A Saint-Dizier, l'archéologie cimente les habitants (52)

La ville de Saint-Dizier, en Haute-Marne, a beaucoup communiqué autour des fouilles récentes révélant l’importance de son passé mérovingien. Les habitants se sont passionnés pour cette histoire, jusqu’à y puiser l’identité locale qui leur manquait.

Avant ces dernières années, habiter Saint-Dizier, c’était vivre dans une ville qui n’avait guère de passé. En 2001 et 2002, des fouilles archéologiques préventives ont été menées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), sous la responsabilité du ministère de la Culture. Les archéologues y ont fait une découverte de première importance : trois tombes d’aristocrates francs datant du début du VIe siècle et la tombe d’un cheval sacrifié à la mort de son maître, selon une coutume datant d’avant le christianisme.

Comprendre son histoire avec la grande Histoire

Le député-maire de la ville de l’époque, François Cornut-Gentille, a eu cette intuition : "Au contact de l’archéologie, disait-il, les jeunes peuvent comprendre comment leur histoire personnelle et familiale vient de loin et se mêle à d’autres histoires. A notre époque où l’inculture produit une histoire fantasmée qui nourrit les tensions et les peurs, il est en effet extrêmement important d’ouvrir le questionnement pour y apporter des réponses rationnelles."

Succès exceptionnel

Succédant à François Cornut-Gentille touché par le non-cumul des mandats, Élisabeth Robert-Dehault a assuré le suivi de la popularisation des découvertes des chercheurs auprès des habitants.
"L’intuition était bonne, confirme-t-elle d’emblée. En 2007, nous avons monté ici une exposition d’intérêt national, 'Nos ancêtres les Barbares' qui a connu un succès exceptionnel, avec plus de 35.000 visiteurs, et pas seulement des amateurs d’histoire venus d’ailleurs ! La population de Saint-Dizier est venu en masse tout au long de l’année."

Nouvelles fouilles, nouveau projet pédagogique

Depuis 2011, sachant que, non loin de la première fouille, se trouvaient les restes d’une villa gallo-romaine, l’Inrap, à la demande de la ville, mène des campagnes de fouilles archéologiques programmées. Celles-ci ont permis de mettre au jour un important cimetière médiéval (VIe – XIIe siècles) ainsi que les fondations d’une église. Dans la foulée, en 2014, deux conventions entre l’Inrap, la ville, l’Éducation nationale et deux établissements scolaires ont été signées. Le collège Anne-Frank, classé en "zone sensible" a créé une classe de 6ème avec option "Archéologie" et le lycée Saint-Exupéry propose des Enseignements d’exploration en lien avec l’archéologie. L’Inrap a fourni les outils pédagogiques nécessaires. Les conventions renouvelées fin 2017, favorisent depuis des actions pédagogiques multiples, artistiques et culturelles dans toutes les écoles de la ville autour de son histoire, des visites des chantiers de fouilles, l’étude des sépultures et du mobilier funéraire dont on retrouve les traces, des fouilles pédagogiques reconstituées, etc.

"Trésor" au musée municipal

Une deuxième exposition d’intérêt national a été montée en 2016 autour de l’Austrasie, royaume des Francs de l’Est à l'époque mérovingienne, avec plus de 20.000 visiteurs. La mairie a considérablement enrichi les collections de son musée municipal d’histoire avec des objets issus des fouilles, dont des bijoux retrouvés dans les tombes qui constituent désormais le "Trésor de Saint-Dizier". C’est dans ce musée que débutent nombre d’animations pédagogiques. L’équipe municipale voudrait maintenant accentuer encore cette vocation archéologique du musée d’histoire locale. Elle projette aussi la création d’un festival d’archéologie, avec l’aide d’une association nouvellement créée, ArcheOlonna. La première édition de ce "Printemps de l’archéologie", se tiendra à Saint-Dizier du 27 au 31 mars 2019.

Passion pour les squelettes

Le responsable adjoint du musée, Stéphane Lahierre, constate que : "les habitants se sont appropriés le sujet et sont maintenant fiers de savoir que le site de Saint-Dizier a connu une occupation continue depuis la Préhistoire, qu’il a même été un lieu de pouvoir. Tout ce que l’Inrap découvre sur les squelettes exhumés les passionnent, parce que c’est leur histoire qu’ils découvrent et qu’elle est riche !"

Fierté nouvelle "d’être de Saint-Dizier"

L’édile est également convaincue que ces découvertes ont redonné aux Bragardes et Bragards (c’est ainsi que l’on nomme les habitants de Saint-Dizier) un sentiment d’appartenance, une nouvelle fierté d’être d’ici, quelle que soit leur origine. Elle ne regrette donc pas tous les efforts consentis par la commune. Le montage d’expositions d’intérêt national, les fouilles programmées et les classes archéologie représentent, en effet un budget conséquent. (Montage d’une exposition environ 400.000 euros, une classe Archéologie, environ 2.000 €). La ville est récompensée par l’appropriation de ce beau patrimoine par les habitants, la reconnaissance d’un travail exemplaire et le rayonnement acquis par Saint-Dizier sur le thème de l’archéologie.

Commune de Saint-Dizier

Nombre d'habitants :

23085
1 place Aristide Briand
52 100 Saint-Dizier

Élisabeth Robert-Dehault

Maire

Musée municipal de Saint-Dizier

17 rue Victoire
52100 Saint-Dizier

Stéphane Lahierre

Responsable adjoint

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