France Stratégie analyse les effets durables de la crise de 2008 sur l’emploi dans les territoires

Dans une récente note d’analyse, France Stratégie s’interroge sur l’intensité du "rebond" dans les zones où les pertes d’emplois ont été les plus massives à l’occasion de la crise financière de 2008-2009 qui aura laissé "une marque indélébile sur les économies mondiales".

La crise de 2008-2009 a laissé des traces sur le front de l’emploi. Et même si le choc a été réparti de manière hétérogène sur le territoire national, les effets sur le long terme sont bien là. France Stratégie a donc choisi de s’intéresser à la dynamique de l’emploi local dans l’Hexagone pour faire le constat, dans un premier temps, que les territoires n’ont pas tous été logés à la même enseigne. "Alors que le décrochage initial de l’emploi salarié était en moyenne de 2,7% en 2009, il est de 4,3% en 2019", soumis à un effet multiplicateur de l’ordre de 1,6 qui signifie que la perte d’un emploi pendant la crise financière se traduit en 1,6 emploi de moins en 2019 ! Un schéma qui illustre les séquelles durables de la crise en matière de destruction d’emplois.

La crise a largement freiné l’essor des zones les plus dynamiques

L’autre phénomène observable concerne l’amplification au fil des années de l’écart de l’emploi entre les zones les plus touchées et celles qui l’ont moins été : le symptôme "d’un décrochage de l’emploi non industriel", selon France Stratégie qui relève en creux que "le choc négatif d’emploi" a davantage d’impact dans les zones qui étaient dynamiques avant la crise plutôt que dans celles qui étaient déjà considérées "en perte de vitesse". Au bout du compte, 54% des zones les plus touchées par la crise conservent en 2019 un emploi encore "significativement inférieur à ce qu’il aurait été sans les destructions d’emplois des années 2008-2009". Certains territoires ayant pu connaître des baisses de l’ordre de 10% et plus. Mais lorsque l’on resserre la focale, les zones "dynamiques" d’avant la crise ne sont pas épargnées : elles sont 33% à avoir absorbé le choc contre 50% des zones dites "en perte de vitesse". En somme, la crise a largement freiné l’essor des zones les plus dynamiques.

Des baisses d’emploi réparties de manière inégale

France Stratégie rappelle qu’entre 2007 et 2009, près de 400.000 emplois salariés ont été perdus en France métropolitaine, soit 1,7% de l’emploi salarié en 2007, tandis que le rebond enregistré en 2020 a pu atteindre jusqu’à 700.000 emplois supplémentaires sur dix ans. Mais "si l’emploi salarié est aujourd’hui supérieur à son niveau de 2007 dans l’Hexagone, ce n’est pas le cas à l’échelle de chaque zone d’emploi". Car si les baisses d’emploi ont été réparties de manière inégale en 2008-2009, les créations qui ont suivi ont emprunté le même chemin, à savoir "qu’elles n’ont pas eu lieu là où les pertes avaient été les plus sévères". Soit globalement dans les Hauts-de-France, la Normandie, le Grand Est, Centre Val-de-Loire ou encore Bourgogne-Franche-Comté. Le Sud et l’Ouest ayant été dans le même temps relativement épargnés.

Dans ces conditions, quelles leçons en tirer en termes de politiques publiques, s’interroge France Stratégie ? En premier lieu, aucune zone d’emploi n’est à l’abri d’une rupture de tendance et les zones les plus dynamiques ne sont pas moins sensibles aux variations macroéconomiques que les autres. En second lieu, les interventions publiques en faveur des territoires en crise ne peuvent se concentrer uniquement sur l’industrie : car les pertes d’emplois du secteur non-industriel "peuvent avoir lieu à bas bruit", a fortiori dans les PME et TPE des tissus locaux.