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Evaluation de la garantie jeunes : la Dares propose des pistes d'amélioration

La garantie jeunes a atteint son public cible et a eu des effets positifs sur les taux d'emploi des bénéficiaires. Le rapport final d'évaluation publié le 11 décembre 2018 par la Dares (ministère du Travail) met toutefois en avant des points à améliorer dans le cadre de sa généralisation, notamment en matière de lourdeur administrative, d'accompagnement des entreprises accueillant ces jeunes, et d'accompagnement individuel des jeunes par les missions locales.

Lancée à titre expérimental en octobre 2013 avant d'être généralisée en 2017, la garantie jeunes a eu des effets positifs sur le retour à l'emploi des jeunes très éloignés du marché du travail. C'est le constat du rapport final d'évaluation publié le 11 décembre 2018 par la Dares (ministère du Travail) sur ce dispositif destiné aux jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation et en situation de grande précarité sociale, qui prévoit un accompagnement renforcé, assorti d'une garantie de revenu. Ainsi, seize mois en moyenne après l'entrée en garantie jeunes, le taux d'emploi total est amélioré de 7,1 points de pourcentage pour la première cohorte, et de 6,4 points sur le taux d'emploi en emploi durable : la part des jeunes en emploi est de 36,3% contre 29,2% sur les territoires témoins qui n'ont pas encore mis en place la garantie jeunes ; leur part en emploi durable est de 18,9% contre 12,5% sans la garantie jeunes. En revanche, les résultats de la deuxième cohorte ne sont pas significatifs en termes de statistiques. Autre point positif du dispositif : l'accès des jeunes à une plus grande autonomie. La garantie jeunes permettrait "à certains d'entre eux de reprendre confiance en eux, d'être plus à même de se projeter dans l'avenir, et notamment, grâce à l'allocation, en investissant dans leur santé ou leur capacité à être mobile (permis de conduire notamment)", indique le rapport même si ces aspects sont difficiles à évaluer. La dimension collective du dispositif a été particulièrement appréciée par les jeunes, offrant un effet de resocialisation "que ce soit pour redonner confiance, ou, dans un registre plus normatif, pour inculquer les règles du marché du travail et/ou aussi parfois aider à abandonner des conduites déviantes", précise le document.

La garantie jeunes a atteint le public ciblé

"La garantie jeunes semble avoir atteint le public ciblé", précise le rapport. Le niveau de qualification des bénéficiaires est faible (niveau inférieur au baccalauréat ou sortie du système scolaire à 16 ans ou avant), plus d'un quart vivent dans un quartier prioritaire de la ville ou dans une zone urbaine sensible (ZUS). Leur situation financière familiale est difficile ou très difficile. Ils ont le plus souvent des problèmes de logement. Mais au-delà de ces points, le rapport révèle quelques points de vigilance, notamment dans le cadre de la généralisation du dispositif. Et en premier lieu, concernant le profil des futurs bénéficiaires : "Certains acteurs locaux sont réticents à orienter vers la garantie jeunes, quand ils estiment que cette dernière impose des contraintes (accompagnement collectif, obligations d'assiduité) peu adaptées aux jeunes qu'ils suivent, insiste le document, il faut veiller cependant à ce que certains profils ne soient pas écartés systématiquement a priori". 
Par ailleurs, peu d'informations sont disponibles sur le nombre de jeunes qui pourraient prétendre à la garantie jeunes mais qui ne la demandent pas. Le rapport met aussi en avant la "mise en œuvre très diverse selon les missions locales", qui sont les prescripteurs principaux, à plus de 95%, de la garantie jeunes. Si l'accompagnement collectif dans le cadre d'ateliers au cours des premières semaines est perçu comme une innovation très importante par rapport aux pratiques existantes, l'accompagnement individuel "a été dans certains cas beaucoup moins pensé et organisé", souligne le rapport.

Un accompagnement des entreprises partiellement mis en œuvre

Le travail de retour d'expérience entre les jeunes et les conseillers notamment sur les périodes de travail suivies par les bénéficiaires semble avoir été inégal et la médiation active n'a été que partiellement mise en œuvre, notamment concernant l'offre de services aux entreprises. Cette médiation prévoit normalement un accompagnement des entreprises lors de l'accueil des jeunes en situations de travail et dans leur démarche de recrutement. " Dans ce domaine aussi, l'hétérogénéité entre missions locales semble importante, précise l'évaluation, les compétences acquises par ces dernières dans le champ de la médiation ont parfois été insuffisamment mobilisées, du fait d'une trop grande séparation entre la garantie jeunes et les autres activités des missions locales". Autres difficultés : la lourdeur administrative du dispositif, l'aide à la conduite du changement jugée insuffisante du fait d'un calendrier très contraint, mais aussi des modalités de financement et de pilotage du dispositif qui peuvent contribuer à fragiliser le modèle économique des missions locales. "Les missions locales peuvent être incitées à sélectionner des jeunes plus employables et/ou plus facilement "accompagnables" , précise le rapport, et/ou à constituer des cohortes plus nombreuses pour faire des économies d'échelle, au-delà de la taille qui serait optimale en termes de qualité de l'accompagnement".