La liste des 200 nouvelles gendarmeries sera dévoilée au mois de juin

C'est au mois de juin que les lieux d'implantation des 200 gendarmeries figurant dans la Lopmi sera dévoilée, a annoncé le ministre de l'Intérieur, le 18 avril sur LCI. Si l'ouverture de ces gendarmeries – après 410 fermetures depuis 2010 – est accueillie avec soulagement, leur financement pose question.

"Nous annoncerons au mois de juin les lieux exacts d'implantation de ces 200 brigades de gendarmerie", a déclaré Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, mardi 18 avril sur LCI, commentant les propos du président de la République la veille en matière d'ordre public. "C'est très important, c'est 2.000 gendarmes de plus dans nos campagnes", a-t-il souligné, précisant que ces effectifs étaient déjà recrutés et en formation.

Annoncée par Emmanuel Macron à Nice en janvier 2022 puis confirmée lors d'un déplacement dans le Tarn en juin de la même année (voir notre article), la création de ces gendarmeries, composées de 8 à 10 gendarmes, figure dans la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) du 24 janvier 2023. Le choix de leur lieu d'implantation a fait l'objet d'une concertation avec les élus, sous l'égide des préfets de département. Elles auront pour rôle de combler "les vides sécuritaires", selon le gouvernement, laissés par la fermeture de quelque 450 brigades depuis 2010. Un tiers d'entre elles seront des brigades mobiles, se déplaçant dans les communes isolées "où l’empreinte des services publics est faible ou insuffisante", selon les termes du rapport annexé de la Lopmi.

Pour le ministre, la disparition de ces brigades a pu nourrir le sentiment d'abandon de la ruralité. "L'une des raisons pour lesquelles les Français pouvaient être en colère" est que "dans les campagnes, on n'a pas toujours sur mettre les moyens de sécurité, on s'est beaucoup concentré sur les villes", a-t-il dit, estimant que les Français demandaient "plus d'autorité, plus de fermeté".

Craintes sur le financement

Lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2023 à l'automne dernier, le Sénat avait exprimé des inquiétudes quant au financement de ces nouvelles gendarmeries, lorsque les locaux n'existent pas.  "Les collectivités territoriales seront très probablement mises à contribution pour financer ces projets d'implantation, au moment où nombre d'entre elles sont dans une situation financière tendue du fait de la hausse des prix, notamment de l'énergie", peut-on lire dans un rapport consacré au programme 152 "Gendarmerie nationale". Ce programme permet de subventionner les collectivités qui investissent au profit des casernes. La DETR peut aussi être mise à contribution. Mais "il n'est pas certains que ces dispositifs soient suffisants".

Le sujet est revenu sur la table le 4 avril lors des questions orales. Guillaume Chevrollier (Mayenne, LR) a estimé que les dispositions actuelles étaient "inadaptées" et qu’elles posaient de "graves difficultés". Certains demandent de ne pas oublier celles des gendarmeries qui sont actuellement en sous-effectifs. "La création de nouvelles brigades est une excellente nouvelle, dont nous nous réjouissons tous. Mais il existe des brigades sous-dimensionnées, qui fonctionnent difficilement : les gendarmes sortent rarement, car ils sont absorbés par leurs tâches administratives", a ainsi exprimé Françoise Gatel (Ille-et-Vilaine, Union centriste) citant l'exemple, dans sa circonscription, de la brigade de Retiers, sans obtenir de réponse précise. La secrétaire d'État chargée de la citoyenneté, Sonia Backès, a simplement renvoyé à "l'optimisation du temps" qui permettra de dégager les gendarmes des tâches administratives.