Factures d'énergie : plus d'un million d'interventions pour impayés en 2023, selon le médiateur

Le cap du million d'interventions pour impayés de factures d'énergie, dont plus du quart ont donné lieu à des coupures, a été franchi en France en 2023, a indiqué ce 26 avril le médiateur national de l'énergie.

Les ménages peinent de plus en plus à payer leurs factures d'énergie, comme le montre le médiateur national de l'énergie qui a rendu public ce 26 avril le nombre d'interventions pour impayés (limitations de puissance en électricité et coupures d'électricité ou de gaz naturel) réalisées en 2023. Pour la première fois depuis que cette autorité publique indépendante les recense, en 2015, le cap du million d'interventions a été franchi l'an dernier, soit une hausse de 3% par rapport à 2022, et même de 49% par rapport à 2019. 

De plus en plus, les fournisseurs recourent à des limitations de puissance électrique plutôt qu'à des coupures fermes, du fait d'un changement de pratiques de certains d'entre eux mais aussi de réglementation, constate-t-il. Depuis février 2023, en dehors de la trêve hivernale (du 1er novembre au 31 mars) et en cas d'impayés, les fournisseurs ont l'obligation de demander, pour les bénéficiaires du chèque énergie ou d'une aide du fonds de solidarité pour le logement, une limitation de la puissance en électricité préalablement à la coupure ou à la résiliation. Pour autant les quelque 1.000.908 interventions menées l'an dernier ont encore donné lieu à 178.000 coupures d'électricité et à près de 87.300 coupures de gaz, relève le médiateur, Olivier Challan Belval, qui a pour mission de proposer des solutions amiables aux litiges avec les entreprises du secteur et d'informer les consommateurs d'énergie sur leurs droits. 

Demande d'"accès minimal à l'électricité"

Dans son communiqué, il demande "de nouveau un accès minimal à l'électricité", qui consiste à "interdire les coupures d'électricité pour impayés, pour tous, toute l'année, et à les remplacer par une limitation de la puissance du compteur d'électricité".

"Ces chiffres dramatiques tombent malheureusement sans surprise", a réagi dans un communiqué la fondation Abbé-Pierre, soulignant qu'avec l'augmentation des prix de l'énergie, le nombre de ménages ayant eu des difficultés à payer leurs factures avait bondi de 18 à 31% entre 2020 et 2023, selon des chiffres du médiateur. Elle rappelle que la privation d'électricité et de chaleur a des effets très concrets sur la vie et la santé des ménages : problèmes respiratoires, ostéoarticulaires, neurologiques ou dépression, risques d'incendies par l'utilisation de bougies, de lampes ou de chauffage à pétrole, exclusion sociale avec des effets dramatiques sur la santé mentale, l'estime de soi, la vie familiale et professionnelle, l'éducation. La fondation réclame aussi une modification de la loi pour interdire les coupures, en attendant la rénovation des passoires énergétiques, et la mise en place d'un accès minimum à l'électricité fixé à 1.000 watts (1kVa), une puissance permettant de subvenir aux besoins élémentaires (faire fonctionner une ampoule, recharger son téléphone et son ordinateur, conserver ses aliments et ses médicaments au réfrigérateur). Elle propose également de revaloriser le montant du chèque énergie et d'élargir ses conditions d'éligibilité pour qu'il puisse bénéficier aux 30% des ménages plus modestes.

 

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