La Sem e-téra mise sur le haut débit pour développer son territoire

Créée par le département du Tarn pour la mise en oeuvre et l'exploitation de son réseau fibre optique, la Saem e-téra mise sur son expérience, et l'évolution de la législation, pour développer son activité au-delà du cadre local.

La création en 2000, à l'initiative du département du Tarn, de la SA d'économie mixte e-téra, inscrit les TIC au coeur d'une stratégie d'aménagement du territoire et de développement économique. Depuis plusieurs années en effet, Castres, puis la communauté d'agglomération Castres-Mazamet, développaient une boucle en fibre optique. Un réseau lui-même géré par une Sem créée pour la circonstance associant collectivités et industriels locaux. La réussite de cette expérience, dans un contexte d'ouverture du marché des télécommunications, incitait le conseil général à engager une réflexion et mener une étude de faisabilité débouchant en 1999 sur le lancement d'un appel d'offres pour la réalisation d'une infrastructure passive, un réseau fibres optiques "noires", susceptible d'irriguer l'ensemble du département. "Au moment où les secteurs traditionnels du département, exploitation de la houille au nord, industrie textile au sud, étaient en déclin, il fallait éviter d'accroître ces handicaps avec le risque de fracture numérique lié au peu d'enthousiasme des opérateurs privés pour investir hors des grandes métropoles", explique Marc Gauché, directeur de e-téra. "Un réseau haut débit représente un outil nécessaire pour maintenir la compétitivité des entreprises déjà présentes, et un argument incitatif pour des investissements et des implantations dans le département." Outil technique de cette volonté politique, la Sem est maître d'ouvrage délégué du réseau et coordonne sa réalisation.

Des interventions extra-territoriales

Aux côtés du Tarn, et des établissements financiers, Caisse des dépôts, Banque populaire, Caisse d'épargne et Dexia, le Gers intègre dés sa création le capital de la Saem, rejoint en 2001 par le Tarn-et-Garonne. Une participation qui affirme d'emblée la volonté de ne pas cantonner les interventions de e-téra au seul territoire du tarnais. Fin 2001, le premier réseau interdépartemental était inauguré : un "backbone", réseau d'interconnexions, de 300 km qui dessert 25 communes, relié à la boucle locale de Castres mais aussi au réseau métropolitain de l'agglomération de Toulouse en traversant le nord-est de la Haute-Garonne. Un investissement de 15 millions d'euros, réalisé par le département qui demeure propriétaire des fourreaux, la Saem finançant le câblage, l'Europe participant pour 1,37 million d'euros pour le génie civil et 410.000 euros pour la fibre optique. Une extension de 45 km est prévue en 2004 avec la couverture de la ville d'Albi et un prolongement au sud du département, permettant à terme une connexion au futur réseau de l'Hérault. Une toile qui se tisse à l'échelle de toute une région. E-téra forte d'une équipe de seize personnes (techniciens, ingénieurs télécoms...) assure la gestion, la supervision du réseau et l'exploitation auprès des opérateurs de télécommunications qui commercialisent leurs services auprès des utilisateurs finaux, des entreprises pour l'essentiel.

Des perspectives de développement

L'extension du réseau fibre optique demeure toutefois tributaire du contexte et de la topographie. E-téra est ainsi amenée à étudier l'utilisation de technologies complémentaires (satellite, wifi) en fonction des spécificités géographiques, des besoins et des coûts. L'objectif restant la perspective d'une couverture totale. En 2004, une étude sur la desserte de l'ensemble des chefs-lieux de cantons sera engagée qui devra inévitablement prendre en compte la mise en oeuvre de faisceaux hertziens. La Saem, forte de ces compétences, et dans une perspective d'élargissement de son territoire d'intervention, propose son expertise aux collectivités dans différents domaines. Il peut s'agir de la conception, de l'élaboration du cahier des charges, ou bien de la réalisation ou l'administration de réseaux. Elle assure ainsi une mission d'assistance à maîtrise d'ouvrage pour la réalisation du réseau de la communauté d'agglomération Pau-Pyrénées, ou auprès des services de l'Etat pour celle du réseau haut débit mis en oeuvre avec l'itinéraire à grand-gabarit Langon-Toulouse, destiné aux transport des éléments du futur Airbus A380. "Ces interventions constituent pour nous un axe de développement stratégique. Elles nous permettent déjà de parvenir à un équilibre financier, souligne Marc Gauché. L'évolution de la législation offrant à terme aux collectivités locales la possibilité d'exercer directement des activités d'opérateurs nous ouvre par ailleurs des perspectives."

