Entreprises - François Fillon presse les CCI de boucler leur réforme
Réunies pour leurs états généraux le 9 décembre à Paris, les chambres de commerce et d'industrie ont exposé le futur schéma de leur régionalisation. Elles se sont positionnées pour prendre la tête du "guichet unique" de l'information à la création d'entreprise.
Les chambres de commerce et d'industrie (CCI) doivent accélérer leur réforme. C'est le message qu'a fait passer François Fillon lors des états généraux des CCI, organisés le 9 décembre 2008 à Paris. La réforme est engagée depuis plusieurs mois. Elle doit amener les CCI à une nouvelle carte consulaire. Actuellement, l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie (ACFCI), qui a déjà clairsemé ses rangs, compte 148 CCI, la réforme doit les ramener à 125 d'ici à 2010. Cette rationalisation est souhaitée par le gouvernement dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Objectifs : améliorer l'efficacité des chambres de commerce, les rapprocher des entreprises et surtout réaliser des économies. La nouvelle organisation reposera sur les 22 chambres régionales, qui verront leur pouvoir renforcé. Ces chambres régionales chapeauteront les chambres départementales, prendront les décisions les plus importantes et centraliseront l'argent versé par les entreprises à travers la taxe professionnelle. Un budget qu'elles répartiraient ensuite entre les chambres territoriales qui leur seront rattachées. "Une réforme interne et ambitieuse pour faire mieux et moins cher, qui doit permettre de combiner proximité territoriale et renforcement de l'échelon régional, a expliqué lors des Etats généraux Jean-François Bernardin, président de l'ACFCI, car le niveau régional a trop longtemps été notre maillon faible." Trois mois de réunions à travers toute la France, entre mai et octobre 2008, ont permis aux CCI de débattre sur les services que les CCI doivent offrir aux entreprises à l'horizon 2020. A l'issue de ce tour régional, cinq engagements ont été pris par les CCI, a rappelé Jean-François Bernardin : 'continuer à réduire notre pression fiscale de 10% en cinq ans, faire bénéficier à tous du même bouquet de services, quelque soit le lieu ou le territoire concerné, doubler le nombre d'exportateurs réguliers, qui passerait ainsi de 50.000 à 100.000, mettre l'accent sur la formation, notamment celle des jeunes, et être le futur guichet unique d'informations pour la création d'entreprises, en accueillant 500.000 porteurs de projets par an, contre 350.000 actuellement."
Un projet de loi courant 2009
Sur la question du guichet unique, François Fillon a donné sa vision. "Les guichets uniques doivent être des points d'informations physiques sur l'ensemble du territoire mais les démarches doivent aussi être possibles à distance", a-t-il précisé, annonçant le souhait du gouvernement de voir émerger un site internet unique pour la création d'entreprise, géré de manière partenariale. Christine Lagarde, ministre de l'Economie, et Hervé Novelli, secrétaire d'Etat chargé du commerce, doivent travailler sur ce dossier. Reste à savoir qui prendra les rênes d'un tel outil. Les CCI souhaiteraient occuper le devant de la scène mais François Fillon ne leur a donné aucune garantie pour le moment. Quoi qu'il en soit, les CCI doivent maintenant préciser leurs orientations stratégiques pour 2020 et fixer le calendrier des réformes. Et elles vont devoir passer aux actes plus vite que prévu. "Il faut accélérer les réflexions car les attentes et les regards sont tournés vers vous ; la réforme, rapprochement des CCI et fiscalité, doit porter ses fruits dès 2009", a insisté le Premier ministre, qui demande à ce que les réflexions soient terminées dans les prochains mois en vue d'un projet de loi voté courant 2009. De son côté, Jean-François Bernardin ne veut pas précipiter les choses. "Nous avons conscience qu'il faut aller vite mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation", a-t-il souligné, craignant peut-être des difficultés dans la mise en place de la réforme. Des manifestations ont déjà été organisées dans certaines régions pour protester contre le projet de réforme. Les états généraux ont aussi été l'occasion pour le président de l'ACFCI de demander au gouvernement de ne pas "briser cet élan" à travers la loi de finances rectificative 2009, en anticipant à l'excès les économies futures réalisées par les CCI. "Nous avons entamé une réforme difficile et courageuse, si on nous coupe les ailes au détour de la loi de finances, nous ne comprendrions pas", a ainsi expliqué Jean-François Bernardin. Une revendication prise en compte par le Premier ministre. "Nous avons entendu vos craintes", a-t-il assuré.
Emilie Zapalski
Quelle est l'image des CCI ?
L'image des chambres de commerce et d'industrie (CCI) auprès des chefs d'entreprise est globalement bonne. 70% d'entre eux ont une bonne opinion, dont 9% une très bonne. C'est l'une des conclusions d'un sondage d'Opinionway, réalisé en novembre 2008, à l'occasion des états généraux des CCI. C'est auprès des chefs d'entreprises de plus de 50 salariés que l'image des CCI est la meilleure (85% de bonnes opinions). Elle est légèrement moins favorable auprès des patrons des petites PME. L'image qu'ont les CCI auprès du grand public est encore meilleure, avec 79% de bonnes opinions. Les CCI sont particulièrement reconnues pour leur ancrage territorial : 88% des chefs d'entreprise et 83% des Français les jugent bien ancrées dans leurs territoires.