Sécurité - Grippe aviaire : forte mobilisation dans l'Ain
Quelques jours à peine après avoir parlé de "paix sanitaire" dans les élevages avicoles de l'Ain, la directrice départementale des services vétérinaires (DDSV), Catherine Dupuis, a dû hélas se raviser devant le premier cas de grippe aviaire détecté dans un élevage européen. La confirmation de la présence du virus H5 montre qu'on a "franchi une étape", a affirmé vendredi 24 février le préfet du département, Michel Fuzeau, demandant aux éleveurs de prendre "des précautions extrêmement fortes" pour éviter une propagation du virus. La veille, 400 dindes ont été retrouvées mortes dans une exploitation de Versailleux, près de Bourg-en-Bresse. Un plan d'urgence a aussitôt été déclenché par arrêté préfectoral. Les 11.000 volailles ont été abattues sur le champ par mesure de précaution. L'isolement de l'exploitation a été mis en place. Plus personne n'entre ou ne sort de l'élevage, sauf nécessité, et un dispositif d'aseptisation des véhicules a été prévu. Le préfet a demandé à ce que tous les éleveurs installent des pédiluves et évitent tout déplacement d'élevage à élevage. De leur côté, les services de l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) devaient déterminer si la souche était bien celle du N1 potentiellement transmissible à l'homme. Dans un avis du 23 février, elle rappelle toutefois que "la probabilité d'émission pour les denrées issues de volailles et le gibier à plume offertes à la consommation peut être considérée comme nulle".
Les périmètres de sécurité maintenus à Joyeux
L'Ain était depuis quelques jours sur le pied de guerre contre l'épizootie. Des périmètres de sécurité avaient été immédiatement mis en place autour de Joyeux, un autre village du département après la découverte, le 17 février, du premier canard sauvage contaminé par le virus H5N1. Située au coeur des marais des Dombes, la commune accueille un parc ornithologique qui a été fermé jusqu'à nouvel ordre. Une "zone de protection renforcée", d'un rayon de trois kilomètres autour du lieu de la découverte, fait l'objet d'un confinement total. Elle englobe 14 communes, 20 élevages et 136 basses-cours. Ce secteur est complété par une "zone de surveillance" d'un rayon de 10 kilomètres qui s'étend sur 47 communes, 63 élevages et 590 basses-cours. Chacune des exploitations fait l'objet de la visite de vétérinaires de la DDSV. Les maires des communes situées à l'intérieur de ce périmètre ont été avisés.
A Bourg-en-Bresse, les mêmes mesures ont été prises, mais adaptées à la ville. Le parc de Bouvent où un deuxième canard mort du H5N1 a été retrouvé a été fermé à la demande du préfet. Inspecté par les services vétérinaires, il pourrait cependant rouvrir en début de semaine. Réunies en cellule de crise dès jeudi, les autorités préfectorales, sanitaires et municipales avaient mis en place les zones de protection définies par arrêté préfectoral et ordonné le confinement des oiseaux des élevages et des particuliers pour une période de vingt et un jours.
A Bourg-en-Bresse, le maire en appelle au calme
Tous les détenteurs d'oiseaux et les animaleries doivent se déclarer. "Nous nous sommes donné huit jours pour recenser tous les établissements, explique à Localtis Jean-Michel Betrand, le député-maire de Bourg-en-Bresse. Par ailleurs, nous avons mobilisé tout le personnel municipal, en particulier les services d'entretien et la police qui a pris le relais de la police nationale et de la gendarmerie sur les lieux sensibles, pour qu'elles puissent continuer à se consacrer à leurs tâches habituelles." Les policiers municipaux quadrillent les grands axes et l'entrée des parcs où ils se livrent à un exercice de pédagogie auprès des habitants. Le préfet, Michel Fuzeau, a de son côté insisté sur la nécessité de "préserver à tout prix le centre de Béchanne", situé dans la zone de surveillance. Ce centre de sélection de la volaille de Bresse, unique en France, cultive les souches et distribue oeufs et poussins aux professionnels de l'élevage. Plus personne n'en sort sans être "désinfecté" : le personnel doit passer par des douches de décontamination. "C'est un coup dur pour la profession. Rien que chez nous, la volaille de Bresse AOC, c'est 50 millions d'euros par an", relève Jean-Michel Bertrand, alors que le gouvernement vient d'annoncer une aide de 52 millions supplémentaires pour la filière. L'élu en appelle à la raison : "Il y a des inquiétudes, mais, dans l'ensemble, tout est très calme ici. Nous n'avons pas les barbares aux portes de la ville."
Michel Tendil
Simulation régionale grandeur nature à Lyon
"Nous avons vérifié le bon fonctionnement de la chaîne d'alerte, nous nous sommes assurés de la qualité de la réponse médicale. Les agents du Samu, les personnels hospitaliers, les experts en virologie sont préparés à une telle situation", a déclaré à la presse le Premier ministre à l'issue d'une simulation grandeur nature d'un risque d'épidémie due à la grippe aviaire qui s'est déroulée à Lyon, vendredi 24. Le scénario de cet exercice retransmis sur écran géant, en présence d'une centaine de journalistes venus du monde entier, mettait en scène deux malades arrivés à l'aéroport Saint-Exupéry en provenance d'Asie. Entouré des ministres des Transports, Dominique Perben, et de la Santé, Xavier Bertrand, le Premier ministre s'est ensuite rendu à l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon où les deux "malades" ont été pris en charge. Le chef du gouvernement a souligné que sa "responsabilité aujourd'hui, c'est de tout faire pour assurer l'information et la protection des Français", en assurant que "les pouvoirs publics feront preuve d'une transparence totale sur l'éventuelle progression de la maladie chez les oiseaux sauvages et les volailles". Après cette expérience régionale, une simulation nationale sera organisée à Paris les 15 et 16 mars.
Vaccination de volailles : les Landes se préparent, la Vendée et la Loire-Atlantique renoncent
Suivant les recommandations de l'Afssa (Association française de sécurité sanitaire des aliments), la France a décidé de faire vacciner tous les canards et les oies situés dans les zones humides de trois départements à risque : les Landes, la Vendée et la Loire-atlantique. 900.000 oies et canards, 2.000 exploitations sont concernés. L'opération sera également étendue aux zoos et parcs ornithologiques. Les frais de cette vaccination préventive s'élèvent à 1,6 million d'euros et seront entièrement financés par l'Etat. Après le feu vert de l'Union européenne, la campagne devait commencer en fin de semaine dernière dans les Landes pour s'achever début avril. Les éleveurs de Vendée et de Loire-atlantique ont, pour leur part, fait savoir qu'ils renonçaient à la vaccination. Ils lui préfèrent le confinement pour préserver leurs exportations. Selon les syndicats agricoles, la vaccination entraînerait en effet des restrictions aux exportations.
Trois vétérinaires ont été dépêchés dans le département des Landes, vendredi 24 février, pour superviser les opérations. Une trentaine de personnes sont mobilisées pour attraper les 600.000 oiseaux recensés et les vacciner en sous-cutanée, sans toucher les parties comestibles. Une seconde injection sera nécessaire, dans un mois.