Saint-Privat-du-Dragon : une épicerie municipale, lieu de rencontre des habitants (43)

À Saint-Privat-du-Dragon, un vent de fraîcheur souffle depuis 2020, avec la création de l'Épicerie du Dragon, une initiative audacieuse portée par la mairie. Ce projet, qui a évolué d'un simple dépôt de pain à une véritable épicerie associative, répond à un besoin criant dans un village dépourvu de commerces depuis 45 ans. L'histoire débute modestement, lors de la pandémie de Covid, avec la mise en place par le conseil municipal d'un dépôt de pain les mardis après-midi. « Au début, c'était pour un service de dépôt de pain et de journaux. C'était tenu par l’employée communale  », explique Amandine Deberle, conseillère municipale et trésorière de l’association. Les habitants, notamment les plus âgés, sollicitent alors de l'aide pour leurs courses, leurs journaux et leurs médicaments.

Face à cette demande croissante, et avec l'aide ponctuelle d'Amandine Deberle, le dépôt évolue. En septembre 2020, le déménagement de la cantine scolaire dans le local du dépôt de pain ouvre de nouvelles perspectives. Travaillant déjà avec des producteurs locaux pour la cantine, Amandine Deberle propose à ces derniers de vendre leurs produits l'après-midi à Saint-Privat. L’épicerie choisit de simplement offrir ce service, sans prendre de marge. Le succès est au rendez-vous, mais cette formule bute rapidement sur des contraintes administratives et financières. 

Changement d’échelle

Les volumes des ventes dépassent les seuils autorisés pour un simple dépôt. « Nous devions trouver des solutions. Parce que nous n’étions pas un commerce, nous n’étions pas habilités à faire transiter de telles sommes d’argent. Nous avons essayé plusieurs solutions, comme faire une régie municipale », se souvient Amandine Deberle. La solution émerge finalement en 2022, avec la création d'une épicerie associative. Ce changement de statut permet alors de gérer les fonds plus sereinement. L'association bénéficie ainsi du soutien de Bouge ton Coq, un réseau qui accompagne le développement d'épiceries associatives, fournissant notamment un logiciel de gestion et une subvention. « La subvention nous a bien aidés. On a pu acheter du matériel, notamment des rayons, et un ordinateur », ajoute Amandine Deberle.

Aujourd'hui, l'Épicerie du Dragon fonctionne grâce à quatre bénévoles et compte 75 adhérents. Ouverte deux jours par semaine (le mardi après-midi et le dimanche matin), elle propose des produits locaux à prix coûtant. Son modèle économique repose sur les adhésions (4 euros minimum), les subventions (de la mairie, de la communauté de communes, etc.) et les revenus générés par les petits-déjeuners du dimanche et les repas mensuels. « On travaille sans bénéfices. On vit de subventions, de dons et des adhésions », résume Amandine Deberle.

Revenu complémentaire

Parmi les producteurs locaux qui collaborent avec l'épicerie, figure Michèle Pascal, agricultrice installée au Chambon, sur la commune de Cerzat. Avec ses deux fils, elle produit et transforme du lait (yaourts, fromages) et élève des ovins. Elle livre l'épicerie depuis ses débuts. « Pour nous, ce n’est pas un gros client mais ce n’est pas négligeable. Ce n'est pas loin, c'est vraiment du circuit court. Et nous avons un très bon contact avec les personnes qui s'occupent de l’épicerie », témoigne l’agricultrice. Bien que le chiffre d'affaires généré par cette collaboration reste modeste (environ 150 à 200 euros par mois), Michèle Pascal souligne l'importance de ces petits points de vente qui, mis bout à bout, constituent un revenu complémentaire. « S'il n'y avait pas cette épicerie, ce serait difficile de toucher cette clientèle », reconnaît-elle. Michèle Pascal livre également la cantine scolaire de Saint-Privat, optimisant ainsi ses déplacements. Et elle constate un impact positif sur la vie sociale du village.

L'Épicerie du Dragon remplit bien plus qu'une simple fonction commerciale. C’est devenu un véritable lieu de rencontre et d'animation pour les habitants. Le mardi soir, en plus des ventes, un goûter est offert, créant un moment convivial où les villageois se retrouvent et font connaissance. Si l'avenir s'annonce prometteur, le défi du bénévolat reste crucial pour envisager une extension des horaires, voire la création d'un emploi.