Limoges lutte contre les perturbateurs endocriniens dans ses crèches (87)

Afin de réduire l’exposition des enfants de ses crèches aux perturbateurs endocriniens, la ville de Limoges s’est engagée dans des actions de formation et de sensibilisation en continu de l’ensemble des parties prenantes. Et des actions très concrètes sont mises en place.

Dans le cadre de sa charte "Ville santé citoyenne", la ville de Limoges (136.059 hab.) a décidé de réduire l’exposition des enfants aux perturbateurs endocriniens (voir encadré) de ses treize établissements d’accueil de jeunes enfants. "Les premières années de la vie sont cruciales car les enfants sont particulièrement sensibles à leurs effets", explique l’adjointe au maire chargée de la petite enfance et des accueils de loisirs, Nadine Rivet. Dès le départ, la ville engage une sensibilisation de tous les acteurs concernés : agents, parents, élus, professionnels de la santé...

Un colloque et des partenariats

En partenariat avec le centre hospitalier universitaire de Limoges, la Mutualité française Limousin et l’agence régionale de santé de la Nouvelle-Aquitaine, un colloque rassemble en novembre 2015, plus de 400 participants - professionnels de la petite enfance de la ville, élus et agents des autres services concernés -, autour d’intervenants spécialistes dans ce domaine : médecins, professionnels de la petite enfance.

Audit pour révéler les perturbateurs endocriniens

La ville réalise ensuite un diagnostic dans une de ses crèches, choisie pour expérimenter la démarche. Son objectif est d’identifier la présence de perturbateurs endocriniens "avérés" - pour lesquels des études indiquent leurs risques réels -, dans les objets du quotidien (jouets, vaisselle, linge, produits d’hygiène et d’entretien) et les locaux (peinture et revêtements de sols).

Limiter l’exposition aux polluants

Le cabinet conseil chargé de l’audit mène également des entretiens avec le personnel de la crèche, de la direction jeunesse, du service communal hygiène et santé et celui de l’architecture et bâtiments afin de comprendre leurs pratiques ainsi que l’efficacité des systèmes d’aération. Les résultats démontrent que s’il est très difficile d’identifier, d’isoler et d’éliminer les très nombreux perturbateurs endocriniens présents partout dans les locaux, il est néanmoins possible d’en limiter l’exposition.

Trentaine d’actions immédiates possibles

147 points d’amélioration sont déterminés dont 34 modifications faciles à appliquer rapidement dans les domaines du nettoyage (nouvelles pratiques et produits d’entretien écolabellisés), des achats (suppression des lingettes, remplacement progressive des jouets, ainsi que de la vaisselle par des ustensiles en matériaux inertes) et de l’aération des locaux (ouverture régulière des fenêtres). Des groupes de travail sont constitués pour hiérarchiser les actions à mettre en œuvre. L’adjointe au maire témoigne, "nous avons par exemple rapidement supprimé les peintures à paillettes et la gouache, et les biberons en verre ont remplacé ceux en plastique. Nous venons aussi d’acquérir trois nettoyeurs-vapeur pour limiter l’utilisation des produits d’entretien dans plusieurs crèches."

Bientôt des plateaux repas en porcelaine

D’autres actions vont être progressivement mises en œuvre dans toutes les crèches qui comptent entre 20 et 80 enfants Des plateaux repas en porcelaine vont remplacer les plateaux actuels à la rentrée 2018-2019 projet élaboré en partenariat avec un lycée professionnel des Arts et des Techniques, une étudiante en design et un fabricant de porcelaine. En effet La ville de Limoge encourage le développement de sa filière porcelaine en stimulant les commandes auprès des porcelainiers locaux.
Afin de sensibiliser les parents de la crèche testée, trois ateliers sur les perturbateurs endocriniens ont été proposés. En octobre 2017, les parents de toutes les crèches de la ville ont été invités à une conférence sur ces questions. "L’information doit être permanente pour arriver à faire évoluer les pratiques parentales. Ceux-ci se montrent ouverts à une évolution."

Actions autofinancées par la municipalité

L’agence régionale de santé (ARS) soutient cette action notamment au travers du financement de l’étude préalable, la ville, quant à elle, assume le financement des actions menées qui ont vocation à être généralisées à tous les établissements. Chaque nettoyeur vapeur représente un investissement de 3.000 euros et le remplacement du matériel de cuisine est d'environ 1.500 euros par établissement. Les jouets sont remplacés au fur et à mesure de leur vieillissement. "Le personnel de la ville et les élus sont convaincus des bienfaits de la démarche, cela a beaucoup facilité sa mise en œuvre. Nous avons aussi bénéficié en interne de l’expertise d’un chargé de mission santé qui avait l’expérience d’une opération similaire dans un hôpital", commente l’adjointe au maire.

Les perturbateurs endocriniens
Ce sont des substances chimiques qui interfèrent avec le système endocrinien (ensemble des organes et tissus qui sécrètent des hormones) et engendrent des dysfonctionnements au niveau de la croissance, du développement, du comportement ou encore des fonctions reproductrices. On retrouve les perturbateurs endocriniens dans de nombreux objets de la vie quotidienne : plastiques, pesticides, conserves, aliments, tickets de caisse... Les plus connus sont le bisphénol A (interdits dans les contenants pour bébé depuis décembre 2012 et dans tous les contenants alimentaires depuis janvier 2015) et les phtalates. Les perturbateurs endocriniens impactent à la fois la santé de l’homme mais aussi l’environnement. La réduction des perturbateurs endocriniens est identifiée par le gouvernement comme l’une des dix priorités dans le troisième plan national Santé Environnement 2015-2019.

Commune de Limoges

Nombre d'habitants :

136059
9 place Léon Betoulle
87031 Limoges cedex 1

Nadine Rivet

Adjointe chargée de la petite enfance et des accueils de loisirs

Nadine Vincent

Responsable du pôle enfance et loisirs

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