La gestion intercommunale d'un centre aquatique

En 2003, la commune de Loudéac transfère la compétence de gestion de son centre aquatique à la communauté de communes. Une réflexion approfondie et des ajustements sur la tarification, la gestion et l'animation de cet équipement dans l'ensemble des activités "sport nature, loisirs et écologie, pour un public scolaire, familial ou sportif" permettent aujourd'hui d'atteindre un meilleur équilibre financier pour son fonctionnement.

Située en plein coeur de la Bretagne, Loudéac est un pôle d'emploi très actif, mais les côtes sont des espaces résidentiels plus attractifs encore. Cinq mille personnes effectuent une migration quotidienne domicile-travail des zones périphériques vers Loudéac. La population du territoire tend à diminuer et vieillir. Pour inverser cette tendance, les élus se donnent comme objectif d'améliorer les conditions de vie afin de fixer la population ; ils engagent sur le long terme une politique de logement associée à la création d'équipements sportifs, culturels et de loisirs. Ainsi est créé par la communauté intercommunale un centre aquatique.
En 1998, l'équipe municipale de Loudéac fait un choix important : la réhabilitation d'une piscine et la mise en place de bassins ludiques. C'est le premier équipement de loisir à entrée payante sur le territoire, la première piscine ludique du département. La première année, la fréquentation double de 80.000 usagers à plus de 165.000. Mais au bout de quatre ans, le nombre d'entrées baisse face à la concurrence d'autres piscines ; le déficit de fonctionnement se creuse d'année en année. Les élus sont contraints de réévaluer la façon de conduire leur politique. La vocation intercommunale de la piscine s'impose lorsqu'ils constatent que la moitié des usagers vient de communes situées autour de Loudéac. En 2003, la compétence de gestion de l'équipement est transférée à la communauté de communes Loudéac-Cidéral. C'est le premier équipement structurant dont la communauté prend la responsabilité. Elle s'appuie sur cette expérience de gestion pour mettre en place progressivement une politique de sport, de loisirs et de culture, en concertation avec les associations.

Un équilibre financier à trouver...

Le centre aquatique intercommunal "Les Aquatides", d'une superficie de 700 m2, comprend trois bassins couverts : un bassin de 25 mètres, un petit bassin d'apprentissage (12 mètres x 12 mètres) et un bassin ludique avec toboggan, rivière à courant, jacuzzi... Un vaste espace situé au premier étage reste à aménager : le projet de cafétéria a été abandonné, d'autres expériences montrent que les services de restauration, dans des conditions semblables, connaissent des difficultés de fonctionnement. En complément de l'accueil du public familial, la communauté de communes met l'accent sur une offre d'animation attractive pour différents types d'usagers. Elle assure le transport des scolaires et propose l'intervention de deux éducateurs sportifs sur des créneaux d'une heure, à un prix modéré (1,90 euro par enfant). Le club d'aquagym propose chaque semaine douze cours d'une heure, dispensés par les maîtres nageurs. Environ 1.000 personnes y participent chaque année et la liste d'attente est importante. Un club sportif et un club de plongée, qui accueillent des jeunes et des adultes, profitent également de l'équipement.
Le centre aquatique est géré en régie depuis son origine. Les tarifs sont de 5 euros pour les adultes et de 4,20 euros pour les enfants. Jusqu'en 2003, la ville de Loudéac pratique une réduction de 1 euro par entrée pour ses résidents. En 2003, ces tarifs réduits sont étendus à l'ensemble des habitants de la communauté de communes. Ce système de tarifs différentiés est actuellement réexaminé compte tenu de l'évolution récente du territoire. Le rayon d'influence du centre aquatique est en effet passé de 50 km en 1998 à 30 aujourd'hui. Entre-temps, plusieurs piscines ludiques, publiques et privées, ont été construites dans le département ; une autre est en projet à 24 km de Loudéac et elle devrait attirer 20% des usagers actuels. D'une manière générale, il semble préférable que les piscines en régie collaborent et se mettent d'accord sur des tarifs équivalents, autour d'un prix moyen raisonnable : elles évitent ainsi de se concurrencer. Dans le cas particulier de Loudéac, la piscine doit pouvoir bénéficier de manière équitable aux habitants et aux personnes résidant à l'extérieur mais travaillant sur le territoire.
En 2003, au moment du transfert de la compétence à la communauté de communes, les dépenses liées au centre aquatique s'élèvent à 800.000 euros pour 500.000 euros de recettes. Avec le transfert de propriété, selon la loi en vigueur, la commune garde un engagement de payer annuellement le déficit de 300.000 euros. La communauté de communes se donne deux ans pour reprendre en main la gestion et observer les évolutions. A cette époque, le nombre d'usagers baisse 5% par an. En 2005, la fréquentation est descendue à 125.000 visiteurs.
Pour un équipement public, l'optimisation des performances n'est pas celle d'un équipement en gestion privée. Les élus considèrent qu'ils ont peu de moyens d'action sur les recettes. Par contre, avec la participation du personnel, la communauté de communes adapte les horaires de travail et les services pour optimiser les dépenses. A cet effet, la direction de la piscine est partagée entre deux maîtres nageurs, chefs de bassin, plutôt que d'être confiée à un encadrant. Ceux-ci gèrent les plannings, adaptent les activités selon les besoins des usagers et des clubs et mobilisent toute l'équipe dans l'accueil et l'animation.

