À Gonesse, un espace naturel péri-urbain naît d’une zone d'expansion des crues (95)

D'importants aménagements ont été réalisés sur le Croult afin de prévenir les inondations et de développer la biodiversité. Ouvert au public depuis juin 2019, ce nouvel espace de nature de douze hectares remplit ses promesses, avec l'aide des usagers.

À la frontière de trois communes du Val-d'Oise : Gonesse, Arnouville et Bonneuil-en-France, coule une petite rivière, le Croult. Dans les années 1970, préalablement à la construction d'un lotissement sur la commune de Gonesse, un chenal de béton de 800 mètres fut bâti pour détourner la rivière. L'idée, à l'époque, était d'envoyer l'eau le plus rapidement possible en aval, plutôt que de la retenir en amont. Le dispositif fonctionnait mal et lorsque le lotissement du Vignois fut construit, les pavillons subirent des inondations récurrentes.

Dix ans d'études

En 2007, les élus décident que le Syndicat intercommunal aménagement hydraulique (SIAH)  doit envisager des travaux de façon à lutter contre les inondations. Le SIAH du Croult et du Petit Rosne est une structure publique regroupant 33 communes et une communauté d’agglomération.
Il conçoit alors un cahier des charges très ouvert qui prévoit aussi de développer la biodiversité. Le site de 12 hectares appartient à des propriétaires privés, qui y développent le maraîchage et quelques cultures céréalières, du maïs pour l'essentiel. Petit à petit un projet s'élabore, qui consiste à combler le chenal de façon à ce que la rivière retrouve son lit naturel et qu'elle puisse, en cas de crue, inonder une vaste zone humide plutôt que les pavillons. Durant dix ans le projet est affiné, le SIAH souhaite que le site vive bien, mais aussi qu'il trouve sa place dans un ensemble plus vaste, les fameuses trames vertes et bleues. Nous savons aujourd'hui que c'est parce que les sites naturels communiquent entre eux que se créent des couloirs de biodiversité qui rafraîchissent les villes.

Trois ans de travaux

L'aménagement est doté d'un budget de trois millions d'euros, dont un million pour l'acquisition du foncier. La majeure partie des terrains est négociée à l'amiable mais le projet est soumis à une enquête qui le déclare d'utilité publique, permettant l'adjudication des parcelles restantes. Le projet du SIAH n'est pas de créer un jardin public mais un espace de nature ouvert à des usages dynamiques, tels que la promenade ou la pratique du vélo. Pour cette raison aucun parking supplémentaire n'est aménagé et les bancs publics sont bannis. Le SIAH a réalisé ce projet dans le cadre d’une convention de mandat, sur la base de prescriptions techniques du CD95 du Val d'Oise. Il se charge de la viabilisation d'une piste cyclable permettant de relier la commune de Bonneuil à celle de Gonesse.
Pendant les trois années sur lesquelles se sont étalés les travaux, le Syndicat crée également un bassin de décantation et d'épuration des eaux en lieu et place de deux bassins de rétention d'eaux de pluies créés initialement pour la gestion des eaux pluviales de la ZAC attenante à cet espace naturel. Finalement, le nouvel espace est inauguré en juin 2019.

Associer les riverains au projet

Le directeur du SIAH, Éric Chanal, insiste sur l'importance d'associer les riverains à un tel aménagement : "Nous avons mis en place des supports de communication, dont un courrier trimestriel d’information et une page Facebook, pour nous assurer de l’acceptabilité du projet. La technique hydraulique ne pose pas de problème, si le budget est là on sait quasiment tout faire ; mais pour finaliser ce type de projet nous avons besoin de la coopération des usagers". Il importe donc de bien expliquer le pourquoi des travaux réalisés et de lever les appréhensions. Certains propriétaires de pavillons s’inquiétaient de la suppression du chenal qui clôturait leur propriété et, pensaient-ils, les protégeaient des intrusions. Pour lever cette crainte, le SIAH a fait poser un grillage et planter une haie. D'autres s'inquiétaient des moustiques que ne manquerait pas d'attirer une zone humide. Les techniciens du SIAH ont expliqué que dans un écosystème bien conçu les moustiques ont des prédateurs naturels. Parmi ces prédateurs il y a les chauves-souris ; pour qu'elles colonisent le site les concepteurs ont donc banni l'éclairage nocturne. Enfin, autre préoccupation une fois le site ouvert au public : son usage. Un espace de nature attire, entre autres, les amateurs de moto-cross et de quad. Le syndicat a besoin que les riverains appellent la police municipale s'ils constatent de tels débordements ou d’autres usages proscrits (pêche, barbecues, …). Le SIAH a passé une convention avec la ville de Gonesse, qui s'occupe du maintien de l'ordre et des déchets, tandis que le syndicat gère toute la partie hydro-écologique. Le syndicat a d’ailleurs recruté un écologue qui effectue un suivi mensuel des douze hectares du site. Ainsi, le syndicat s'assure de la pérennité du dispositif qui semble vouloir tenir toutes ses promesses : des dizaines d'espèces d'oiseaux l'ont adoptés et un inventaire naturaliste est en cours, en partenariat avec l’Agence régionale de la biodiversité, pour suivre scientifiquement le grand retour de la faune et de la flore en zone urbaine.

SIAH Croult et Petit Rosne

Rue de l’Eau et des Enfants
95500 Bonneuil-en-France

Éric Chanal

Directeur

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