Jean-Marie Constans / Innovapresse Toulouse pour Localtis

"Mobiliser plusieurs collectivités autour d'un projet mutualiste"

Thierry Carcenac est président du conseil général du Tarn et président de la Saem e-téra.

Pourquoi avoir choisi la formule Sem pour la mise en oeuvre et la gestion d'un réseau haut débit ?

La Sem permet de maintenir la maîtrise publique des investissements et de l'exploitation tout en disposant d'un outil technique efficace. Par ailleurs, une Sem permet d'associer, autour d'un projet commun, plusieurs collectivités, en l'occurrence plusieurs départements de la région, autour d'un même projet. Et d'envisager ainsi une mutualisation des moyens techniques et humains, avec un interlocuteur unique auprès des opérateurs de télécommunications.

Quel est l'impact économique de la mise en oeuvre du réseau haut débit ?

Il existait des attentes de la part de sociétés importantes, tels les laboratoires Fabre, qui étaient déjà partie prenante du réseau local de Castres et qui peuvent ainsi disposer de connexions, via notre réseau, vers l'extérieur du département et notamment l'agglomération toulousaine. Mais la mise en oeuvre de ce réseau, en ouvrant la concurrence, permet d'avoir une réactivité plus grande de la part de l'opérateur national. De fait, le Tarn, contrairement à la plupart des départements ruraux, est aujourd'hui équipé, y compris pour les petites villes, de l'ADSL à grande vitesse. En outre, à travers la création d'un GFU (groupe fermé d'utilisateurs), le réseau sert directement notre politique en matière d'enseignement.

La décision de développer prioritairement une infrastructure de télécommunication a-t-elle été bien comprise ?

Nous avons joué un rôle de pionnier, il a fallu convaincre certains élus. Mais personne ne trouve à redire au fait que la collectivité, par exemple, développe des infrastructures routières, avec un coût de 6 à 9 millions d'euros pour 1 kilomètre à 2x2 voies. Les infrastructures de télécommunications jouent aujourd'hui un rôle stratégique identique en termes de désenclavement économique et d'aménagement du territoire.

Un service spécifique pour l'éducation

Avec Synapse, le Tarn a développé un réseau éducatif multimédia.

Grâce au réseau fibre optique, le département du Tarn a développé un service spécifique pour les établissements d'enseignement qui relèvent de sa compétence. Un segment développé dans le cadre d'un GFU (groupe fermé d'utilisateurs) destiné à "assurer une meilleure équité d'accès aux savoirs, de permettre l'égalité des chances, de fournir de nouveaux usages pédagogiques, de favoriser les échanges entre les établissements". Baptisé Synapse, raccordé au réseau Rénater de l'Education nationale, ce réseau permet l'accès à la demande de contenu multimédias, la diffusion de programmes télévisés, de DVD, de services tels la visioconférence, le travail participatif... Vingt-neuf collèges publics, avec 14.000 élèves, sont actuellement raccordés à Synapse. Par ailleurs la Saem e-téra assure la gestion d'une station satellite mise en oeuvre par le département antérieurement au réseau fibre optique, qui permet une connexion internet unidirectionnelle, via numéris, de quatorze collèges, une dizaine d'écoles primaires et quelques mairies, équipés d'un boîtier de réception et d'une parabole.

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