Comment Bayonne redonne de l’attractivité à son bâti ancien (64)

Avec la rénovation complète de deux immeubles contigus, construits au début du XVIIIe siècle dans le centre historique, Bayonne prouve que l’on peut redonner du lustre et de l’attractivité à des logements anciens très dégradés.

Située en site patrimonial remarquable (SPR) la rénovation des deux bâtiments contigus de la rue d’Espagne à Bayonne devait se conformer aux prescriptions de l’architecte des bâtiments de France (ABF). L’adjoint au maire en charge de l’aménagement, de l’urbanisme et de l’habitat, Alain Lacassagne, souligne que « cette rénovation s’est inscrite dans une politique globale de réhabilitation du centre ancien, lancée depuis près d’un demi-siècle ». Elle s’appuie sur les nombreux outils et dispositifs mis en place au cours des dernières décennies, tels que les secteurs sauvegardés puis sites patrimoniaux remarquables (SPR), loi Malraux, label ville d’art et d’histoire, programme national de requalification des quartiers anciens dégradés (PNRQAD), ou opérations programmées d’amélioration de l’habitat de renouvellement urbain (OPAH-RU). Le secteur ancien est également couvert par le programme action cœur de ville (ACV).

Politique volontariste, résultats concrets

« Pour venir en aide aux copropriétaires, la ville a aussi pris ses propres initiatives, comme la création de la Boutique du Patrimoine et de l’Habitat et le guichet unique HOBETU [NDLR : qui signifie améliorer en basque], qui fournit aux particuliers tous les conseils et renseignements sur les aides et dispositifs en faveur de la rénovation du bâti ancien », précise Alain Lacassagne. Ces actions volontaristes ont réduit la vacance commerciale du centre historique à moins de 4 % et celle des logements à environ 10 %, concentrée sur les parties arrière des immeubles anciens, qui nécessitent d’importantes restructurations pour redevenir habitables.

Des travaux exemplaires sous le signe de l’ABF

La rénovation des deux immeubles contigus de la rue d’Espagne a demandé plus de dix ans de préparation. Installés sur une parcelle étroite et profonde, les logements arrière n’avaient pour seules ouvertures que celles donnant sur la cage d’escalier commune aux deux bâtiments, les rendant inaccessibles aux secours et posant de gros problèmes de ventilation et de luminosité. « Les échanges avec le syndic de copropriété ont débuté dès 2012, pour répondre aux procédures d’insalubrité engagées et mettre en œuvre la servitude de curetage inscrite au Plan de sauvegarde et de mise en valeur », raconte Benjamin Labède, responsable du pôle requalification des quartiers anciens à la direction de l’urbanisme. Les difficultés de financement et les pertes de surface des logements dues aux travaux nécessaires retardèrent l’opération de rénovation jusqu’en 2018, qui voit le lancement de la nouvelle OPAH-RU, assurant un financement de l’Anah complété par la ville et l’agglomération. Des solutions de financement ont été proposées à chaque copropriétaire en fonction de ses revenus. Les travaux ont enfin pu démarrer en 2021. La réfection et l’isolation des façades et de la toiture, la rénovation de la verrière, la mise aux normes des réseaux, la création de balcons sur la partie arrière pour l’évacuation en cas d’incendie, le curetage… Tous les travaux ont été réalisés en respectant les prescriptions de l’ABF et ont rendu les deux immeubles conformes aux critères d’habitabilité actuels.

Des financements publics indispensables

Les principales difficultés de cette opération de rénovation sont les mêmes que celles rencontrées dans les autres copropriétés du centre historique : « Les décisions nécessaires exigent des votes unanimes en assemblée générale. Ces dernières sont composées de copropriétaires souvent modestes, qui ont du mal à accepter des pertes de surface indispensables pour mettre les logements aux normes et à faire face à des coûts de travaux considérables, explique Benjamin Labède. L’intervention du maire et de son adjoint auprès des copropriétaires, appuyée d’un soutien financier et technique puissant, a aidé à débloquer la situation et permis d’éviter que les propriétaires soient obligés de revendre leurs logements. » Les financements publics sont ainsi nécessaires pour mener à bien ce type d’opération et assurer aux ménages un logement digne. La quasi-totalité des propriétaires occupants des deux immeubles de la rue d’Espagne a aujourd’hui réintégré son logement rénové.

Coûts et financements

Le coût total des travaux s’est élevé à près d’un million d’euros TTC. L’Anah en a financé 68 % tandis que la ville et l’agglomération ont contribué chacune à hauteur de 9 %. Le reste à charge des copropriétaires s’est élevé à 14 %, financé par des emprunts collectifs et individuels. L’opération a été facilitée par Procivis Aquitaine Sud, qui a avancé les sommes avant que les subventions soient effectivement versées. Alain Lacassagne souligne également l’accompagnement de la Banque des Territoires : « la subvention de 240 000 euros nous a aidés à financer l’animation et l’ingénierie du projet, qui a représenté un coût total de 1,8 million d’euros TTC ».

Commune de Bayonne

Nombre d'habitants :

52006
1 avenue du Maréchal Leclerc
64 100 Bayonne

Alain Lacassagne

Adjoint au maire, en charge de l'aménagement, de l'urbanisme et de l'habitat

Benjamin Labède

Responsable du pôle requalification des quartiers anciens à la direction de l’urbanisme de Bayonne

Voir aussi

Pour aller plus loin

  • HOBETU : aide à la réhabilitation de logements anciens

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