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La santé des chômeurs : un sujet négligé 

Selon une enquête de l’association Solidarités nouvelles face au chômage, plus du tiers des chercheurs d’emploi dont la santé s’est dégradée l’attribuent au fait de ne plus avoir d’activité professionnelle.

Plus de 38% des chercheurs d’emploi ont vu leur santé se dégrader depuis qu’ils sont au chômage. L’enquête conjointe de quatre associations (Solidarités nouvelles face au chômage, La Cravate Solidaire, Territoires zéro chômeur de longue durée et Force femmes) fait une piqûre de rappel sur ce sujet de santé publique. Menée entre mars et juin 2021 auprès de 977 personnes* et rendue publique mardi 14 décembre, l’étude rappelle que pour 60% d’entre eux, c’est bien le fait d’être privé d’emploi qui a aggravé leur état physique ou psychique. 

Renoncement aux soins

Par la dégradation de l’image de soi, l’isolement, ou encore l’usure de la recherche d’emploi, le chômage met à l’épreuve la santé psychique, augmentant les risques de dépression. Et selon 36% des sondés, il aggrave des pathologies déjà présentes.

Pour autant, le tiers des chercheurs d’emploi témoignent avoir renoncé à consulter un spécialiste, soit pour des raisons financières, soit en raison du Covid. Le renoncement aux soins concerne 37% des personnes interrogées. "Au chômage, avancer la somme d’argent nécessaire pour couvrir les frais médicaux – pourtant amenés à être en partie remboursés – est difficile et conduit à un renoncement aux soins, dont il est important de rappeler que les conséquences, à long terme, peuvent peser sur les dépenses publiques de santé", avertissent les quatre associations.

Un sujet peu évoqué devant Pôle emploi

38% des demandeurs d’emploi n’évoquent pas leurs problèmes de santé auprès de Pôle emploi. Or près d’une personne sur deux (42%) "pense que son état de santé l’empêche de chercher efficacement un emploi", le quart "qu’il l’empêche d’être recruté", et tout autant "qu’il a été la cause de rupture d’un CDI" ou d’un non-renouvellement de contrat pour 7,34% d’entre eux, d’après le rapport. Fait préoccupant : pour 11% des chercheurs d’emploi, la santé s’est à l’inverse améliorée avec le chômage, cela est dû pour partie au fait d’avoir quitté un travail pénible ou stressant.

Face à cette réalité, les quatre associations formulent plusieurs propositions : intégrer les problématiques de santé dans les cursus de formation du corps médical, des travailleurs sociaux et des acteurs des services publics de l’emploi, proposer un accès gratuit à un service d’aide psychologique, améliorer l’information sur la complémentaire santé solidaire, ou encore instaurer une visite médicale périodique tout au long du parcours de recherche d’emploi afin de prévenir, notamment les risques d’addiction ou de troubles psychiques.

* le panel de sondés, pour partie issus des personnes accompagnées, n’a pas vocation à être "représentatif" mais à "donner l’opportunité́ (…) aux personnes de s’exprimer".

 

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