Ile-de-France Mobilités veut diviser par deux la fraude sur son réseau d'ici fin 2025
L'autorité des transports franciliens Ile-de-France Mobilités (IDFM), présidée par Valérie Pécresse, a présenté ce 13 février un plan de lutte contre la fraude sur son réseau. Alors qu'elle estime le manque à gagner à 700 millions d'euros annuel, l’objectif est de diviser par deux le taux de fraude d’ici la fin 2025 et de recouvrir 300 millions d’euros. D'après IDFM, environ 8% des usagers tous modes confondus ne paient pas de titre de transport.
"Je pense que le Covid a été un accélérateur de la fraude", a relevé Valérie Pécresse lors d'une conférence de presse. D’après la présidente de la région Ile-de-France, l'arrêt de la vente des tickets de bus par les conducteurs pendant la pandémie a fait "qu'il y a eu une espèce de tolérance qui s'est installée" vis-à-vis des fraudeurs.
Le taux de fraude atteint 15,2% dans les bus - contre 4,8% dans le métro et le RER. "Il faut ajouter 7,5% de défaut de validation" de pass Navigo ou Imagin'R, a ajouté Valérie Pécresse, alors que les opérateurs sont aussi rémunérés au nombre de validations de titres. Avant le Covid, le taux de fraude dans les bus oscillait autour de 11%, d'après Valérie Pécresse. Pour le Noctilien, les bus de nuit, c'est encore pire. Jusqu'à 26,7% des usagers ne paient pas leur titre de transport. Enfin le tramway est "un autre point noir" pour Valérie Pécresse, avec 16% de fraudeurs contre environ 10% avant le Covid. Il existe de fortes disparités territoriales également, avec des zones et des lignes beaucoup plus touchées par la fraude, notamment en Seine-Saint-Denis, alors que le phénomène est moindre en grande couronne.
La présidente de l'autorité des transports a proposé plusieurs mesures pour réduire la fraude par deux avec "des opérations de contrôle continu". "Nous irons là où nous repérons une fraude importante, et nous allons rester des semaines entières, du matin jusqu'au soir", a-t-elle détaillé.
A partir de ce 17 février, 500 agents de contrôles seront dédiés uniquement à ces opérations. Le principe a déjà été expérimenté sur la ligne de bus entre Trappes et Saint-Quentin-en-Yvelines où la fraude est passée de 13% à 6% en deux semaines, selon Valérie Pécresse.
Alors qu'aujourd'hui, seulement 64% des amendes dressées dans les transports sont finalement recouvrées, dont la plupart sont réglées immédiatement, IDFM compte aussi s'appuyer sur un contexte législatif favorable à la lutte contre la fraude. Depuis début décembre 2024, un décret d'application de la loi Savary permet aux opérateurs d’accéder à la plateforme "Stop Fraude", synchronisée avec les impôts, et de vérifier l’adresse du contrevenant pour mieux recouvrir la somme due. La proposition de loi "Tabarot" relative au renforcement de la sûreté dans les transports votée ce 11 février à l'Assemblée nationale (lire notre article de ce jour) pérennise par ailleurs le port de caméras piétons pour les agents de contrôle et permet l’accès à la plateforme en direct depuis le lieu du contrôle pour identifier immédiatement l’adresse du contrevenant.