Social - L'aide au répit de la MSA, un dispositif original pour les territoires ruraux
Le 10 octobre, la Caisse centrale de Mutualité sociale agricole (CCMSA) tenait sa traditionnelle conférence de presse de rentrée. Au programme : un premier bilan sur les revenus des agriculteurs en 2016, la présentation d'un dispositif innovant et personnalisé de maintien en emploi - piloté par la MSA - pour soutenir les actifs en risque de désinsertion professionnelle et un avis du conseil d'administration, plutôt sévère, sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2018. Comme chaque année, la conférence de presse comportait aussi un focus sur un aspect de l'action sociale de la branche, la MSA jouant un rôle essentiel en ce domaine dans les territoires ruraux.
Eviter le "burn-out"
Cette année, le zoom portait sur le dispositif d'aide au répit, mis en place par la MSA. En dépit de son intitulé, il ne s'agit pas d'une mesure destinée aux aidants familiaux qui soutiennent un proche dépendant, malade ou handicapé. L'aide au répit de la MSA est un dispositif social spécifique aux agriculteurs, mis en place en octobre 2016 - dans un contexte de crises agricoles à répétition - pour "permettre aux agriculteurs se trouvant en situation d'épuisement professionnel ou de burn-out de pouvoir faire, via un accompagnement individuel et/ou collectif, une pause pour se ressourcer et prendre soin d'eux et de leurs proches". L'objectif de la prévention des suicides en milieu rural est également très présent dans ce plan, financé par l'Etat dans la cadre du Pacte de consolidation de l'agriculture. Pour sa mise en œuvre, l'Etat a délégué à la MSA une enveloppe de quatre millions d'euros.
Le déploiement de l'aide au répit a débuté en février 2017 dans les 35 caisses de MSA et vise un total de 4.000 agriculteurs avant la fin de cette année. A la fin du mois d'août, le système comptait déjà 2.466 bénéficiaires. En pratique, l'aide apportée prend diverses formes, faisant appel à des dispositifs existants de la MSA : groupes de paroles, consultations psychologiques individuelles, organisation de séjours "répit", ateliers MSA "L'Avenir en soi"...
Au total, la MSA peut mobiliser une trentaine d'actions collectives - regroupées sous le dénominateur commun d'"Ateliers de l'inclusion" - en fonction du contexte et des besoins.
Une réponse à des situations propres aux zones rurales
Pour sa part, l'aide individuelle porte essentiellement sur l'aide à l'élaboration du départ en vacances, avec accès à des lieux et espaces de détente et de loisirs. Il est également possible de financer des bilans de santé, d'aider à l'entrée dans un parcours de soins ou de bénéficier d'une aide à la réalisation de diverses démarches administratives.
Pour bénéficier de l'aide au répit, l'agriculteur doit présenter un certificat médical ou rencontrer un travailleur social de la MSA. Dans tous les cas, ce dernier réalise une évaluation sociale, puis construit avec l'exploitant un plan d'action, intégrant une action de répit. Il est possible de financer l'intervention d'un service de remplacement (7 ou 10 jours, avec renouvellement possible) ou, à défaut, de faire appel à l'emploi direct d'un salarié.
Les chiffres publiés par la CCMSA dans son focus montrent que les bénéficiaires de l'aide au répit sont en majorité des hommes (62%), se situant principalement dans la tranche d'âge 51-60 ans (45%) ou 41-50 ans (30%). Les principaux secteurs professionnels concernés sont ceux du lait et de la viande, particulièrement touchés par les crises agricoles récentes.
Le dispositif d'aide au répit semble ainsi apporter une réponse à des situations particulièrement difficiles en zones rurales. Seul bémol : "en dépit des demandes de la MSA, une décision de l'actuel gouvernement de reconduire cette aide en 2018 reste incertaine". Sans réponse favorable, la MSA mettra néanmoins "tout en œuvre pour faire perdurer le dispositif", quitte à puiser dans les fonds destinés à l'action sanitaire et social du régime.