans la politique de la ville alors que les campagnes se meurent."
Le trafic est évalué à 440.000 passagers par an. Pour le cabinet Systra, le bénéfice serait "à peu près neutre pour les acteurs ferroviaires". En revanche, "les gains de temps et environnementaux" seraient importants. En cas de feu vert, la gare pourait voir le jour d'ici à cinq ans, assure Philippe Vigier, qui précise bénéficier des soutiens du secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau et de Jacques Barrot, ancien commissaire européen aux Transports. Mais reste le plus dur : convaincre la SNCF.
Michel Tendil