Quiberville-sur-Mer relocalise son camping à l’abri des inondations (76)
Impactée par la montée du niveau de la mer et les crues récurrentes de son fleuve côtier, Quiberville-sur-mer a déplacé son camping. Cette relocalisation s’inscrit dans le cadre d’une opération plus vaste, qui vise à réduire l’ensemble des risques naturels auxquels est exposé ce territoire.

© Camille Simon, Syndicat Mixte Littoral Normand
À l’instar d’autres communes du littoral français, Quiberville-sur-Mer est prise dans un étau. D’un côté, elle est bordée par un fleuve côtier, la Saâne, qui se jette dans la Manche. De l’autre côté se trouve la mer, dont le niveau est monté de 20 centimètres depuis un siècle, dont 10 centimètres ces trente dernières années. Un exutoire permet au fleuve de se déverser dans la Manche, au rythme de 7 m3 par seconde, mais le débit nécessaire en cas de très forte pluie est de 40 m3 seconde… Cette situation a engendré plusieurs inondations du village au cours des dernières décennies. Le dernier, en 2020, a exigé la démolition d’une maison et l’indemnisation de son propriétaire, au titre du fonds Barnier. « L’ensemble des élus a pris conscience de la nécessité de repositionner dans un lieu plus sûr le camping, qui jusqu’alors était installé en bord de mer, sur un terrain municipal exposé aux crues », témoigne le maire, Jean-François Bloc.
Un portage foncier indispensable
Si un tel projet est facile à imaginer, son exécution s’avère particulièrement complexe pour une petite commune dotée d’un budget annuel de fonctionnement de seulement 600 000 euros. « Il a d’abord fallu sélectionner et acquérir un terrain financièrement abordable et bien situé, poursuit le maire. Nous l’avons trouvé à 700 mètres de la plage, sur une surface de 6 hectares et pour une valeur de 400 000 euros hors taxes. Cette opération foncière a pu se faire grâce à l’intervention de l’Établissement public foncier de Normandie qui en a assuré le portage sur une durée de cinq ans. Il a également fallu modifier le plan local d’urbanisme, pour développer ce projet touristique en lieu et place d’activités agricoles. » Parallèlement, la commune a recherché les financements, lancé un concours d’architecte et effectué toutes les procédures administratives et les diagnostics nécessaires.
La problématique du financement
« Nous avons dû trouver une banque qui accepte de nous financer des lignes de trésorerie pour répondre aux besoins temporaires de liquidités, dus aux décalages entre les sorties d’argent et les entrées sous forme de subventions, notamment européennes, qui arrivent plus tard. Ce décalage oblige à payer des intérêts intercalaires. Nous avons obtenu un premier prêt à court terme sur deux ans à 0,40 % mais avec le Covid et la guerre en Ukraine, les prix ont flambé. Nous avons dû prendre un deuxième prêt, avec cette fois un taux à 4,24 % et redemander des rallonges aux institutions qui finançaient le projet. Ce manque de financements adaptés a entraîné un surcoût pour la commune de près de 150 000 euros. Sur des projets vertueux en faveur de la transition environnementale, il faudrait pouvoir obtenir des prêts à taux zéro », estime Jean-François Bloc. Le nouveau camping a ouvert en avril 2024, avec des prestations améliorées par rapport à son prédécesseur : piscine, salle de séminaire et hébergements insolites sont à la disposition des visiteurs.
Coordination du Conservatoire du littoral
La commune a bénéficié de l’aide en ingénierie de la région, des services de l’État, notamment sur l’élaboration d’un PLU. La communauté de communes l’assistée pour ce qui concerne le réseau routier d’accès au camping, et le syndicat départemental de l’énergie sur le réseau électrique. Le déplacement du camping fait partie du projet Basse Saâne 2050. Coordonné par le Conservatoire du littoral, ce projet vise à adapter le territoire au changement climatique, en prenant en compte le risque inondation et les usages sociaux économiques.
Une expérience inspirante
D’autres communes du littoral de la Manche, confrontées aux mêmes types de risques, pourraient s’inspirer de l’expérience de Quiberville-sur-Mer. « Criel-sur-Mer réfléchit à une reconnexion de la mer à la terre, Gouville est exposée à terme à une submersion qui menace des campings privé et public situés en bordure de dune. Des démarches pour leur relocalisation sont en cours », révèle le maire. Des résultats plus complets du projet Basse Saâne 2050 seront visibles à partir de 2026, quand l’ensemble des travaux de reconnexion de la terre à la mer s’achèveront. Pour Jean-François Bloc, la relocalisation du camping est une réussite, d’autant plus que l’artificialisation du nouveau site a été compensée par la renaturation de l’ancien.
Subventions et reste à charge de la commune
Le budget du déplacement du camping de Quiberville vers l’intérieur des terres s’est élevé à 9,3 millions d’euros. Les subventions de l’Union européenne ont représenté 69 % de ce budget, celles de la région Normandie 8 % et celles du département de la Seine-Maritime 8 % également. La commune, maître d’ouvrage du projet, prend en charge la partie restant à financer.
Commune de Quiberville
Nombre d'habitants :
Jean-François Bloc
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