Immigration : la liste des "métiers en tension" sera révisée début 2023

Au lendemain de l'annonce d'un titre de séjour spécifique pour les métiers en tension, le ministre du Travail a indiqué, jeudi 3 novembre, vouloir lancer une concertation avec les partenaires sociaux courant novembre, pour actualiser la liste de ces métiers début 2023. Cette liste, actualisée pour la dernière fois en 2021, comporte des déclinaisons régionales.

Dans une interview accordée au Monde, publiée le 2 novembre, les ministres de l’Intérieur et du Travail, Gérald Darmanin et Olivier Dussopt, ont annoncé vouloir créer un titre de séjour spécifique pour les "métiers en tension" en pénurie de main d’oeuvre. Cette disposition figurera dans le projet de loi Immigration, annoncée par le chef de l’État, le 15 septembre dernier.

La question des métiers en tension est revenue en force avec la reprise économique au sortir de la crise sanitaire. Jeudi, Olivier Dussopt a indiqué que la liste de ces métiers en tension serait ainsi réactualisée début 2023. "Dès le mois de novembre, ce mois-ci, j'ouvre des concertations avec les partenaires sociaux (...) pour, en nous appuyant sur des données économiques, réviser cette liste, faire en sorte que les métiers qui ne sont pas en tension ne soient pas dans cette liste (...) et que les métiers qui sont devenus des métiers en tension puissent l'intégrer", a-t-il déclaré sur France info. La dernière actualisation de cette liste qui n'avait pas eu lieu depuis 2008 remonte à 2021. Elle comporte à l’heure actuelle une trentaine de métiers : aide à domicile, aide-soignant, agent d'entretien, serveur, maçon, plombier-chauffagiste, ouvrier des travaux publics, employé de libre-service... Elle est déclinée dans chaque région pour tenir compte des caractéristiques de l'économie locale. Cette liste "doit être révisée à intervalles réguliers. Nous avons prévu de la réviser pour début 2023", a précisé le ministre.

"Pas un plan de régulation massive"

Alors que cette proposition s’est attiré les foudres de l’opposition de droite, Olivier Dussopt s’est défendu de tout "plan de régulation massive" et a dit vouloir "mettre fin à une forme d'hypocrisie et au cas par cas de permettre à ces hommes et à ces femmes (...) de demander leur régularisation et d'obtenir un titre de séjour dans ce cadre". Ce qui, selon lui, concernerait "quelques milliers et quelques dizaines de milliers de personnes".

Une circulaire de l’ancien ministre de l’Intérieur Manuel Valls, dite "circulaire Valls" du 28 novembre 2012 , permet aujourd’hui à ces travailleurs d’être régularisés à condition de prouver leur ancienneté sur le territoire et la réalité de leur emploi. L’idée du gouvernement serait désormais de leur donner la possibilité de "solliciter la possibilité de rester sur le territoire sans passer par l’employeur". "Cela permettra d’inverser le rapport de force avec quelques employeurs qui peuvent trouver un intérêt à ce que leurs salariés soient dans une situation d’illégalité", justifie le ministre du Travail, dans son entretien au Monde. "Les organisations professionnelles nous disent qu’elles ont besoin qu’on facilite le recrutement d’étrangers. Nous leur proposons des solutions avec ce projet de loi", poursuit-il. En contrepartie, les employeurs devront participer à l'intégration, "notamment en permettant aux employés de prendre des cours de français sur leur temps de travail".

Dans un communiqué, le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a accusé le gouvernement de "lâcheté", car le courage selon lui, aurait été de "s'attaquer aux causes, au fait qu'en France les salaires sont trop faibles et que l'assistanat est trop fort". Quant à Marine Le Pen, elle a dénoncé le risque "d’aggravation de filières clandestines". "Quel est l'intérêt de l'immigration économique quand on a 5,4 millions de personnes inscrites à Pôle emploi, et quand on sait que le taux de chômage des étrangers est le double de celui des Français?", s'est interrogée la patronne des députés RN sur France 2, jeudi.

 

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