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Innovation - La crise a eu un impact modéré sur les dépenses de recherche

La crise n'a que modestement affecté l'effort de recherche des pays de l'OCDE, observe une note du CAS. La France a même enregistré une augmentation de ses dépenses et du nombre de brevets déposés.

La France est l'un des rares pays de l'OCDE où les dépenses en recherche et développement ont continué d'augmenter pendant la crise. Ces dépenses se sont accrues de 1,9% en 2008, 3,5% en 2009 et 1,4% en 2010, constate le Conseil d'analyse stratégique (CAS) dans une note qui vient d'être publiée. Or la moyenne de l'OCDE fait apparaître au contraire une baisse de 1,6% en volume au plus fort de la crise en 2009. C'est la première décrue depuis vingt ans ! La baisse a été particulièrement sensible au Japon (-8,6%) et dans une moindre mesure en Finlande (-2,9%). Les Etats-Unis se situent à un niveau moyen (-1,6%).
Le phénomène est d'autant plus marquant qu'en dix ans, les investissements ont plus que doublé pour atteindre en 2010 près de 1.300 milliards de dollars. Toutefois, juge Mohamed Harfi, l'auteur de cet note, l’impact est modéré au regard de l’ampleur de la crise, "qui a entraîné une des plus fortes contractions de l’activité économique depuis la crise de 1929".
Les bons résultats de la France ne doivent cependant pas masquer un problème structurel : la part toujours aussi faible des investissements d'origine privée, d'autant que les contraintes budgétaires de l'Etat et des collectivités ne laissent pas de marges de manoeuvre considérables du côté des investissements publics. Au regard de la Stratégie de Lisbonne, le poids des efforts privés "devrait s’élever à 2% du PIB, alors qu’aujourd’hui il peine à dépasser 1,4%" en France, souligne la note.

Montée en puissance de la Chine

Le CAS s'intéresse également aux brevets. Là encore, la France semble à contre-courant : le nombre de dépôts de brevets français enregistrés à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a augmenté de 10% pendant la crise, dans un contexte de baisse (-2,8%) pour l'ensemble des pays de l'OCDE. La baisse atteint 16% pour les Etats-Unis, 10% en Italie et 9% en Allemagne et en Grande-Bretagne. En 2011, la France et le Japon enregistrent un taux de croissance à deux chiffres du nombre de brevets déposés à l’OMPI, avec respectivement 12% et 18%.
Le CAS partage le constat de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (Opecst) sur la montée en puissance des pays émergents, notamment de la Chine. Ses dépenses en R&D ont continué d'augmenter de 15,4% en 2008 et de 26,5% en 2009. Quant au nombre de brevets déposés, il a bondi de 47% en 2011... Pour autant, le CAS relativise le poids relatif de l'Empire du milieu. Rapporté au PIB, le poids de ses dépenses de recherche a doublé en dix ans mais n'était que de 1,7% en 2009 contre 2,4% pour la moyenne des pays de l'OCDE. A noter que la France fait moins, à 2,26%, loin derrière la Suède (3,6%), la Finlande (3,9%) ou la Suisse (3%). Le CAS souligne également que si, avec 1,5 million de chercheurs, la Chine fait à présent jeu égal avec les Etats-Unis et l'Europe, leur poids parmi les actifs demeure très faible.

Crise de la dette souveraine

Depuis 2010, les dépenses de recherche sont reparties à la hausse "dans la plupart des pays de l’OCDE qui se sont engagés à augmenter leurs efforts en recherche". Dans leur grande majorité, ils ont maintenu les orientations prises ces dernières années, privilégié les aides indirectes aux entreprises via la fiscalité, avec une généralisation du crédit d'impôt recherche. Ils ont recherché davantage de coopération entre acteurs publics et privés, et tenté de concentrer les activités de recherche au sein de clusters. En France, le développement du crédit d'impôt recherche a permis aux aides indirectes de dépasser le montant des aides directes avec respectivement 0,25% et 0,13% du PIB. Alors que la crise de la dette souveraine pèse sur les budgets, l'auteur souligne l'importance de la continuité de l'action publique, qu'il s'agisse de l'initiative Excellence en Allemagne ou du plan Startup America aux Etats-Unis. Il attire l'attention sur la santé financière des entreprises innovantes qui ont joué un rôle essentiel dans le développement des secteurs technologiques depuis le début des années 1980 : "Déjà aggravées par la crise financière, leurs difficultés de financement risquent de s’accentuer avec la crise de la dette."

 

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