Financement des collectivités - L'Agence France Locale monte en régime
Après moins de trois ans d'activité, l'agence de financement est parvenue à l'équilibre financier. L'accueil de nouveaux actionnaires constitue l'une de ses priorités pour les prochaines années.
L'Agence France Locale (AFL) "a dégagé, en 2017, un résultat positif pour la première fois" et ce, "bien avant" les échéances prévues, s'est réjoui, le 17 mai, le président du directoire de l'établissement de crédit, Yves Millardet. Cette agence créée par les collectivités locales dans le but unique de financer leurs investissements, est parvenue à l'équilibre financier moins de trois ans après le lancement des premières opérations de crédit, a-t-il souligné devant la presse, en marge de l'assemblée générale du groupe. La facilité avec laquelle les collectivités territoriales peuvent actuellement emprunter et la baisse des dotations qui a rendu plus difficiles les investissements dans le capital de l'agence n'étaient pourtant pas des éléments de contexte très favorables, a-t-il pointé.
En trois ans, l'AFL a engagé 1,7 milliard d'euros de crédits auprès des collectivités locales. Le cap des 2 milliards d'euros sera franchi dans le courant de l'année 2018, puisque l'agence devrait financer cette année environ 600 millions d'euros de nouveaux prêts.
La part de l'agence dans le financement des nouveaux crédits au secteur public local se situe ainsi entre 3% et 4%. Une proportion encore faible. Mais elle est à mettre au regard du poids des adhérents de l'agence dans l'encours total de dette des collectivités locales (15%). Ces membres, qui sont aussi bien des grandes structures que des petites, recourent à l'agence pour environ 25% de leurs nouveaux besoins de financement. Après déjà 16 augmentations de capital, l'AFL compte pas moins de 260 actionnaires. Elle ne compte pas en rester là. Elle a ainsi pris des dispositions techniques pour "lisser" la charge que représente pour les nouveaux membres l'obligation d'abonder le capital social de l'agence.
Des règles de calcul à modifier
Les nouvelles adhésions qui sont attendues créeront l'effet d'une "boule de neige" sur les demandes de financement, affirme Yves Millardet. Qui croit donc à portée de main l'objectif que s'est fixé l'agence de parvenir en 2021 à un encours de crédit de 4 milliards d'euros. Il croit aussi possible "à terme" qu'elle détienne une part de marché de 25% des nouveaux prêts aux collectivités locales.
L'agence ambitionne par ailleurs d'être "un acteur reconnu du financement à très long terme (sur 30 ans et plus)", a avancé Stéphane Le Ho, directeur général délégué. En 2017, des prêts de cette durée ont été octroyés pour financer, par exemple, deux écoles à Noyon (Oise).
Les responsables de l'AFL ont rappelé leur mobilisation pour que les règles de calcul de la solvabilité des collectivités soient alignées sur celles qui prévalent pour l'Etat (voir l'article que nous avons publié sur le sujet). L'enjeu est de parvenir à une économie sur le financement bancaire du secteur public local. A Bercy, "le dossier est sur le haut de la pile", a déclaré Yves Millardet. Mais le ministre de l'Economie n'a pas encore pris de décision.