Foyers de jeunes travailleurs : le CGEDD appelle à rénover et à développer l'offre

Si le nombre de jeunes accueillis reste modeste, les foyers de jeunes travailleurs (FJT) sont "un acteur déterminant du logement" et "un opérateur à l’articulation des politiques publiques de la jeunesse, de la cohésion sociale, de l’emploi et de la formation", selon le Conseil général de l’environnement et du développement durable. Ce dernier invite donc, dans un récent rapport, à conforter ce modèle par des mesures facilitant la rénovation de l’existant et le développement de l’offre. Il indique aussi des voies d’amélioration qui passeraient par davantage de liens entre les FJT et l’ensemble des acteurs du logement et de l’hébergement des jeunes vulnérables. 

"L’offre FJT est une 'brique' qui crée une réelle valeur ajoutée au bénéfice des jeunes." Telle est la conclusion du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), chargé par l'ex ministre du Logement d’évaluer les foyers de jeunes travailleurs (FJT) et d’identifier pour ces derniers des pistes d’évolution. Dans un rapport publié le 29 avril 2022, le CGEDD estime qu’"en dépit de son volume modeste" (quelque 650 foyers en France, une capacité d’environ 50.000 places dont 80% relèveraient du réseau Unhaj) et d’une "offre inégalement répartie dans le territoire", le dispositif "tient sa promesse d’un accompagnement multidimensionnel, garant et fruit d’un travail partenarial". Ce type d’accompagnement ferait des FJT "un acteur déterminant du logement qui leur est dédié et simultanément un opérateur à l’articulation des politiques publiques de la jeunesse, de la cohésion sociale, de l’emploi et de la formation".

"C’est cependant en raison de cet ensemble de politiques publiques qui le concerne que le FJT, s’il est bien défini au plan administratif, reste difficile à cerner", ajoute le CGEDD qui relève "une difficulté de communication à son sujet". Étant un établissement et service social ou médico-social, le FJT relève du code de l’action sociale et familiale (CASF) selon lequel il accueille des "jeunes en activité ou en voie d'insertion sociale et professionnelle âgés de 16 à 25 ans [et âgés au maximum de 30 ans, ndlr], notamment à l’issue d’une prise en charge par le service de l’aide sociale à l’enfance". Les FJT sont également des résidences sociales, et donc régies par le code de la construction et de l’habitation. Depuis 2015, "les FJT sont autorisés par le préfet de département, dans le cadre d’une procédure d’appel à projets", rappelle le CGEDD.  L’organisme gestionnaire du foyer – souvent une association – doit être agréé et établir un projet social qui est "annexé à la convention APL Foyer".

En lien avec ses partenaires, le FJT "peut encore augmenter sa valeur ajoutée"

Le CGEDD formule plusieurs propositions pour favoriser la rénovation des FJT existants et développer l’offre "en levant certains freins à sa production" et en agissant sur les modalités de gestion. Il recommande notamment de remplacer l’appel à projets par "un dispositif d’AMI (appel à manifestation d’intérêt) calé sur le rythme de la programmation triennale, pour permettre aux acteurs de gérer le temps et la complexité du montage des projets et à l’État d’introduire à l’amont les éléments de cadrage assurant la cohérence avec les besoins et les possibilités de financement".  

D’autres préconisations ont vocation à "(re)projeter" le FJT "dans un ensemble de politiques publiques (logement, emploi, insertion, pauvreté) qui concernent la jeunesse, qui sont actuellement en pleine évolution, et où avec sa singularité, elle peut encore augmenter sa valeur ajoutée". Cela passerait notamment par la mise en place dans les territoires "d’un groupe d’animation des expertises sur le logement et l’hébergement des jeunes vulnérables associant l’ensemble des acteurs et des réseaux spécialisés (UNHAJ, UNAFO, UNCLLAJ, USH, CAF en articulation avec le déploiement du SPIE [service public de l’insertion et de l’emploi])". Autre suggestion : inciter les associations gestionnaires de FJT à élaborer des "offres plurielles", intégrant "une proposition sur le parcours du jeune avant ou après son temps de présence en tant que résident, ou d’autres formes de services". 

Le CGEDD se dit également favorable au renouvellement de l’accord-cadre "associant l’État aux développeurs de l’outil FJT (Unhaj, Unafo, Uncllaj, USH, CAF) ainsi que ses financeurs ou porteurs des besoins des jeunes (Action Logement, Caisse des Dépôts, organes représentatifs des collectivités locales)", ce qui était notamment une demande de l’Unhaj. Il appelle enfin l’État à considérer "la pertinence" de mieux communiquer sur les FJT, de valoriser "leur service rendu en faveur de l’accès des jeunes à l’emploi, surtout pour les plus vulnérables d’entre eux" et de les renommer en conséquence "résidences jeunes travailleurs".