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SIG - GeoBretagne, une plateforme géographique ouverte et mutualisée

"Les cartes et données géographiques de référence ne sont plus stockées sur le serveur de la mairie ou du conseil général, mais sur une base mutualisée, extérieure, facilement accessible et de plus, réutilisables par des centaines d'acteurs publics et privés. Cela signifie moins de données à acheter, à gérer et à stocker, moins de mises à jour à effectuer, un partage de plus en plus réparti entre tous et à terme un nombre élevé d'utilisateurs" : ce schéma d'organisation innovant présenté par Lydie Vinsonneau, responsable SIG à la région Bretagne, est opérationnel depuis la fin de l'année 2010 grâce à la plateforme sur internet GéoBretagne. Lancée en 2007 après son inscription au contrat de plan Etat-région,  cette infrastructure de données spatiales (IDS) est co-pilotée par la préfecture de région et par la région Bretagne et administrée par la Dreal (direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement). Elle fédère près de 90 partenaires - groupements de communes, agglomérations, Sdis, administrations déconcentrées de l'Etat, conseils généraux - et dispose d'une dotation de trois millions d'euros jusqu'à 2013.
GéoBretagne se compose d'un référentiel commun comprenant les bases de données géographiques de l'IGN acquises en licence étendue (BDCarto et Scan 25), le plan cadastral informatisé, une orthophotographie aérienne et un modèle numérique de terrain en cours de réalisation. Par ailleurs, elle propose une cartothèque, un visualiseur, un catalogue interactif des jeux de données disponible et un espace éditorial traitant de l'actualité régionale nationale et européenne du domaine. Dès la page d'accueil un avertissement donne l'esprit de la démarche, en indiquant que les données sur le site sont, "par défaut", librement réutilisables "sauf mention contraire".

"Avant les contacts entre professionnels étaient rares"

Pour les partenaires, l'adhésion est gratuite mais suppose l'acceptation de plusieurs principes présentés dans une charte : mutualisation et partage qui impliquent une mise à disposition de données et d'éventuels cofinancements sur des opérations lourdes ; adoption d'un langage commun destiné assurer l'interopérabiité des échanges comme par exemple pour les travaux de normalisation sur la numérisation des documents d'urbanisme ; application du principe de subsidiarité pour éviter les doublons. Pour renforcer la cohérence et la qualité des données, GéoBretagne s'appuie sur six groupes de travail chargés de définir des projets et de coordonner l'action sur des dossiers tels que l'urbanisme, l'architecture ou la "mer et le littoral". "Avant, les contacts entre professionnels étaient rares, constate François Vigouroux, responsable du SIG de Brest Métropole Océane. Maintenant, les occasions de rencontres, les réunions de travail en visioconférences ont modifié profondément les échanges, la communication. Résultat : beaucoup de partenaires publient sur le site et permettent que toutes les données soient référencées sur la plateforme."

Un éco système open source

Les partenaires ont fait le choix du tout "open source" en développant l'application geOrchestra sur laquelle GéoBretagne est déployée. Cette solution clé en mains de partage des données localisées sur intranet et internet est basée sur une suite de modules indépendants, interopérables. Elle est référencée par l'Adullact (Association des développeurs et des utilisateurs de logiciels libres pour l'administration et les collectivités territoriales) et répond aux exigences de la directive européenne Inspire. Le projet est supporté par une communauté croissante de développeurs et d'utilisateurs tels que la région Aquitaine, le conseil général du Pas-de-Calais, la communauté urbaine de Brest. Pour parachever l'écosystème open source, geOrchestra a mis en place un processus de téléchargement, de mise à jour et de rendu des données OpenStreetMap (OSM) et s'est ainsi doté d'un référentiel cartographique libre de droits, performant et prêt à l'emploi dans les projections utilisées par les SIG. Rappelons que OpenStreetMap rivalise désormais à l'échelle mondiale avec les fournisseurs de données propriétaires tels que Google. GéoBretagne bénéficie du fond OSM, ce qui est stratégiquement déterminant pour consolider sa logique d'ouverture. Tous les partenaires peuvent s'appuyer sur un référentiel ouvert tout à fait sûr en matière de réutilisation. En outre, "la Bretagne bénéficie d'une importante communauté de 'mappers' et de contributeurs qui participent à son enrichissement", complète François Vigouroux..

Une logique de mutualisation des ressources

L'élément stratégique de la plateforme est sans doute la liberté donnée à tous les acteurs publics ou privés et aux particuliers de réutiliser les données soit en les téléchargeant, soit en utilisant les flux de données du géoportail grâce à un service web. Dans le premier cas, le plan cadastral informatisé de chaque commune mis à jour annuellement peut désormais être téléchargé en un seul clic via un applicatif GéoBretagne. L'autre alternative, le service web, permet d'intégrer dans les SIG locaux l'URL fournie par GéoBretagne pour travailler à distance sur la donnée et la manipuler de la même façon que lorsqu'elle est rapatriée sur place. Ainsi la donnée est stockée en un seul endroit et réutilisable par tout le monde, sur le site de GéoBretagne ou sur une autre IDS. "Les partenaires vont devoir apprendre à vivre avec cette nouvelle logique de réutilisation des flux, on n'est plus dans le schéma où toutes les données sont stockées sur un SIG, explique Lydie Vinsonneau. Les partenaires sont plus interdépendants mais il faut accepter cette évolution au regard de la souplesse et des gains apportés par la réutilisation des flux." Cette unicité, permet d'effectuer des achats groupés et de réaliser des campagnes de collecte de données. Ainsi l'orthophotographie aérienne de grande précision (20 cm de résolution et 40 cm de précision en X, Y) est déjà opérationnelle dans le Morbihan en attendant de l'être sur les trois autres départements.
L'outil doit encore prendre son envol. Les partenaires qui bénéficient en ce moment d'initiations et de formations régulières comprennent peu à peu l'intérêt d'une architecture répartie et mutualisée et commencent à se l'approprier. "Dès que l'usage sera plus répandu dans les collectivités locales de Bretagne, nous comptons évaluer les économies générées par la mutualisation, car les résultats devraient largement accélérer la dynamique", conclut Lydie Visonneau.

 

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