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La France rouvre ses portes aux seuls travailleurs agricoles

Par une circulaire datée du 20 mai 2020, le Premier ministre autorise les saisonniers européens à venir prêter main forte aux agriculteurs français. Une mesure d’urgence pour assurer les récoltes. En revanche, l’accès des travailleurs détachés reste interdit sauf si "la mission ne peut pas être reportée".

"Nous avons été entendus", se réjouit Jérôme Volle. Le vice-président de la FNSEA applaudit des deux mains la décision d’Edouard Philippe de permettre aux travailleurs saisonniers agricoles européens de pouvoir venir à nouveau travailler en France. En effet, le Premier ministre a, dans une instruction datée du 20 mai 2020 "répondu à la demande de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles". Le texte dispose que "les travailleurs saisonniers agricoles, ressortissants d'un pays membre de l’espace européen ou de pays tiers résidant à titre principal dans un pays de l’espace européen, sont autorisés à entrer et travailler sur le territoire national".  

Une autorisation soumise à quelques obligations réglementaires (attestation de déplacement international dérogatoire délivrée par l’employeur, déclaration préalable à l’embauche) et sanitaires, les employeurs devant bien évidemment mettre en œuvre les mesures d’information sur les règles sanitaires et de protection.

60.000 saisonniers étrangers

Il était temps que ce verrou saute car il y avait, selon Jérôme Volle, urgence. "Malgré la mise en œuvre de la plateforme 'Des bras pour ton assiette' et des recrutements opérés sur toute la France, 30% des besoins en main d’œuvre ne sont toujours pas satisfaits", déplore-t-il. "En temps de récolte, il est nécessaire d’avoir des gens opérationnels et réactifs qu’il est difficile de former rapidement." Dès lors, des récoltes ne pouvaient pas se faire, l’agriculture française faisant appel chaque année à 60.000 saisonniers étrangers sur 1,1 million de personnes employées dans les exploitations.

Ces travailleurs agricoles proviennent de Roumanie, Pologne, Espagne, Portugal et Maghreb, mais l’Afrique du Nord ne fait pas encore partie des pays concernés par la circulaire du 20 mai. Toutefois, "le gouvernement a dépassé l’espace Schengen pour ouvrir l’accès à l’espace européen ce qui est une bonne chose, car cela permet d’intégrer des plus petits Etats", fait valoir le vice-président de la FNSEA.

Des équipes organisées et encadrées

Il rappelle également que l’agriculture française emploie pendant la période des récoltes des équipes composées d’encadrants et de récoltants, et pas uniquement d’exécutants. "Ils viennent parfois du même village et sont très organisés", précise Jérôme Volle. "La barrière de la langue n’est plus un obstacle car ils sont encadrés."

Les autres secteurs d’activité susceptibles d’avoir recours à la main d’œuvre étrangère (bâtiment, hôtellerie, restauration) ne bénéficient pas de l’autorisation accordée aux exploitants agricoles. En effet, seuls "les travailleurs en détachement ressortissants d’un Etat membre de l’Union européenne dont la mission en détachement ne peut pas être reportée (documents le justifiant) et qui est attestée par un contrat de prestation de service peuvent également entrer et travailler en France".

 

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