L'aire urbaine Belfort-Montbéliard expérimente la mobilité nouvelle génération

Une plateforme d'information sera bientôt mise à la disposition des usagers de l'aire Belfort-Montbéliard-Héricourt-Delle. Multimodalité, téléphonie mobile, paiement et réservation à distance, autant de critères pour décrire un service encore inédit en Europe, qui intègre la voiture individuelle.

Partir d'un point A, rejoindre un point B... Oui, mais comment ? "Grâce à un simple coup de fil ou à une connexion sur le site de la future centrale de mobilité", répond Pascal Delisle, directeur général adjoint des services techniques de la communauté d'agglomération du pays de Montbéliard (CAPM). A partir de 2006, 300.000 usagers du nord de la Franche-Comté expérimenteront ce système inédit de transport en réseau. La plateforme de mobilité centralisera dans sa base de données unique toutes les informations relatives aux transports sur la zone couverte, à savoir : l'aire urbaine Belfort-Montbéliard-Héricourt-Delle. L'usager qui en fera la demande obtiendra ainsi le calcul détaillé de son itinéraire incluant tous les modes : train, bus, taxi, vélo, voiture ou parcours piétonniers. La nouveauté ? "Il insère la voiture individuelle dans la chaîne de transport", explique Julien Gannard, directeur du pôle projet à la Maison du temps et de la mobilité de Belfort. Si le covoiturage n'est pas un procédé très récent, il n'est pas toujours relié à l'offre des transports en commun. L'outil développé dans la région incluera tous les modes de déplacement, publics comme privés, afin, précise Julien Gannard, "de dépasser la logique caricaturale du tout-transport public contre le tout-voiture". Outre le calcul d'itinéraire, la centrale de mobilité offrira aux usagers un service de réservation et de paiement à distance d'un train, bus ou autres, et aussi d'une place de parking.

Dans le cadre d'un projet européen

La CAPM et d'autres collectivités de l'aire urbaine se sont associées aux opérateurs de la zone pour mettre l'expérimentation en pratique. La coordination du projet et les tests préalables ont été menés par la Maison du temps et de la mobilité de Belfort, en partenariat avec l'Université technologique de Belfort-Montbéliard et quelques industriels de la région. Le coût d'investissement et de fonctionnement est aujourd'hui estimé à 100.000 euros par an.
Le projet s'intègre dans un programme européen plus vaste, baptisé Trascom, qui se résume, selon ses responsables, à "la téléphonie mobile au service de la mobilité des personnes, en utilisant des moyens privés et publics de transport". L'autre nouveauté tient aussi à l'utilisation des téléphones portables dans le système de transport à la demande. "Les usagers pourront ainsi, depuis n'importe quel endroit, bénéficier d'informations précises sur leur itinéraire. Plus besoin d'une connexion internet. Les renseignements demandés leurs seront directement transmis sur leur portable", souligne Julien Gannard. Une aubaine dans les zones rurales où les modes de transport disponibles sont plus rares et souvent moins connus. Le système favorisera aussi l'assistance directe aux personnes pendant leur trajet en cas d'incident survenu sur l'un des maillons de la chaîne transport. Plus besoin, non plus, de se déplacer : un seul paiement, un seul ticket, pour un réseau bel et bien intégré...

Trois axes d'expérimentation

L'application du programme Trascom en Alsace et Franche-Comté s'est articulée autour de trois axes. Le premier : l'information de l'usager en situation de mobilité. Le second volet s'est attaché à lier le covoiturage avec les transports publics, et avec la gestion des parkings. La question du transport à la demande, enfin, a fait l'objet d'expérimentations particulières, "et surtout le problème du transport nocturne, en région rurale", indique Julien Gannard. Pour tester une nouvelle plateforme de gestion de la mobilité, la Maison du temps et de la mobilité s'est associée à l'Université technologique. Une dizaine de soirées ont été organisées dès octobre 2003. Deux d'entre elles ont réuni près de 8.000 personnes au total. Grâce à une campagne d'information bien ciblée, notamment au bureau des inscriptions de l'université, les étudiants ont pris connaissance des possibilités de déplacement à leur disposition : bus, train ou covoiturage. "L'opération transport a été un succès, se félicite Julien Gannard. A chaque soirée, près de 2.000 jeunes ont fait appel à la plateforme Trascom."
Les expérimentations effectuées dans le cadre du programme Trascom pourraient mener à diverses applications. Outre l'intérêt d'une telle initiative pour les collectivités et opérateurs de transport, d'autres développements industriels sont envisagés. Les résultats récoltés viseraient ensuite, estime Julien Gannard à "promouvoir les entreprises locales et valoriser le territoire".

Kattalin Landaburu / Victoires-Editions pour Localtis

"A Londres, notre outil calcule neuf millions d'itinéraires chaque mois"

Jean-Claude Bildstein est directeur de la filiale Mentz Informatique SARL de Strasbourg, entreprise partenaire du programme Trascom.

