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Culture - La numérisation des cinémas en bonne voie grâce au CNC et aux collectivités

Il y a dix-huit mois, la loi du 30 septembre 2010 relative à l'équipement numérique des établissements de spectacles cinématographiques instaurait un dispositif original d'aide au basculement des salles sur le numérique (voir notre article ci-contre du 1er octobre 2011). Un texte particulièrement bienvenu car, faute de moyens financiers, de nombreuses petites salles étaient menacées de disparition face au coût élevé des équipements de projection numérique (environ 80.000 euros par écran). Le dispositif mis en place prévoit un financement combinant une aide publique - versée par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) - et une contribution des distributeurs (qui voient leurs coûts diminuer fortement avec l'introduction des copies numériques). Pour Eric Garandeau, le président du CNC, il s'agit là de "la mutation la plus importante jamais vécue par les salles de cinéma : c'est une véritable révolution non seulement au plan technique mais aussi au plan industriel et culturel".
Le CNC présente aujourd'hui un premier bilan de la mise en oeuvre de la loi du 30 septembre 2010. Celui-ci apparaît très positif, puisqu'à la fin du mois de février 2012, 71,1% des écrans français étaient numérisés. Ce chiffre place la France au troisième rang mondial, derrière les Etats-Unis et la Chine. Le nombre d'écrans numérisés a ainsi progressé de plus de 75% par rapport à la fin de 2010, ce qui constitue une croissance nettement supérieure à la moyenne mondiale. Cette hausse est même de 153% pour les cinémas relevant de la "petite exploitation".
La numérisation n'est toutefois pas achevée et l'année 2012 devrait se révéler décisive pour un basculement intégral. En 2011, l'aide du CNC a concerné 597 écrans regroupés au sein de 448 établissements (dont 82% classés "art et essai), pour un montant de 28,1 millions d'euros. En 2012, le Centre devrait aider environ 1.200 écrans regroupés au sein de 850 établissements, pour un montant qui devrait être supérieur à 80 millions d'euros. Ce total de près de 110 millions d'euros est en phase avec le montant équivalent qui avait été affecté à la "réserve numérique" mise en place en 2010.

Préserver l'offre culturelle dans les petites villes

Dans son intervention, le président du CNC a tenu à rendre hommage aux rôles des collectivités territoriales dans cette réussite, qui ont "significativement accompagné" la numérisation des salles au nom de la préservation de l'offre culturelle dans les villes petites et moyennes. Eric Garandeau a ainsi rappelé que "la totalité des régions, de nombreux départements et villes ont en effet mis en place, depuis un an, des dispositifs d'aide complémentaires à celui du CNC". Trois régions - Aquitaine, Ile-de-France et Poitou-Charentes - avaient même instauré leur dispositif d'aide avant la loi du 30 septembre 2010. Cette dimension de développement des territoires se lit d'ailleurs très bien dans le bilan provisoire dressé par le CNC : non seulement la grande majorité des établissements aidés ont moins de quatre écrans, mais les petites salles sont aussi celles qui semblent tirer le meilleur profit de la numérisation. Dans un climat d'ensemble très favorable au cinéma français, leur fréquentation a en effet progressé de 10% en 2011, une hausse supérieure à la moyenne nationale.