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Favorisé par le plan de relance, l'investissement local devrait rebondir dès cette année

La Banque postale et la Fédération nationale des travaux publics ont interrogé à partir du début de l’année les collectivités et les intercommunalités sur leurs intentions en matière d'investissement. Il ressort que les deux tiers d'entre elles souhaitent augmenter en 2021 leurs dépenses dans ce domaine. Près de 60% des répondants ont recours aux aides mises en place dans le cadre du plan de relance. De nombreuses incertitudes demeurent cependant.

Du fait notamment de la crise sanitaire et de l'installation des nouvelles équipes municipales, l'investissement des collectivités locales a reculé de 7,5% l'an dernier. Sur les seules dépenses d'équipement, la baisse a atteint 13% par rapport à 2019. En matière de travaux publics, les investissements du secteur public local ont été réduits de 11,6% pour s'établir à 23 milliards d'euros.
Mais la reprise devrait intervenir dès 2021, selon les résultats d'une enquête que la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et la direction des études de la Banque postale ont présentés à la presse ce 7 juillet.
Sur les 289 collectivités et établissements publics de toutes tailles ayant répondu au questionnaire à partir du début de 2021, les deux tiers ont indiqué vouloir augmenter leurs dépenses d’investissement cette année. Sur les 13 départements et régions répondants, un peu plus des deux tiers affirment qu'ils vont accroître leurs efforts en matière d'investissement. La proportion est quasiment identique parmi les 247 communes ayant participé à l'enquête. En revanche, elle est moindre (59%) parmi les 29 intercommunalités à fiscalité propre interrogées.

Des projets décalés

Plus de la moitié (54%) des répondants déclarent que la crise "n’a pas eu d’impact sur leurs projets prioritaires" et 40% qu’ils "ont été décalés". Les 6% restants concernent une réduction des projets, mais "aucun ou presque n’ont été annulés".
Interrogées sur leurs priorités en matière de "cohésion des territoires", toutes les collectivités placent en tête la voirie et les réseaux numériques en deuxième ou troisième place. En matière de "transition écologique", l'aménagement urbain et le traitement des déchets sont les priorités les plus souvent citées, respectivement par les communes et les intercommunalités. Du côté des régions et départements, les pistes cyclables sont sur la première marche du podium.
L'intention des collectivités de donner un coup d'accélérateur en matière d'investissement est nette partout : dans toutes les régions, au moins 50% des répondants affirment qu'ils vont suivre cette option. Les chiffres de l'investissement des collectivités et ses perspectives dans chaque région sont détaillés dans douze portraits régionaux réalisés par la Banque postale.

Aides du plan de relance

Si l'on s'en tient aux seules dépenses d'investissement en matière de travaux publics, la tendance à la hausse est un peu moins marquée : 53% des répondants affirment vouloir les augmenter. Ce sont les départements et régions et les communes de 30.000 à 100.000 habitants qui déclarent dans les proportions les plus importantes vouloir accroître ces dépenses-là.
Les aides du plan de relance encouragent très probablement les collectivités à investir : 59% des collectivités interrogées y ont recours. Les communes de 10.000 à 100.000 habitants sont les plus nombreuses à saisir cette opportunité (plus de 80%).
Autre enseignement de l'enquête : encore peu développés aujourd'hui, les prêts verts font l'objet d'une "véritable appétence" de la part des collectivités. 30% des répondants affirment vouloir souscrire ce type de prêts affectés à des projets écologiques, sur lesquels les emprunteurs s'engagent à communiquer.
Ces résultats sont en phase avec le discours des "élus de terrain", estime le président de la FNTP, Bruno Cavagné. Ces élus "sont plutôt volontaristes : ils ont envie d'investir". "Je suis plutôt optimiste sur le moyen terme", conclut-il.

"Stabilisation" de l'investissement local en 2022

"S'il se concrétise, le rebond de l'investissement en 2021 ne sera pas classique", fait remarquer Luc Alain Vervisch, directeur des études de la Banque postale. En effet, la deuxième année du mandat municipal voit traditionnellement l'investissement public local continuer de décroître. Mais la prudence est de mise en cette deuxième année de crise liée à l'épidémie de Covid-19. Sur le premier semestre, la demande de financement des collectivités auprès de la Banque postale "est beaucoup plus faible qu'en 2020", signale Serge Bayard, directeur des entreprises et du développement des territoires de l'établissement bancaire. Qui pointe aussi les difficultés que les entreprises rencontrent pour s'approvisionner en matières premières ou se fournir en certains matériels. D'autres facteurs renforcent l'incertitude, selon lui : le risque d'un regain de l'épidémie et celui d'un "choc social" qui amènerait les départements à augmenter massivement leurs aides sociales.
Interrogées sur les décisions qu'elles prendront l'an prochain en matière d'investissement, les collectivités sont moins nombreuses à répondre qu'elles augmenteront leurs dépenses. Ce qui fait dire à la Banque postale que 2022 devrait être "une année de stabilisation de l'investissement local". Mais, parmi les répondants, une part importante déclarent ne pas encore savoir ce qu'ils feront.