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Transports collectifs - Financement des bus propres : opérateurs et collectivités passent la seconde

Un groupe de travail se met en place entre Régions de France et la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) pour moderniser et consolider les relations entre les transporteurs prêts à innover et des collectivités soucieuses de sortir leur flotte du diesel.

Sur les 100.000 bus et autocars immatriculés en France, 95% roulent au gazole. Sortir du diesel prendra du temps. "Mais pour accompagner les autorités organisatrices dans cette transition énergétique de leurs flottes, les opérateurs de transports urbains et interurbains ont un rôle clé à jouer", a motivé Christophe Boissier, directeur adjoint France de Transdev, lors d'un colloque organisé le 22 mai par le magazine Bus&Car avec l'Ademe, le cabinet de conseil Carbone 4, des associations d'élus, des transporteurs et la Caisse des Dépôts.
Pour convertir sa flotte au gaz ou à l'électrique, accélérer la politique de renouvellement reste un enjeu sensible, au vu des investissements que cela représente. Régions de France défend l'idée d'innover dans le domaine avec plus d'achats groupés entre autorités organisatrices. Une piste à explorer même si elle ne résoudra pas d'un coup de baguette magique l'équation financière. "Le sujet est assurément complexe : il faut agir mais sans se précipiter et dans une approche globale et cohérente", conseille prudemment Gautier Chatelus, directeur adjoint en charge du département Infrastructure et transport à la Caisse des Dépôts.
L'achat des matériels, le surcoût des filières alternatives, la nécessité de raisonner en coût global, ne sont pas les seuls obstacles ou enjeux. Autre urgence : adapter à l'électrique ou au gaz les centres de bus. À Paris et en petite couronne par exemple, certains ont plus de cent ans ! On connaît les efforts de la RATP pour adapter cet outil industriel façonné pour le gazole (voir notre article sur le projet Bus 2025 dans l'édition du 27 juillet 2017). "Nous accompagnons pour notre part Île-de-France Mobilités (ex-Stif) pour équiper de stations de compression des dépôts en grande couronne", ajoute Christophe Boissier.
Même si les retours d'expérience de réseaux qui se sont convertis commencent à affluer, un certain nombre d'incertitudes perdurent, se sont accordés à dire plusieurs intervenants. S'il revient à la collectivité de déployer une stratégie d'investissement à court et à moyen termes, mieux vaut y associer les transporteurs. Transdev fait valoir son retour d'expérience d'exploitant du plus gros parc européen de bus électriques à Amsterdam et Eindhoven. "Pour avancer nous avons besoin d'un calendrier réaliste et acceptable de la part des pouvoirs publics et d'une offre constructeur crédible", demande Jean-Sébastien Barrault, président de la FNTV. Fustigeant la floraison dans le secteur de marchés à bons de commande ou sans minimum d'engagement de la part des collectivités, il estime qu'il faut revoir le système de contractualisation. Et planche via un groupe de travail avec Régions de France sur la modernisation et la consolidation de ces contrats passés entre transporteurs et autorités organisatrices.