Comment se sont tissés les liens entre votre entreprise et la Maison du temps et de la mobilité de Belfort, dans le cadre du programme Trascom ?

j'étais déjà responsable du projet Iscom en Alsace, établi dans une région transfrontalière. Le programme visait à développer un système d'information multimodal dans les transports publics. Dans ce contexte, j'ai été invité par les responsables de la Maison du temps et de la mobilité à parler d'Iscom durant un forum réunissant divers acteurs du secteur. C'est à cette occasion que nous avons tissé des liens. Ainsi, lorsque l'appel d'offres Trascom a été lancé par la Commission européenne, nous étions prêts à y répondre ensemble.

Vous êtes concepteur de l'outil permettant le calcul d'itinéraire. Comment fonctionne-t-il ?

Il centralise les données horaires du transport public sur une région donnée. L'utilisateur pose sa question qui se résume généralement à aller d'un point A vers un point B. L'outil calcule son parcours en prenant en compte l'ensemble des modes de transport disponibles. C'est un peu l'équivalent d'un "Mappy" pour les transports publics. L'outil est en outre accessible à travers différents médias : les centres d'appels, internet ou le téléphone portable. Lorsque les mobiles sont équipés d'un système de géolocalisation, nous pouvons aussi définir, avec plus ou moins de précision, le point de départ de l'usager. Celui-ci est également susceptible de recevoir, ensuite, des données cartographiques sur son portable, résumant l'itinéraire proposé.

Quels ont été, pour vous, les bénéfices du projet Trascom ?

Ce programme nous a offert une plateforme d'expérimentation pour le développement de notre outil. Trascom a également permis de démontrer aux autorités locales sa capacité à répondre aux besoins des usagers. Nous espérons ainsi entrer en contact avec les responsables territoriaux qui réfléchissent déjà à la promotion de l'information sur la mobilité. C'est un terrain que nous connaissons bien. Après avoir remporté un appel d'offres international, nous avons mis en place le système d'information à Londres. Ce contrat visait à accompagner l'installation du péage urbain au centre-ville. Depuis, neuf millions de calculs d'itinéraires sont effectués chaque mois. Des chiffres qui prouvent qu'en la matière, les besoins existent bel et bien.

Iscom et Trascom, deux programmes européens au service de la mobilité

L'Union européenne planche depuis 2000 sur la question de l'aide à la mobilité. Avec Iscom, elle expérimente des systèmes d'information pour une mobilité combinée. Avec Trascom, l'UE ajoute des variables : la téléphonie mobile ou l'usage de véhicules privés dans la chaîne transport.

Deux ans d'expérimentations dans le cadre du programme Iscom ont permis de développer des systèmes d'information novateurs. Les tests réalisés ont aussi fait apparaître de nouvelles préoccupations. Tout d'abord, l'usage d'internet est impossible en situation de mobilité. Ensuite, l'information en elle-même n'est pas suffisante si elle n'est pas assortie de possibilités de réservation et de paiement à distance. Enfin, les systèmes d'information aux voyageurs dans le secteur routier (type Mappy) et dans les transports publics ne sont jamais corrélés. Autant de limites bien définies qui ont permis de jeter les bases du programme Trascom lancé en mars 2002 pour une durée de deux ans. Trois territoires sont associés à l'expérimentation : la région wallonne ; la Baie de Somme ; l'Alsace-Franche-Comté.
La première a testé en priorité la question de la réservation et du paiement en développant un système intermodal permettant à l'usager de ne payer qu'une seule fois son parcours. Si l'initiative a porté ses fruits d'un point de vue technique, elle présente des difficultés sur le plan commercial. "Le calcul du prix d'un titre unique est encore problématique", explique Julien Gannard, responsable à la Maison du temps et de la mobilité de Belfort. Le projet Trascom en Baie de Somme a quant à lui intégré la voiture professionnelle dans la chaîne transport. Les calculs d'itinéraires se sont appuyés sur la flotte publique mais aussi privée. En Alsace et Franche-Comté, enfin, le programme européen s'est enrichi de la variable "téléphone mobile" afin de favoriser l'accès à l'information même en situation de mobilité. Les territoires sélectionnés ont servi de plateforme d'expérimentation. Malgré leurs spécificités, ils ont tous poursuivi un double objectif : l'offre d'un éventail de services intégrés de transport afin de réduire la congestion du trafic urbain et pallier les besoins spécifiques des populations vivant en zones rurales ou transfrontalières.

Aller plus loin sur le web

Le site du programme européen Trascom.
http://www.trascom-ec.net
 
Exemple d'un système de calcul d'itinéraire à Strasbourg (Trascom Public Transport).
http://195.243.251.82/trascomip/index_fr.htm
 

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