La région Ile-de-France dévoile sa stratégie en faveur de la réindustrialisation et de la décarbonation

La région Ile-de-France va engager sur les 5 années à venir 400 millions d'euros pour accélérer la réindustrialisation et la décarbonation du territoire érigées en priorités absolues de la politique régionale en matière de développement économique.

La région Ile-de-France a présenté mardi 24 octobre sa stratégie quinquennale pour redonner de l’élan à une industrie en perte de vitesse sur le territoire comme dans la France entière. "Face au déclin industriel de notre pays, la région Ile-de-France doit montrer la voie du sursaut et faire entrer la France dans l’ère de l’industrie décarbonée." Une affirmation en forme de mantra qui indique clairement la détermination de la collectivité à s’engager auprès des industriels. Afin de faire émerger "cette industrie décarbonée compétitive" que la présidente de région Valérie Pécresse appelle de ses vœux, la collectivité va investir 400 millions d'euros sur les cinq années à venir. Une aide proposée sous la forme de subventions, de prêts mais aussi de fonds propres à travers un fonds souverain régional dédié au capital-investissement qui sera lancé dans le courant du 1er semestre 2024, avec l’ambition de lever à terme 250 millions d'euros.

Trois portes d’entrée distinctes pour soutenir les industriels

Dans un premier temps, 65 millions d'euros vont être fléchés vers le fonds "Ile-de-France réindustrialisation" pour soutenir la pré-industrialisation des start-up industrielles qui interviennent dans les champs des technologies de rupture, notamment dans les mobilités, ou encore "dans le quantique et les greentech". La collectivité prévoit des tickets d’entrée oscillant entre 3 et 5 millions d'euros. Le plan régional inscrit également 150 millions d'euros au profit du fonds "Ile-de-France décarbonation", consacré au développement des PME et des ETI régionales évoluant dans des "filières prioritaires" telles que les mobilités, le bâtiment, la production ou encore le stockage d’énergies renouvelables. Le ticket d’entrée pourrait monter jusqu’à 10 millions d'euros. Enfin, la région va flécher 35 millions d'euros au profit du fonds "Ile-de-France INVESS" consacré au financement des entreprises à impact social ou environnemental "qui se heurtent au manque d’intérêt d’investisseurs privés".

Dans sa boite à outils, la région dispose également du Prêt transition écologique qui mobilisera 20 millions d'euros de prêts au profit des TPE et des PME et prévoit de consacrer 8 millions d'euros pour soutenir les lauréats de la 1re édition du "PM’up" Jeunes pousses industrielles, sous forme de subventions pour financer les lignes de production des 10 premiers lauréats sur le territoire francilien.

La question centrale de l’accessibilité au foncier

Au-delà du soutien financier au développement de projets industriels, la région veut également s’engager sur la question de l’accessibilité au foncier. 1.500 ha ont d’ores et déjà été identifiés et qualifiés comme pouvant accueillir une activité industrielle et pourront ainsi être mis à disposition à travers le portage de la SEM Ile-de-France Investissements et Territoires. Un outil créé en 2020 (la région avait alors présenté une liste de 26 sites "clés en main") et qui revendique quelque 140 millions d'euros investis avec ses partenaires pour un portefeuille d’actifs immobiliers qui représente à ce jour 86.000 m² sur l’ensemble des départements franciliens, excepté Paris. La région prévoit d’ailleurs de recapitaliser la SEM à hauteur de 5 millions d'euros supplémentaires avant la fin de l’année.

Sur le foncier, la région s’appuie notamment sur un recensement des fonciers industriels mené avec l’appui technique de la SEM Ile-de-France Investissements et Territoires et accessibles sur le portail régional "Smart implantation". Des données dont la mise à jour sera effectuée annuellement par l’Institut Paris Région et qui ont vocation à être intégrées par la Banque des Territoires dans son portail national en cours de constitution (voir encadré). Pour l’heure, confirme la région, 80 sites ont été identifiés comme disponibles à court terme, soit environ 550 ha sur les 1.500 ha au total que la région souhaite dédier au développement industriel. La collectivité qui précise que "100% de ces 1.500 ha sont compatibles avec le Sdrif-e" et que 64% font l’objet de mesures de protection dans ce même schéma régional. "Dans ce travail de longue haleine mené avec les collectivités, la Banque des Territoires, l’EPFIF et Grand Paris aménagement, nous n’avons pas recherché l’exhaustivité mais la qualité", fait valoir Olivier Pagezy, directeur général chez Investissements et Territoires.

L’accent mis sur la formation

Enfin, s’agissant du volet formation, la région annonce l’octroi d’une prime de 2.000 euros à tous les demandeurs d’emploi qui acceptent de se former aux métiers de l’industrie. Elle annonce en parallèle le doublement du nombre d’écoles de production en créant trois nouvelles entités dès 2024 (Argenteuil, Montereau-Fault-sur-Yonne, Poissy) avec des spécialisation métallurgie et chaudronnerie "pour réinsérer les décrocheurs de moins de 18 ans".

Un portail recensant le foncier disponible orchestré par le groupe Caisse des Dépôts

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et Roland Lescure, ministre chargé de l’industrie, ont confié en début d’année à Olivier Sichel, directeur général de la Banque des Territoires la mission de mettre sur pied un portail permettant de recenser au niveau national l’offre de foncier disponible pour des activités industrielles (voir notre article du 9 mars). L’outil, dont le développement a été piloté par Thomas Raulet, responsable projets data au sein du groupe Caisse des Dépôts, doit être opérationnel avant la fin de l’année. "L’enjeu consiste à valoriser les disponibilités foncières en France sur un portail sécurisé", résume Thomas Raulet, avec en ligne de mire l’objectif de "synchroniser cette plateforme avec les outils régionaux existants". Un programme dans lequel la région Ile-de-France a été la première à s’inscrire en intégrant dans la plateforme ses propres données. D’autres régions devraient suivre en 2024, en fonction de l’état d’avancement de leurs propres travaux d’identification. "Mais nous travaillons déjà avec les régions Bourgogne-Franche-Comté et Paca", dévoile Thomas Raulet. "C’est important de capitaliser sur les initiatives régionales et d’insister sur la coopération avec l’ensemble des acteurs concernés et notre rôle, dans cette boucle vertueuse, c’est de créer des synergies."