L'Adie a ouvert une antenne dans les quartiers nord de Marseille

La création d'entreprise constitue une réponse au chômage de plus de 10% des bénéficiaires du RMI. Afin de faciliter l'accès à l'information et dans le but de lutter contre le secteur informel, l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), spécialisée dans le microcrédit, a ouvert une antenne au coeur des cités des quartiers nord de Marseille.

Une boutique de l'initiative créée en plein coeur des quartiers nord de Marseille

Constatant une vraie difficulté à toucher les créateurs potentiels des cités, l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) a décidé de créer une antenne dans les quartiers nord de Marseille. La boutique de l'initiative a ouvert ses portes en 2002, dans le cadre d'un programme de réhabilitation de la cité du Plan d'Aou.
Le budget de fonctionnement annuel de l'antenne est aujourd'hui de 132.000 euros. Il bénéficie du financement du Crédit immobilier de France (65.000 euros), du conseil général, pour l'accompagnement des bénéficiaires du RMI (40.000 euros), du Fonds social européen (13.500 euros) et du conseil régional (13.500 euros ). 
Deux chargés de mission animent le dispositif et ont monté le financement de 85 projets de création d'entreprise sur les 118 instruits en 2005. Selon Stéphane Antaramian, délégué régional, l'un des objectifs est de passer d'un système de production où le travail au noir prédomine à une logique de création d'entreprise officielle. La boutique s'adresse plus spécifiquement aux jeunes demandeurs d'emploi du quartier, aux femmes et aux bénéficiaires du RMI.  Les chargés de mission doivent aller au-devant des créateurs : permanences dans les centres sociaux, tracts dans les boîtes aux lettres, sessions de sensibilisation en partenariat avec les autres acteurs de la création d'entreprise (ANPE, boutiques de gestion, plate-forme de l'initiative locale, plate-forme des services publics...). Ces actions de communication de proximité ont permis de toucher des personnes qui ont créé leur propre emploi dans des domaines aussi variés qu'un salon de coiffure afro, le BTP, des Call Phones, des projets de sérigraphie de tee-shirts, etc.
Ces créateurs sont reçus individuellement pour le montage du dossier. Si le financement est accordé, les porteurs de projet entrent dans un atelier collectif de soutien au démarrage de l'activité. En effet, l'Adie poursuit l'accompagnement des créateurs d'entreprise nouvellement installés pendant deux ans. Les nouveaux chefs d'entreprise peuvent bénéficier de formations collectives à l'informatique, qu'ils suivent sur leur propre ordinateur équipé des logiciels de base et du logiciel CIEL gestion acquis pour un montant de 85 euros grâce à des accords passés entre l'Adie et une société d'informatique partenaire de la boutique de l'initiative. Parallèlement, un réseau d'une quinzaine de  bénévoles a été constitué. Il rassemble des professionnels de l'entreprise à la retraite, des étudiants de Master 2 Gestion et quelques demandeurs d'emploi sensibles à la question de l'initiative individuelle. Ce réseau parraine le chef d'entreprise, à sa demande, lors de la phase cruciale de l'installation de l'activité.

La création d'entreprise, une véritable opportunité de créer son propre emploi

Comme l'explique Frédérique Sarré, responsable de l'action de l'Adie sur le territoire de Marseille et qui encadre deux chargés de mission qui interviennent sur les quartiers, on estime que 10% des bénéficiaires du RMI envisagent de créer leur entreprise. La ville de Marseille regroupe près de 50.000 bénéficiaires du RMI habitant pour 70% d'entre eux dans les quartiers nord. Dans des zones urbaines sensibles présentant des taux de chômage de l'ordre de 20% - soit deux fois la moyenne nationale -, la création de son propre emploi pourrait toucher près de 5.000 chômeurs. Dans un contexte économique où le taux d'activité informelle est très élevé, où les jeunes ne trouvent pas de travail, où l'on constate un déficit important de services de proximité, le travail indépendant constitue souvent la seule alternative pour créer son propre emploi et générer des revenus.

Une réponse concrète à la question du chômage à condition d'agir au coeur du quartier...

 

L'Adie, Association pour le droit à l'initiative économique, est un dispositif présent sur tout le territoire français. Son objectif est d'aider les personnes exclues du marché du travail et du système bancaire classique, essentiellement bénéficiaires du RMI, à créer leur entreprise et leur emploi grâce au microcrédit. Créé en 1989 par Maria Nowak, le principe a été d'adapter le microcrédit, développé de façon considérable dans l'économie du tiers-monde, aux pays européens et à la France notamment. Au-delà de l'attribution de prêts, l'Adie accompagne le créateur dans l'étude de faisabilité de son projet. La grande majorité des prêts est accordée au travers de partenariats avec la plupart des réseaux bancaires qui accordent à l'Adie des lignes de crédit ou mettent en place avec elle des fonds de prêts d'honneur. Les banques prennent également en charge 30% du risque résiduel. L'Adie s'attache à analyser rapidement toute demande de la part de ses clients, décaisse les microcrédits et assure l'accompagnement des porteurs de projet après la création grâce à son réseau de 300 permanents et de 1.000 bénévoles.
Au-delà du crédit, les créateurs financés par l'Adie ont besoin d'un appui et d'un accompagnement qui leur permettent de faire face aux exigences de la gestion d'entreprise et à la complexité administrative. L'accompagnement améliore sensiblement les chances de survie des entreprises créées (64% au bout de deux années). Depuis la création de l'association en 1989, près de 30.000 entreprises ont été créées générant 40.000 emplois, grâce à plus de 37.000 crédits octroyés. Selon Maria Nowak, en France "où plus de cinq millions de personnes sont en situation de précarité, on ne peut tout miser sur le travail salarié et l'aide de l'Etat". Il faut donner à tous le droit à l'initiative économique. L'association évalue la demande potentielle de microcrédit en France à 300.000 prêts par an, sous réserve que l'environnement institutionnel soit plus favorable.

Adie - Délégation Paca

1 rue Sainte
13001 Marseille

Stéphane Antaramian

Délégué régional

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