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La pauvreté en conditions de vie recule depuis 15 ans, mais les familles monoparentales sont toujours aussi fragiles

Une étude de l'Insee sur la pauvreté en conditions de vie montre l'extrême fragilité des familles monoparentales, au moment où le gouvernement annonce un nouveau dispositif sur la récupération des pensions alimentaires.

Alors qu'Emmanuel Macron annonce la mise en place d'un nouveau dispositif pour améliorer le recouvrement des pensions alimentaires, une étude de l'Insee met en évidence la grande fragilité des familles monoparentales, dont le chef de famille est à 86% une femme. Ce travail confirme et conforte les observations régulièrement formulées sur ce point par les organisations caritatives et par des organismes comme l'Observatoire des inégalités (voir nos articles ci-dessous), ou qui ressortent également d'analyses d'autres organismes, comme le rapport annuel de la Banque de France sur le surendettement.

La pauvreté en conditions de vie a baissé de près de quatre points depuis 2004

L'étude de l'Insee porte sur l'évolution de la pauvreté en conditions de vie entre 2004 et 2017. Elle exploite les résultats de l'enquête "Statistiques sur les ressources et les conditions de vie" (SRCV). L'indicateur français de pauvreté en conditions de vie des ménages "mesure la part de la population incapable de couvrir les dépenses liées à au moins huit éléments de la vie courante sur 27 considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable". Cet indicateur, réalisé à partir de questions posées aux ménages, est décliné selon l'âge, le niveau de vie du ménage, la composition de la famille, le diplôme, la catégorie socioprofessionnelle, la situation vis-à-vis de l'emploi et l'unité urbaine.

Côté positif, la pauvreté en conditions de vie a atteint, en 2017, son plus bas niveau depuis quinze ans. Elle touche 11% des ménages de France métropolitaine, contre 14,6% en 2004. Après une forte baisse entre 2004 et 2007 (de 14,6% à 12,5%), la tendance a ensuite été plus irrégulière, mais la baisse a néanmoins repris à partir de 2014.

Du mieux partout, sauf sur l'insuffisance de ressources

L'Insee se penche aussi sur les quatre dimensions qui composent l'indicateur de pauvreté en conditions de vie : l'insuffisance de ressources (six situations), les retards de paiement (trois items), les restrictions de consommation (neuf questions) et les difficultés de logement (neuf items). Sur la période étudiée, la proportion de ménages déclarant des difficultés de logement a fortement baissé - et de façon continue -, passant de 10,1% à 5,7%. C'est le cas également pour la proportion de ménages connaissant des retards de paiement (passée de 11,5% à 8,5%) et pour ceux touchés par des restrictions de consommation (passés de 14,2% à 11%).

En revanche, la proportion de ménages déclarant être confrontés à une insuffisance de ressources est restée inchangée, passant de 14% en 2004 à 13,9% en 2017, après avoir toutefois connu une évolution en dents de scie, marquée par les crises de 2008 et de 2012.

26% des familles monoparentales sont pauvres en conditions de vie

La tranche d'âge - sur la base de l'âge de la personne de référence du ménage - la plus touchée par la pauvreté en conditions de vie est celle des 45-59 ans (13,9% en 2017) et la plus épargnée celle des 75 ans et plus (7%). Les jeunes de 16 à 29 ans se situent à un niveau intermédiaire (10,4%), mais sont plus affectés par les difficultés liées au logement.

La composition du ménage est également un facteur déterminant. Sur ce point les familles monoparentales apparaissent particulièrement touchées. Elles sont ainsi 26% à être pauvres en conditions de vie, loin devant les familles nombreuses (18,1% pour les couples avec au moins trois enfants), les personnes seules (13,7%), les couples avec un ou deux enfants (7% environ) et les couples sans enfant (4,6%).

Parmi les différents types de ménages, les familles monoparentales présentent les taux les plus élevés sur les quatre dimensions mises en avant par l'Insee. Elles sont ainsi 28,5% à être confrontées à une insuffisance de ressources, 21,1% à être concernées par des restrictions de consommation, 19,2% à être touchées par des retards de paiement et 11,5% à connaître des difficultés de logement. Par comparaison, les couples sans enfant affichent, sur ces quatre dimensions, des taux respectifs de 6,2%, 5,5%, 3,4% et 2,4%...