France urbaine veut faire une place aux bibliothèques dans les nouveaux contrats de ville

À l'occasion du Comité interministériel des villes, France urbaine et quatre associations ont interpelé l'État pour que les lieux de lecture publique aient leur place dans les nouveaux contrats de ville 2024-2030.

Consolider la place des lieux de lecture publique dans les nouveaux contrats de ville et reconnaître un peu plus les bibliothèques et médiathèques en tant qu'équipements culturels et lieux de proximité, telle est l'ambition qu'ont affichée le 27 octobre  France urbaine et plusieurs associations* à l'occasion de la tenue du comité interministériel des villes (voir notre article du 27 octobre sur ce CIV).

Pour appuyer cette demande, France urbaine et ses quatre partenaires rappellent que "l'implantation territoriale des bibliothèques et médiathèques révèle souvent une proximité avec les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville [QPV]". Ainsi, 768 bibliothèques se trouvent à proximité d'un des 1.500 QPV, et un habitant de ces quartiers sur deux se trouve à moins de 500 mètres d'un équipement de lecture publique. Par ailleurs, les bibliothèques ont "démontré toute leur agilité pour répondre aux rôles qui leur échoient, en partie dans les QPV où elles symbolisent un espace d'ouverture, d'émancipation et de connaissance".

En conséquence, France urbaine et les quatre associations demandent à l'État de donner davantage de latitude aux collectivités et aux bibliothèques, en renforçant ou en reconduisant certains dispositifs, et en associant des lignes budgétaires à la hauteur des besoins. Parmi leurs propositions, trois ressortent particulièrement.

Augmenter les financements

La première vise "à augmenter de manière significative les enveloppes dédiées à la lecture publique et à son action culturelle dans les contrats de ville" mais également à renforcer les financements associés aux bibliothèques et médiathèques, en particulier à travers la dotation générale de décentralisation (DGD), laquelle "démontre son efficacité par un décaissement quasiment complet des crédits afférents".

La deuxième proposition demande de "prolonger les financements associés aux CTL ["contrats territoires lecture" qui permettent, dans les QPV, de créer des réseaux entre collectivités et avec l'État autour de projets de développement de la lecture, ndlr] qui arriveraient à échéance, tout en favorisant la signature de contrats dans les territoires qui n'en seraient pas encore dotés". Les signataires ajoutent que "parmi les objectifs des CTL, les actions des professionnels dans les territoires pourraient bénéficier de financements connexes (ANCT, cités éducatives…), ce afin de favoriser l'échange et la production des bibliothécaires avec les professionnels des services jeunesse, sociaux, éducatifs".

La troisième proposition phare entend "faire coïncider davantage les fonds tels que ceux de l'Anru [Agence nationale pour la rénovation urbaine] pour rénover les bibliothèques et médiathèques en tant que lieu d'insertion sociale et de sociabilité". En complément, "des travaux avec les agences d'urbanisme pourront également permettre de repenser la bibliothèque dans son quartier, avec une connexion de l'équipement avec son environnement".

Étendre les horaires d'ouverture

Parmi les autres propositions, on note la volonté de faire entrer davantage les animateurs, travailleurs sociaux dans les bibliothèques, mais aussi d'ouvrir celles-ci à différentes disciplines culturelles pour  permettre un élargissement et une diversité des publics, de poursuivre la sécurisation des bibliothèques ou encore d'offrir la possibilité pour les bibliothèques d'être "tremplin" pour l'installation et le déploiement du Pass culture.

La question des bibliothèques était déjà dans la ligne de mire du Comité interministériel des villes. Au chapitre "culture" de son dossier de presse, une mesure consiste à "étendre les horaires d'ouverture des bibliothèques dans les quartiers par un abondement exceptionnel de la dotation globale de décentralisation pour 500 collectivités et neuf heures d'ouverture supplémentaire par semaine en moyenne". Une proposition qui fait écho à la position de la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, qui en septembre dernier s'était prononcée en faveur de l'extension des horaires d'ouverture des bibliothèques, notamment  pour attirer les jeunes (lire notre article du 6 septembre 2023).

Pour rappel, les acteurs locaux ont jusqu'au 31 mars 2024 pour conclure leur contrat de ville 2024-2030, tandis que les contours des nouveaux quartiers prioritaires devraient être dévoilés à la toute fin de l'année.  

* Association des directeurs des affaires culturelles des grandes villes et métropoles de France (ADAC-GVF), Association des directrices et directeurs des bibliothèques municipales et groupements intercommunaux des villes de France (ADBGV), Association des bibliothécaires de France (ABF) et l'Association des conservateurs territoriaux de bibliothèques (ACTB).