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La France passe le cap des 67 millions d'habitants et la fécondité se stabilise

La France comptait début 2020 plus de 67 millions d'habitants, soit une hausse de 0,3% limitée par la baisse continue de la fécondité depuis cinq ans, néanmoins plus modérée cette année, selon l'étude publiée chaque année en janvier par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Au 1er janvier, 67.064.000 personnes exactement vivaient en France :  64.898.000 en métropole et 2.166.000 dans les départements d'outre-mer, selon les estimations publiées mardi 14 janvier 2020 par l'Insee. La croissance de la population en 2019 est tirée comme les années précédentes par les naissances davantage que par le solde migratoire. La différence entre les entrées et sorties du territoire ressort en effet à +46.000 personnes, en diminution par rapport à 2018.
Avec 753.000 naissances (6.000 de moins qu'en 2018) et 612.000 décès (2.000 de plus), le pays a connu un solde naturel de +141.000 personnes, au plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale. Une tendance qui s'explique par la hausse des décès continue depuis une dizaine d'années, du fait de l'arrivée des générations du baby-boom (entre 1946 et 1974) à des âges avancés, et par la diminution du nombre de naissances. 
Cette baisse des naissances, qui s'observe depuis 2015, s'est poursuivie en 2019 mais à un rythme plus modéré si on la compare aux 12.000 bébés de moins en 2018, 14.000 en 2017, 15.000 en 2016 et 20.000 en 2015. 
Ce recul de la natalité s'explique en partie par la diminution du nombre de femmes de 20 à 40 ans, en âge de procréer, celles nées durant le baby-boom (entre 1946 et 1973) étant progressivement sorties de cette tranche d'âge. Mais elle est surtout due à la baisse du taux de fécondité (nombre d'enfants par femme) qui s'établit à 1,87 enfant par femme, contre 1,88 (arrondi) en 2018. A titre de comparaison, en 1946, les femmes avaient en moyenne trois enfants, un chiffre tombé à 1,66 enfant en 1993 puis remonté autour de 2 entre 2006 et 2014.   

"Le développement de l'accueil de la petite enfance stagne"   

Prenant acte de cette cinquième baisse de la natalité, l'Union nationale des associations familiales a appelé le 14 janvier à "un rebond de la politique familiale", pointant "des prestations familiales sacrifiées ou rognées" et "le développement de l'accueil de la petite enfance (qui) stagne". En plein conflit sur la réforme des retraites, l'Unaf s'inquiète en outre du financement des pensions "dont les scénarios d'équilibre reposent sur une hypothèse de fécondité d'1,95 enfant par femme". Au niveau européen, la France reste toutefois la championne de la fécondité avec 1,90 enfant par femme en 2017 (dernier comparatif possible) devant la Suède (1,78) et l'Irlande (1,77).

Après une stagnation en 2018 pour les femmes, l'espérance de vie à la naissance a continué sa progression, s'établissant désormais à 85,6 ans, soit l'une des plus élevées de l'Union européenne derrière les Espagnoles (86,1 ans). Pour les hommes, elle progresse à 79,7 ans (79,2 en 2018), en neuvième position seulement au niveau européen.
Effet cumulé de l'augmentation de l'espérance de vie et de l'entrée des générations du baby-boom à des âges avancés, la France poursuit son vieillissement avec, au 1er janvier, plus d'une personne sur cinq en France (20,5%) âgée de 65 ans ou plus (12,8% en 1985).

Moins de mariages, plus de Pacs

Le nombre de mariages continue de chuter, s'établissant à 227.000 (221.000 mariages hétérosexuels et 6.000 mariages homosexuels). Les pactes civils de solidarité (Pacs) progressent eux de façon continue : 209.000 en 2018, dont 8.500 conclus entre couples de même sexe, soit 13.000 de plus qu'en 2017.
La France comptait 14 millions de moins de 18 ans, soit 21% de sa population, dont 4 millions vivaient avec un seul de leur parent. (lire notre encadré)
Selon l'Insee, depuis 2011, la proportion des familles dites "traditionnelles" (où tous les enfants du logement sont ceux du couple) a reculé de deux points (69 à 67%) au profit des familles monoparentales (22 à 24%). La proportion de familles recomposées est restée stable, à 9%.

L’Insee a par ailleurs publié le 31 décembre 2019 les nouveaux chiffres de la population française, millésimés 2017, commune par commune. Ces chiffres ont été authentifiés au Journal Officiel fin 2019 et sont entrés en vigueur à compter du 1er janvier 2020. En complément, l’étude "Une croissance démographique marquée dans les espaces peu denses", ainsi que des études régionales et départementales analysent les évolutions démographiques sur la période récente.

L'Insee a par ailleurs communiqué ce 14 janvier le calendrier 2020 de l’enquête de recensement qui, rappelle-t-il, "a lieu tous les ans et concerne chaque année 9 millions de personnes habitant dans 5 millions de logements enquêtés". Menée en partenariat avec les communes, l’enquête 2020 débutera ce 16 janvier.
Plus précisément, dans les 7.000 communes de moins de 10.000 habitants concernées, les opérations se dérouleront du jeudi 16 janvier au samedi 15 février en France métropolitaine, aux Antilles et en Guyane, et du jeudi 30 janvier au samedi 29 février à La Réunion. Dans toutes les communes de 10.000 habitants ou plus, dans lesquelles une partie seulement de la population est concernée, le recensement se déroulera du jeudi 16 janvier au samedi 22 février en France métropolitaine, aux Antilles et en  Guyane, et du jeudi 30 janvier au samedi 7 mars à La Réunion. Toutes les informations sur ce recensement, dont des explications grand public sur ses finalités, sont réunies sur le site le-recensement-et-moi.fr.

Plus d'un quart des enfants vivent avec un seul de leurs parents

Quelque 28% des enfants, en France, vivent avec un seul de leurs parents : 21% dans une famille monoparentale (le plus souvent avec leur mère) et 7% dans une famille recomposée, avec un parent et un beau-parent, selon une étude spécifique publiée mardi 14 janvier par l'Insee. Au total, 24% des familles sont monoparentales, alors que ce taux était inférieur à 10% en 1975.
Sur les 72% d'enfants qui résident avec leurs deux parents, la plupart (68%) sont dans une famille "traditionnelle", et 4% dans une famille recomposée, c'est-à-dire qu'ils cohabitent avec des demi-frères ou demi-soeurs, issus d'une union précédente de l'un ou l'autre de leurs parents, selon cette étude portant sur des chiffres de 2018.
En toute logique, "en raison des séparations", la part des familles traditionnelles diminue avec l'âge des enfants : 79% des bambins de moins de trois ans sont dans cette situation classique, mais seulement 61% des adolescents de 15 à 17 ans.
La composition de la famille influe sur les conditions de logement : si 10% des enfants de familles "traditionnelles" vivent dans un logement surpeuplé, ce taux monte à 16% pour les enfants de familles recomposées et 23% pour les enfants de familles monoparentales. De même, si les familles "traditionnelles" sont propriétaires de leur logement à 66%, cette proportion baisse à 48% pour les familles recomposées, et à 28% pour les monoparentales.
L'étude montre également une répartition géographique inégale des types de familles, avec notamment une plus grande concentration des parents "solo" dans les grandes villes, qui peut s'expliquer par "la présence de logements sociaux et la petite taille de ces familles". Ainsi, si 21% de l'ensemble des enfants vivent dans des familles monoparentales, ce taux monte à 29% pour les mineurs habitant dans les "villes-centres des grands pôles urbains".