Lancement d'un observatoire européen des centres-villes

L'association Centre-ville en mouvement présidée par Philippe Laurent a lancé, ce jeudi à Strasbourg, un "observatoire européen du centre-ville". Un premier bilan de son action sera présenté l'an prochain lors des troisièmes Assises européennes du centre-ville, à Paris.

Deux ans après avoir organisé au Parlement européen (sous présidence française de l'UE) les Assises européennes du centre-ville (voir notre article du 29 juin 2022), l'association Centre-ville en mouvement présidée par Philippe Laurent transforme l'essai. Elle a lancé, jeudi 8 février, un "observatoire européen du centre-ville", sous le patronage de la députée européenne Fabienne Keller (ex-maire de Strasbourg). "J'ai la conviction que le modèle européen de la ville est un élément constitutif de la civilisation européenne", a souligné le maire de Sceaux (Hauts-de-Seine), mercredi, lors d'une présentation de l'observatoire à la presse.

L'objectif de cette nouvelle structure est "de fédérer élus, chercheurs et acteurs économiques de toute l’Europe, pour permettre la diffusion de connaissances, l’échange de bonnes pratiques, la formalisation de préconisations", précise l'association. Près de 200 élus venus d’Espagne, d'Italie, d'Allemagne, de Belgique, du Luxembourg, de Pologne, de Croatie et du Portugal étaient attendus au Parlement de Strasbourg pour ce lancement.

Six sections thématiques

Pour Philippe Laurent, la France a beaucoup à apprendre de ses voisins, notamment du nord de l'Europe, "qui n'ont pas connu le même développement des zones commerciales de périphérie, ou très peu". Et ils ont su préserver les réseaux de transports urbains comme le tramway érigés au début du siècle dernier, qui ont été supprimés en France pour laisser place à la voiture, avant de faire leur grand retour depuis une quarantaine d'années. "À Vienne, le tramway a toujours le même tracé !" Enfin, "certains pays ont des réglementations beaucoup plus drastiques en termes d'implantation", souligne-t-il, comme l'avait montré l'Institut pour la ville et le commerce il y a quelques années (voir notre article du 22 septembre 2017). Mais d'après Philippe Laurent, "la France a pris conscience de ça". Pour preuve : en 2023, "aucune autorisation de construction d'hypermarché en périphérie n'a été accordée", affirme-t-il. "Aujourd'hui, on constate une mobilisation quasi générale de toutes les villes autour de la renaissance du centre-ville, beaucoup de choses sont faites par les élus, notamment grâce aux programmes tels qu'Action cœur de ville, Petite ville de demain", constate-t-il, estimant que le travail de Centre-ville en mouvement n'est sans doute pas étranger à cette inversion des choses. De même a-t-elle été à la manoeuvre il y a quelques années pour demander un "moratoire" sur les grandes surfaces de périphérie.

Coanimé par Philippe Laurent et Fabienne Keller, l'observatoire fonctionnera à partir de six sections thématiques, chacune étant elle-même présidée par un binôme composé d'un élu et d'un spécialiste : gestion de centre-ville ; logistique et livraison du dernier kilomètre ; diversité commerciale, artisanale, marchés et circuits courts ; culture et animation ; aménagements et mobilités durables ; habitat et vie urbaine. L'observatoire "gestion de centre-ville" sera ainsi présidé par le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier et par le Belge Jean-Luc Calonger, président du conseil d’administration de Tocema Worldwide (réseau mondial consacré à la gestion et au développement des centres-villes), et président de l'Association du management du centre-ville en Belgique. Un choix stratégique pour la métropole du Grand Paris. "Alors que le programme Action cœur de ville n'était pas destiné aux communes de la métropole du Grand Paris, celle-ci s'est doté de son programme baptisé 'Centre-ville vivant'", explique Philippe Laurent qui a milité en ce sens auprès de Patrick Ollier (voir notre article du 28 novembre 2023).

Envoyer un signal fort

Un premier bilan du travail effectué par l'observatoire sera présenté lors des troisièmes Assises européennes du centre-ville, qui auront lieu à Paris, en novembre 2025. "L’idée est que d’autres pays de l’UE prennent le relais de l’animation et de la présidence de cet observatoire européen du centre-ville", précise l'association.

À quelques mois des élections européennes de juin, Philippe Laurent, qui est par ailleurs coprésident du Conseil des communes et régions d'Europe (CCRE), veut aussi envoyer un signal fort aux institutions européennes. "Nous voulons réaffirmer que la construction européenne, ce n'est pas seulement une affaire d'États, cela concerne tous les pouvoirs publics. Il est absolument nécessaire que les collectivités territoriales soient pleinement impliquées", souligne-t-il, en écho au manifeste adopté par l'Association française du Conseil des communes et régions d’Europe (Afccre) le 6 février à Strasbourg.