Inflation alimentaire : Familles rurales appelle à un "sursaut politique"

L'inflation alimentaire a augmenté de près de 12% en 2023 par rapport à 2022, selon les données de l'Observatoire des prix de grande consommation publiées le 23 janvier 2024 par Familles rurales, alors que les prix ont globalement subi une augmentation limitée à 4,9%. Face à cette situation difficile pour les 10,8 millions de précaires, le mouvement relance l'idée d'une allocation alimentaire mensuelle abandonnée par l'exécutif.

L'inflation alimentaire exponentielle s'est prolongée en 2023, avec une augmentation de 11,9% par rapport à 2022. C'est ce qu'indique l'Observatoire des prix de grande consommation, dont le rapport a été publié le 23 janvier 2024 pour la 17e année consécutive par Familles rurales. L'inflation a particulièrement touché le secteur alimentaire, le niveau général d'augmentation des prix n'a en effet atteint que 4,9%. Et contrairement à 2022, de nombreux produits sains pour la santé sont encore plus touchés par la hausse moyenne : +40,6% pour la carotte, +24,8% pour le maquereau, +23,2% pour le lait demi-écrémé, +21% pour l'huile d'olive ou encore +20,4% pour le riz, indique l'observatoire qui dénombre 10,8 millions de "précaires alimentaires" en France.

D'après les comptes, tous les aliments ont augmenté mais trois postes ont connu une inflation particulièrement marquée, supérieure à 18% : les produits laitiers (+18,9%), les matières grasses (+18,3%) et les produits sucrés (+18,1%).

810 euros par mois pour un panier varié économique

Familles rurales a établi le prix moyen mensuel d'un panier "varié" pour une famille de quatre personnes. Il s'élève à 810 euros pour un panier économique (en prenant les prix les plus constatés en magasin), 901 euros pour un panier constitué de marques nationales et 1.297 euros pour le bio, soit 60% de plus que le panier le plus économique. "Cette note tombe à 539 euros quand on varie moins les produits tout en respectant le Plan national nutrition santé (PNNS) et le cycle de saisons", indique le document, qui souligne que peu de personnes peuvent s'alimenter exclusivement en produits bio.  Les professionnels du secteur (producteurs et distributeurs) constatent une baisse de consommation en bio, et une baisse également de leur présence en nombre dans les rayons, voire leur disparition pure et simple. "Certains magasins spécialisés ont d'ailleurs définitivement fermé leur porte du fait de ce contexte et des renoncements qu'il a induits", détaille le document.

L'observatoire alerte aussi sur la situation des territoires d'outre-mer, qui cumulent les handicaps : des revenus moindres, une inflation aussi marquée qu'en métropole pour des prix déjà deux fois plus élevés. 

Allocation alimentaire mensuelle

Face à cette situation, Familles rurales réclame un "sursaut" politique. Elle relance l'idée d'une allocation alimentaire mensuelle, ciblant les produits bons pour la santé et à destination de l'ensemble des consommateurs vivant avec ou sous le seuil de pauvreté. Promesse de campagne d'Emmanuel Macron en 2022, l'idée d'un chèque alimentaire a été définitivement abandonnée par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, le 8 mars. "Oublions la politique des chèques, nous n’en avons pas les moyens", avait-il alors jugé sur France 3. C'était une proposition de la Convention citoyenne en 2020, reprise dans la loi Climat et Résilience de 2021. L'an dernier, Bruno Le Maire avait pourtant promis une expériementation sur une base territoriale (voir notre article du 6 mars 2023).

Familles rurales demande aussi davantage de transparence  sur les marges, "la modération de celles manifestement excessives afin de ne pas compromettre l'accès des consommateurs aux produits sains pour leur santé" et l'abandon des "sur-marges". Enfin, le mouvement propose la mise en place d'un bouclier qualité prix, y compris en métropole. L'idée est de sacraliser un panier composé d'une cinquantaine de produits sains pour la santé, pour l'environnement et pour le pouvoir d'achat. Leur prix serait plafonné, comme c'est fait en outre-mer.