Archives

Education - Jeux dangereux à l'école : certaines communes n'ont pas attendu l'Education nationale

Le 5 juin dernier, Xavier Darcos, ministre de l'Education nationale, annonçait avoir demandé aux recteurs de prendre les dispositions nécessaires pour alerter l'ensemble de la communauté éducative sur les dangers du jeu dit "du foulard". Désormais, les élèves seront informés en cours de SVT (sciences de la vie et de la Terre) et d'EPS (éducation physique et sportive) des risques liés à cette pratique. Cette dernière, qui s'apprend généralement dans les cours d'école, consiste à s'étrangler progressivement avec un morceau de tissu pour "planer" (un effet dû au manque d'oxygène dans le cerveau). Inconscients du danger, des dizaines d'enfants en sont déjà morts. Pour l'Association des parents d'enfants accidentés par strangulation (Apeas), il s'agit d'un premier pas. Jusque-là, aucune directive ministérielle n'avait été donnée sur le sujet. De ce fait, les inspecteurs de l'Education nationale, comme les principaux de collège se saisissaient rarement du problème. Et face aux jeux dangereux, l'information et la prévention sont essentielles. Le jeu du foulard est une pratique plus répandue qu'on ne l'imagine : selon un sondage Ipsos réalisé pour l'Apeas en mai dernier, 91% des 15 ans et plus le connaissent et 63% en ont une idée très précise. En France 1,5 million de personnes ont déjà joué "au foulard" pendant leur enfance ou leur adolescence.

L'exemple de Chevilly-Larue

Dans certaines communes, les élus ont décidé de se saisir de la question. C'est le cas de Chevilly-Larue (94) qui a organisé une réunion d'information sur le problème à l'automne 2005. Un jeune garçon de 11 ans était mort dans la chambre d'un de ses camarades après avoir joué à ce jeu. Christian Hervy a décidé de réagir. "Il a d'abord fallu intervenir au collège, avec l'accord du principal, raconte le maire de Chevilly-Larue. Je suis allé expliquer les circonstances exactes du drame aux élèves pour endiguer la rancoeur qui se cristallisait sur le camarade de Tébi. Ce petit garçon avait découvert la pendaison de son ami trop tard pour le sauver et il faisait l'objet de menaces." Après une concertation avec les enseignants, la mairie a décidé de se saisir du drame pour alerter les parents et renforcer les réflexes de dépistage. Dans sa démarche, elle a reçu le soutien de l'Apeas, ainsi que celui de l'inspecteur de l'Education nationale. "Nous avons invité tous les enseignants, les responsables d'associations de parents d'élèves et  les personnels de la communes travaillant au contact des enfants à une réunion d'information sur le sujet, poursuit Christian Hervy. La présidente de l'Apeas a tenu une conférence très concrète sur le jeu du foulard et les pratiques dangereuses." D'après le maire de Chevilly-Larue, les personnels municipaux sont très sensibles à cette question depuis le drame : "Ils font plus d'efforts d'observation pour voir quels sont les enfants qui ont des marques sur le corps. Depuis deux ans, nous n'avons presque plus entendu parler de ces pratiques dans les écoles de la commune". Avec la mobilisation des recteurs, ce type d'initiative devrait être favorisé pour renforcer la vigilance et réduire les accidents. L'Apeas espère obtenir prochainement "l'autorisation définitive d'intervenir dans les écoles" en fin de primaire et au collège.


Florence Pinaud

 

Pour aller plus loin

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis