La communauté de communes de Murat forme et accompagne les candidats au télétravail

Après avoir créé la maison de services, puis un centre de télétravail, la communauté de communes du Pays de Murat s’organise pour accompagner la demande croissante de sessions sur le télétravail. Avec de fortes retombées positives.

Dès son ouverture en 2005, la maison des services du Pays de Murat dans le Cantal (13 communes, 6.000 habitants) se veut un lieu d’accueil aussi bien pour les professionnels que pour les particuliers. Les "outils TIC" (internet et numérique) étant de plus en plus souvent utilisés par des professionnels, la création d'un télécentre s'est rapidement imposée. Après un aménagement léger, un espace de 45 m2 lui est consacré, et sa mise en service est effective en 2007. La même année, la communauté propose une formation sur le télétravail, avec l’aide du FSE (Fonds social européen) pendant les deux premières années de lancement. Des sessions animées par un spécialiste du télétravail parisien, sont organisées pour des groupes de 12 à 15 travailleurs indépendants. Avec au programme dix modules de formation à distance, échelonnés sur plusieurs mois, complétés par deux semaines de cours in situ au télécentre de Murat.

Une montée en charge qui dépasse largement les frontières régionales

Au départ, tous les participants à ces formations étaient originaires du Cantal et du Puy-de-Dôme. Puis, l’information sur le site Internet, l’organisation du "Forum du télétravail", le rendez-vous annuel des acteurs du télétravail ont généré des demandes de toute la France, voire des pays voisins. "Les élus y ont vu une formidable opportunité pour dynamiser l’économie locale, et aussi pour accueillir de nouveaux habitants", observe Corinne Ibarra, directrice de la communauté de communes. D’où la volonté de la collectivité de s’organiser pour faire face à cette montée en puissance. Depuis 2011, cinq sessions annuelles - au lieu de deux - sont proposées, tandis qu'une nouvelle formation d'une journée est consacrée à la pratique du salariat en télétravail, pour un public notamment de chefs d'entreprises, de directeurs en ressources humaines et de salariés. Parallèlement, la communauté décide d’agrandir le télécentre, qui s’installe au deuxième étage du bâtiment que vient de quitter le tribunal d'instance : sur 165 m2, il sera doté de six bureaux équipés (loués 100 euros par mois, pour une occupation à plein temps), d'un espace ouvert pour accueillir des télétravailleurs nomades et d'une salle de réunion.

Des logements passerelles

Restait la question du logement pour les stagiaires éloignés de leur domicile. Certes ils peuvent bénéficier d’un hébergement gratuit en gîte dans le cadre de leur formation. ‘Pour des personnes qui décident d’installer leur activité en télétravail en pays de Murat, il fallait imaginer un concept attractif, en complément des résidences d’entrepreneurs mises en place par la région Auvergne à destination de porteurs de projets en réflexion et pas encore fixés dans leur nouveau territoire", explique Bernard Delcros, président. La communauté de communes a décidé de louer deux logements "passerelles" qu'elle mettra gratuitement à disposition des candidats à l’installation dans la région. Les occupants signeront une convention pour une période de six mois, renouvelable une à deux fois. Un couple de Lille, qui étudie son projet d'installation à Murat depuis deux ans, sera le premier bénéficiaire.

Premier bilan

Le sérieux des candidats à la formation est évalué avant que leur demande d’inscription ne soit validée, grâce à un entretien (par téléphone) avec le formateur. Les formations destinées aux télétravailleurs indépendants sont gratuites, tandis que les bureaux du télécentre sont mis à disposition durant un an pour les télétravailleurs formés sur place. Quant aux sessions sur le télétravail salarié, elles sont payantes (700 euros par jour) et peuvent être prises en charge depuis que le centre de formation de la communauté de communes est agréé organisme de formation. "Les statistiques ont montré que 30 à 35% des stagiaires créent leur activité à l’issue du stage", précise le président de la communauté de communes. Au total depuis 2007, ce sont 150 personnes (dont 91 provenant d’autres régions que l'Auvergne) - plutôt des urbains quadragénaires - qui ont été formées sur dix sessions. "Ces formations ont favorisé l’installation de huit familles sur le territoire depuis 2009 ", commente Bernard Delcros.

Des facteurs-clés : communiquer, mutualiser, tester

Si le projet a pris une telle ampleur, c'est grâce à plusieurs facteurs explique Corinne Ibarra : une équipe motivée , avec un président "moteur" et un technicien polyvalent, une maîtrise totale de l'ensemble du dossier, une communication locale, régionale et nationale en continu, une priorité donnée au contact humain avec les télétravailleurs, une capacité d'innovation et enfin, des risques financiers mesurés (voir encadré ci-dessous). "Nous optimisons les coûts de fonctionnement avec la maison des services, et surtout, nous testons toujours une idée avant de nous y lancer réellement".

Lucile Vilboux / Acteur Rural, pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

Un montage financier multipartenarial
Les coûts de l'aménagement du télécentre et de son animation se sont élevés à 200.000 euros, financés par le FSE (100.000 euros pour la formation et l'accompagnement), l'Etat (26.000 euros pour la création du télécentre et l'organisation du Forum du télétravail) et le conseil général (14.000 euros pour l'aménagement du télécentre, les formations ainsi que les forums). Pour financer les développements nécessaires à la poursuivre de cette démarche, la communauté de communes a répondu à un appel à projets Massif central/Datar. Celui-ci apporte des financements à hauteur de 172.000 euros du Feder, de 8.600 euros de l'Etat, de 64.000 euros de la région et de 34.000 euros du département.

Maison des services du Pays de Murat

Nombre d'habitants :

6000

Nombre de communes :

13
4, rue du faubourg Notre-Dame
15300 Murat
mds@paysdemurat.fr

Bernard Delcros

président

Corinne Ibarra

directrice

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