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Interview - Hauts-de-France : Xavier Bertrand veut expérimenter un dialogue social régional sur les politiques économiques et d'emploi

Les premiers Etats régionaux du dialogue social ont été organisés le 24 mars 2017 par la région Hauts-de-France, en présence de plusieurs leaders syndicaux et patronaux nationaux. L'ambition de son président, Xavier Bertrand, est d'instaurer "une forme de dialogue à la fois souple et réactif". Ce dialogue social régional "non normatif" pourrait porter sur les questions de développement économique local, de formation, d'implantation et de sauvetage d'entreprises. Il confirme par ailleurs "la mobilisation totale de la région" pour trouver une solution à la fermeture de l'usine Tioxide de Calais.

Localtis. Quelle est la genèse de ces premiers Etats régionaux du dialogue social?

Xavier Bertand. Aujourd'hui, il existe un dialogue social au niveau national, dans l'entreprise, dans les branches. Sur les questions d’emploi et de formation professionnelle, il existe des lieux de concertation. A l'échelon national, il s'agit du Conseil national de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles. Et au niveau régional, les Crefop, les comités régionaux de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles où siègent, côte à côte, les partenaires sociaux, les représentants de la région et ceux de l'Etat.

La loi Notre a bouleversé les règles du jeu en matière économique, en désignant clairement les nouvelles régions comme chefs de file du développement : c'est à cette échelle que des actions pour l'emploi et le développement de nos entreprises sont engagées. Ma conviction c'est, qu'à côté des échelons actuels du dialogue social, il y a désormais la place pour un vrai dialogue social régional, non normatif, non contraignant.

Quels seront les thèmes de ce dialogue social territorial ?

X. B. Il portera sur la question des transformations industrielles (il n'y a pas d'espace de dialogue prévu par la loi sur les politiques industrielles, la transformation numérique, la robotisation, etc.), les projets d'implantation et de sauvetage d'entreprises, ou sur l'ajustement de l'offre de formation. Pôle emploi et la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) étaient d'ailleurs présents le 24 mars, à la première édition des Etats régionaux du dialogue social des Hauts-de-France.

Il existe dans notre région un partenariat fort entre l'Etat et le conseil régional sur les questions d'emploi, à travers la mise en œuvre du service public pour l'emploi local (Spel). Depuis juillet dernier, dans chaque arrondissement, un Spel, co-piloté désormais par un binôme Etat/région se réunit une fois par mois pour être plus réactif, plus efficace et plus pertinent au service des demandeurs d'emploi et des entreprises. C'est ce dialogue et cette coconstruction de solutions concrètes que nous voulons expérimenter avec les partenaires sociaux.

Dans quel cadre s'effectuera ce dialogue?

X. B. Nous souhaitons un dialogue à la fois souple et réactif, sous la forme de plusieurs rencontres chaque année entre le conseil régional et les représentants des unions régionales des organisations syndicales et patronales, qui étaient présents vendredi dernier*. La question des implantations d'entreprises et la gestion prévisionnelle territoriale des emplois et des compétences (GPTEC ou GPECT) seront les points d'entrée de ce dialogue. Comme ce fut le cas, par exemple, pour l'implantation de Toyota à Valenciennes. Egalement, les demandes d'expérimentation que pourrait susciter ou demander la région à l'Etat : cela leur donnerait plus de poids si nous en parlions avec les partenaires sociaux, voire obtenions leur accord.

Où en êtes-vous des poursuites judiciaires que vous souhaitiez engager contre le chimiste Huntsman après la fermeture de son usine Tioxide de Calais?

X. B. La mobilisation de la région reste totale aux côtés des partenaires sociaux et de la maire de Calais, Natacha Bouchart, qui est aussi vice-présidente de la région. Nous procédons actuellement à la sélection d'un conseil juridique qui devra être suffisamment "pointu" pour dénouer cette affaire qui s'annonce longue et difficile. Mais plus que l’argent que nous voulons récupérer, 12 millions d’euros, ce sont les salariés à qui nous voulons retrouver une activité en recherchant un repreneur pour ce site.

*Laurent Berger, secrétaire général (SG) de la CFDT, Jean-Claude Mailly, SG de FO, Alexandre Saubot, vice-président du Medef, Jean-Michel Pottier, vice-président de la CPME notamment.
 

 

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