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La Haute-Marne, premier département à voter le retour aux 90 km/h sur une partie de ses routes

Le conseil départemental de la Haute-Marne a voté ce 24 mai le retour aux 90 km/h sur une partie des routes qu'il gère, devenant le premier département à prendre cette mesure depuis l'assouplissement promis par Édouard Philippe le 16 mai.

Le département de la Haute-Marne a décidé ce 24 mai de rétablir la limitation de vitesse à 90km/h au lieu de 80 sur une partie de son réseau routier. Le conseil départemental a validé cette mesure en commission permanente avant de déposer son texte sur le bureau de la sous-préfète. "Je veux aussi que le texte soit déposé à la commission départementale de sécurité routière. Nous espérons mettre en place cette mesure avant l'été", a déclaré à l'AFP le président du conseil départemental, Nicolas Lacroix (LR). Les routes concernées sont "sur le réseau structurant qui irrigue le département", a-t-il précisé, soit "476 km de routes départementales (sur les 4.000 km que nous gérons)". "C'est un choix raisonné. Nous y travaillons depuis que le président Macron a ouvert la voie il y a quelques semaines. Les préfets laissent aux conseils départementaux la responsabilité du retour aux 90 km/h. En Haute-Marne, cette responsabilité, nous l'assumons comme nous avons toujours pris nos responsabilités en matière d'entretien des routes", a ajouté Nicolas Lacroix.
"Le retour aux 90 km/h, ce n'est pas le permis de rouler comme un fou ! Mais je rappelle que la vitesse n'est responsable que de 30% des accidents." "Je souhaite aussi qu'il y ait une continuité dans ce retour. C'est pourquoi je vais écrire aux conseils départementaux voisins (Vosges, Aube, Marne, Meuse...) pour que nous adoptions une position commune", a poursuivi l'élu, précisant que l'opération coûterait 100.000 euros, pour les changements de panneaux de signalisation et des aménagements ponctuels. Un chiffre "à relativiser par rapport aux 30 millions d'euros que nous investissons chaque année pour l'entretien des routes".

Un amendement au projet de loi d'orientation des mobilités 

Édouard Philippe a ouvert la voie le 16 mai à un assouplissement de la limitation à 80 km/h sur ces routes, une mesure impopulaire considérée comme l'un des détonateurs de la crise des gilets jaunes. Dans la foulée de l'annonce faite par le Premier ministre, les députés ont voté en commission un amendement au projet de loi d'orientation des mobilités (LOM) permettant aux exécutifs départementaux de déroger aux 80 km/h sur les routes secondaires qu'ils gèrent. Mais le projet de loi doit encore être débattu à l'Assemblée, en première lecture à partir du 3 juin. L'objectif du gouvernement est une adoption avant l'été mais il est possible que les débats se prolongent au-delà. Avant qu'un changement de la limitation de vitesse entre en vigueur, "il faut que la loi soit votée, promulguée et que la procédure (de dérogation aux 80 km/h, ndlr) qui sera fixée dans la loi soit suivie", rappelle le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe. Selon lui, l'annonce de Nicolas Lacroix ne sera certainement pas effective avant "plusieurs mois, voire en début d'année prochaine".

La Seine-et-Marne a lancé une étude

D'autres départements souhaitent en tout cas profiter de l'assouplissement promis par Édouard Philippe. Le département de Seine-et-Marne, par exemple, qui gère le plus grand réseau routier d'Île-de-France (4.300 km) a lancé une étude pour déterminer, au cas par cas, quelles portions de routes pourraient repasser à 90 km/h. "Nous allons travailler en liaison étroite avec les services préfectoraux, a annoncé Patrick Septiers, le président du conseil départemental. Il ne s'agit pas de renoncer à la sécurité mais d'agir avec pragmatisme. Les portions de route qui remplissent tous les critères de sécurité pourront repasser à 90 km/h. Nous avons aussi identifié des tronçons dangereux où le 70 km/h serait plus adapté que le 80 km/h."
Le président de l'Assemblée des départements de France, Dominique Bussereau, a quant à lui adressé le 17 mai un courrier au Premier ministre jugeant utile "que la décision du président de département soit prise avec la possibilité de solliciter un avis du préfet". "La sécurité et la commodité des transports sur nos routes sont des sujets d'intérêt général, souligne-t-il. Celui-ci incite à adopter cette procédure simple, efficace et responsable".