Laïcité - L'AMF et la région Rhône-Alpes choquées par une enquête sur les pratiques religieuses des agents des collectivités
Dans un communiqué du 2 octobre, Jacques Pélissard, président de l'AMF, "s'indigne qu'un fonctionnaire de police, prétendant agir à la demande des maires de France, ait transmis au conseil régional de Rhône-Alpes et à d'autres collectivités un courriel pour obtenir des informations sur la religion de leurs personnels". Un courriel, daté du 16 septembre, en provenance d'un agent de la sous-direction de l'information générale (Sdig) de la direction départementale de la sécurité publique du Rhône (DDSP) à destination de la direction des ressources humaines de la région Rhône-Alpes, est ainsi libellé : "Auriez-vous l'amabilité de m'indiquer si, parmi votre personnel, vous avez des agents de confession autre que chrétienne ? Dans l'affirmative, pouvez-vous me dire si certains d'entre eux ont demandé des aménagements d'horaires ou de service pour pratiquer leur religion ?" Le courriel incriminé précise en outre que "cette étude est faite à la demande des maires de France". "L'AMF dément avec force cette affirmation", tient à préciser son président en ajoutant "la commune est par essence un lieu de laïcité et de neutralité confessionnelle". Le 26 septembre, le président de la région, Jean-Jack Queyranne, a interrogé le ministre de l'Intérieur "sur cette enquête qu'il trouve choquante tant dans son principe que dans les modalités de sa mise en oeuvre". "Elle laisse supposer que la région 'ficherait' les confessions religieuses de son personnel, ce qui constituerait une pratique totalement illégale et contraire à la tradition républicaine", proteste-t-il dans un communiqué de la région du 1er octobre. "Par ailleurs, est-il nécessaire de rappeler que cette demande, qui stigmatise une religion par rapport à une autre, porte gravement atteinte aux principes de non-discrimination ?", poursuit-il. "Cette enquête est inadmissible, totalement déplacée", a assuré le cabinet de la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie. La ministre "a immédiatement saisi le directeur général de la police nationale pour diligenter une enquête hiérarchique interne dont les résultats doivent lui parvenir dans un délai très bref qui ne doit pas dépasser vingt-quatre heures", a précisé le cabinet à l'AFP.
Catherine Ficat