À la reconquête du vignoble du Toulois (54)

La communauté de communes Terres touloises et celle du Pays de Colombey et du Sud Toulois ont animé un vaste projet de développement de la viticulture locale sous AOC en articulant plusieurs outils d’action foncière. Objectif : remettre en culture des parcelles en friche.

Une à deux bouteilles de vin issues de l’appellation d’origine contrôlée Côtes de Toul (Meurthe-et-Moselle). Voilà ce qu’auront le plaisir de déguster, à partir de 2019, les 162 apporteurs de capitaux au groupement foncier agricole (GFA) homonyme, en contrepartie de leur participation qui a permis l’installation de deux viticulteurs en 2016. Cette initiative s’est inscrite dans un projet plus vaste, dénommé "Côte à Côte Vignoble 2020", animé par la communauté de communes Terres touloises (45.551 hab.) et par celle du Pays de Colombey et du Sud Toulois (11.634 hab.).

 

Remettre en culture les terres délaissées

La petite appellation connaît un succès croissant avec 110 hectares en production dans une surface classée de 600 ha, et 500.000 bouteilles au maximum fournies par une vingtaine d’exploitations agricoles. Ce projet avait pour objectifs d’aider les viticulteurs en place à développer leur production et à accueillir de nouveaux producteurs. "Pour cela, une seule solution, il fallait remettre en culture une partie du vignoble en friche", explique le premier vice-président de la communauté de communes Terres touloises, et maire de Toul, Alde Harmand, en charge notamment du tourisme et des relations avec les partenaires de l’AOC. Les deux intercommunalités, en partenariat avec l’organisme de défense et de gestion (ODG) de l’AOC, chargent alors la Safer et la chambre départementale d’agriculture de réaliser un diagnostic agricole et foncier. Celui-ci révèle un très fort découpage du parcellaire et de la propriété dans le vignoble : 6.400 parcelles pour 2.000 propriétaires, plus 13 ha de "biens vacants et sans maître".

 

Transformer le puzzle foncier en vignoble exploité

La Safer est alors missionnée pour reconstituer des îlots cultivables en organisant la mobilité foncière. Une démarche appuyée par un "dispositif d’échange et de cession amiables d’immeubles ruraux" mis en place par le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. "Grâce aux contacts pris avec les propriétaires ou leurs descendants, 30 ha ont été récupérés entre 2014 et 2015", poursuit le maire de Toul. Un comité d’animation est créé afin d’organiser la distribution des terres dans le respect des objectifs initiaux. Il réunit sept membres élus représentant les communautés de communes, le conseil départemental, l’ODG, ainsi que la chambre d’agriculture.

 

Favoriser les viticulteurs installés tout en préparant l’accueil de nouveaux

20 ha sont rachetés par des viticulteurs en place et 5,5 ha sont réservés à l’installation de nouveaux agriculteurs (1 ha déjà planté, 4,5 à replanter). Les partenaires ambitionnent en mai 2015 de constituer un GFA pour faciliter l’accès au foncier des nouveaux venus et financer les travaux du sol, de défrichage, et de plantation (184.000 € au total). Les collectivités proposent alors la création d’un comité de pilotage dédié au projet de GFA et qui intègre des représentants des viticulteurs. "Il nous semblait nécessaire d’associer au projet les viticulteurs déjà installés, tout en restant vigilant pour favoriser l’installation effective de nouveaux producteurs. Tous les partenaires s’accordant sur la nécessité de valoriser les vignobles délaissés, les acteurs se sont volontiers mis autour de la table", ajoute l’édile.

 

Une levée de fonds, deux signatures de baux agricoles

Dès lors les communautés de communes redoublent d’engagement pour organiser la campagne de communication nécessaire à la levée de fonds. À l’issue de plusieurs réunions publiques, près de 190.000 € sont rassemblés, avec des apporteurs qui souscrivent entre une et dix parts aux prix de 500 € et 5.000 €. Fin 2016, deux viticulteurs signent les baux agricoles avec le GFA Côtes de Toul. A l’avenir ils pourront, s’ils le souhaitent, racheter progressivement des parts au GFA afin d’acquérir des parcelles.

 

Et la mirabelle ?

"Ce projet est une réussite tant sur le plan paysager, au travers de la reconquête de friches, que sur le plan économique, car la viticulture est un facteur touristique indéniable et l’activité des viticulteurs a des impacts positifs sur la vie locale", analyse l’élu. Il partage avec ses partenaires le souhait d’installer un troisième viticulteur. Voire d’ouvrir d’autres perspectives agricoles au pays de la mirabelle : "Il faudrait nous mobiliser pour récupérer du foncier supplémentaire et relancer, pourquoi pas, la production fruitière pour une distribution en circuit court !"

Terres touloises communauté de communes

Nombre d'habitants :

45067

Nombre de communes :

41
Rue du Mémorial-du-Génie, CS 40 325 Écrouves
54 201 Toul cedex

Alde Harmand

Premier vice-président chargé des relations avec les partenaires institutionnels, tourisme, AOC) et maire de Toul

Thomas Coutal

Chargé de mission écocitoyenneté, tourisme, économie sociale et solidaire et numérique

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