Une coordination efficace et extensible à d'autres domaines...

Grâce à une taxe professionnelle unique importante, la communauté de commune s'est donné les moyens de sa politique. La gestion de la piscine fait partie du service Sport et Culture qui emploie 23 des 53 personnes employées par la communauté. Environ 20% du budget est affecté à ce service. Un coordinateur Sport et Culture a été recruté en 2002 pour superviser la gestion du centre aquatique. Passionné par sa mission, il a eu la charge de gérer la piscine puis de créer de nouveaux équipements structurants en concertation avec les associations. L'équipe de la piscine, jeune et dynamique, comprend treize personnes : sept éducateurs sportifs, deux agents d'accueil, deux agents de nettoyage et deux agents techniques pour la maintenance. Le coordonnateur du service Sport et Culture de la communauté supervise la gestion administrative et l'interface avec les élus : le vice-président chargé des sports et de la culture et une commission de vingt élus. Ce mode de supervision et de concertation a depuis été étendu à d'autres activités sportives et culturelles.
Au départ, le centre aquatique était le projet sportif intercommunal : un équipement bien identifié qui touche un public large et diversifié. Sa réussite tient évidemment à l'investissement dans la réhabilitation, mais aussi à l'effort constant mené avec le personnel pour assurer un accueil de qualité et proposer des activités qui correspondent à chaque type d'usagers (scolaires, familles, sportifs). Forte de son expérience, la communauté de communes a progressivement mis en place des projets structurants "sport nature" reposant sur le même dispositif : une gestion mixte, publique et associative, qui permet une collaboration intéressante entre professionnels et bénévoles. Cette politique vise, de façon conjointe, à soutenir le tissu associatif et à éviter des coûts de fonctionnement trop importants. Dix associations sont concernées par ce dispositif : cinq dans le domaine du sport et cinq autres dans celui de la culture. La communauté de communes signe une convention avec chaque association précisant l'objet, les orientations, l'aide financière allouée et les modalités de l'évaluation annuelle. Deux élus sont désignés par la communauté comme membres de droit au conseil d'administration de chaque association. Les projets sont montés avec le coordinateur du service Sport et Culture.
La communauté de communes a par exemple décidé d'apporter son soutien au centre équestre, dont la gestion est devenue trop lourde pour les bénévoles associatifs. Elle a mis à disposition de l'association un responsable pour professionnaliser la gestion du centre (organisation, plannings...). Une base de canoë-kayak et VTT a été ouverte en 2005 selon le même principe : un responsable a été nommé pour la gestion de la structure, qui emploie à l'année 1,5 équivalent temps plein et trois saisonniers l'été. Pour la base de sport nature, la communauté a contribué à la création d'un réseau "intermodal" VTT, canoë, équitation à l'échelle intercommunale : 396 km de piste ont été labellisés, l'entretien étant assuré par les communes.
La communauté de communes dispose d'un budget annuel d'intervention de 280.000 euros. Le budget des associations varie, selon les cas, de 150 à 300.000 euros. Les élus estiment que si les activités étaient gérées en direct par la communauté, il lui en coûterait probablement quatre fois plus. Dans le cadre de cette politique, la communauté de communes emploie des personnes qualifiées au sein des structures partenaires : quatre personnes dans une école de musique (direction, secrétariat, coordination, intervenants scolaires), quatre aux nouvelles techniques de la communication, une au centre équestre, une aux sports nature et une dans une bibliothèque.
Un projet d'investissement était nécessaire pour relancer l'attrait du centre aquatique et maintenir l'équilibre actuel de fonctionnement. Un bassin à ciel ouvert pour l'été aurait été idéal, mais la piscine est construite sur un terrain trop étroit pour envisager une extension. Après enquête auprès des usagers, la communauté de communes a décidé d'aménager l'étage situé au-dessus de la piscine. En 2006, il comprendra :
- un centre de mise en forme, avec une salle de danse et de fitness (175 m2) ; une association de danse est associée à ce projet ;
- un espace de soin du corps (100 m2) avec deux saunas et deux hammams, des fauteuils relaxants.
La communauté investit 500 000 euros HT dans ce projet, sans bénéficier de subventions particulières. Après ces investissements, la communauté souhaite faire vivre et mettre en réseau l'ensemble des activités développées, leur donner du sens en liant :
- sport nature, loisirs et écologie ;
- publics scolaires, familles, sportifs.

 

Emmanuel Coudel, consultant

Article rédigé en janvier 2006

Le conseil des élus

"Quand un choix d'investissement est effectué pour un équipement de sport et loisir, il faut être prêt à réinvestir régulièrement. Une gestion mixte publique-association peut avoir une grande efficacité."

Communauté intercommunale pour le développement de la région et des agglomérations de Loudéac (Cidéral)

Nombre d'habitants :

28500

Nombre de communes :

21
4 rue Saint-Joseph - BP 246
22602 Loudéac cedex
contact@cideral.fr

Bruno Barrière

Coordinateur Sport et Culture

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