L’ancienne prison de Guingamp reconvertie en lieu phare de la photographie (22)

En avril 2019, la ville de Guingamp a inauguré un espace muséal dans une ancienne prison. Ce bâtiment, classé monument historique, accueille une association labellisée Centre d’art contemporain d’intérêt national ; elle sera bientôt rejointe par l'Institut national de l'enseignement artistique et culturel.

Construite entre 1836 et 1841 dans le centre-ville, la prison de Guingamp (7.000 habitants) est désaffectée depuis 1951. Devenue propriété de la commune en 1992, elle est classée en 1997. Si ce patrimoine recèle une incontestable valeur historique - cette prison fut une des premières en Europe à utiliser le modèle "pennsylvanien" des cellules individuelles -, il se révèle également quelque peu encombrant pour la municipalité… En effet, quel usage futur imaginer dans un tel lieu ?... 
La municipalité a trouvé une réponse à cette question en s’appuyant sur une association culturelle locale très dynamique, GwinZegal, qui développe son activité, depuis le début des années 2000, autour de la photographie et des sciences humaines. Et en lui confiant les clés de la prison afin d’en ouvrir grand les portes…

Trouver des partenaires pour financer le projet

Entièrement rénové, ce bâtiment de granit de bois abrite désormais une salle d’exposition contemporaine. Plusieurs phases de travaux sont nécessaires pour restaurer le bâtiment, les deux premières permettant d'ouvrir au public une salle d'exposition aux normes muséales.
La réhabilitation de l'ancienne prison de Guingamp a représenté un investissement de 6.785.000 €. Le maire de la ville, Philippe Le Goff, explique pourquoi les élus s'y sont résolus : "Nous avons la volonté de revitaliser le centre-ville et, historiquement, les centralités ont toujours été des lieux de vie culturelle. Toute la difficulté de ce type de projet c'est de bien le dimensionner de façon à trouver des partenaires." Cela a été le cas pour les deux premières phases de la réhabilitation, deux millions et demi d'euros ; la ville a convaincu ses partenaires institutionnels et un mécène (voir encadré). Elle a ainsi trouvé 70 % de financement extérieur pour un projet à la fois patrimonial et culturel.

S’appuyer sur une association culturelle bien ancrée localement

Le volet culturel a donc été confié à l’association GwinZegal bien implantée sur le territoire. Elle organise des ateliers pédagogiques pour des centaines de jeunes, accueille des photographes en résidence, monte des expositions et édite des livres. Basée à Guingamp depuis plusieurs années, elle a été labellisée en mai 2019 Centre d’art contemporain d’intérêt national.

Pour l'inauguration de l'ancienne prison, en avril 2019, l'association a organisé "L'échappée", une exposition rassemblant une sélection des travaux de plusieurs artistes ayant travaillé en résidence à Guingamp et dans ses environs, et notamment le photographe malien Malick Sidibé, le français Mathieu Pernot ou l’anglais Mark Neville. Avec une centaine de visiteurs par jour, hors saison, le succès de ce nouveau lieu culturel, entièrement gratuit, a d’emblée été au rendez-vous. Un tiers des visiteurs viennent de Guingamp et de son aire urbaine, un tiers de la zone ouest de la côte armoricaine, à plus de trente kilomètres, et un tiers à plus de cent kilomètres.

Dynamiser le centre-ville par la culture

Les élus ont voulu montrer qu'un centre-ville, au-delà des contraintes de stationnement ou de bâti, offre la possibilité de vivre des événements, "de se jeter dans la carte postale" résume joliment le maire. Ils ont patiemment mis en œuvre cette stratégie en signant, en 2015, un "Pacte culturel" qui garantit que la ville et l'État sanctuarisent les crédits dévolus à la culture ; en adhérant au label "Petite cité de caractère" et en expérimentant, en 2018, la démarche "Ville 100 % enseignement artistique et culturel (EAC)". Cette démarche vient d'être confortée par l'annonce, en juin 2019, de la création à Guingamp de l'Institut national de l'enseignement artistique et culturel. Cette nouvelle structure, co-pilotée par les ministères de l'Enseignement et de la Recherche, de la Culture et de l'Éducation nationale, doit produire des contenus pour les enseignements dans le domaine de l'art et de la culture. Dès septembre 2019, seize chercheurs et administratifs intégreront l'aile nord de l'ancienne prison.
Parallèlement, les travaux de la phase trois sont inscrits au budget 2019 de la commune tandis que ceux de la phase quatre doivent être votés avec le budget 2020...  D’ores et déjà la preuve est faite que la culture peut être un puissant levier de développement.

Financement et partenaires

Le financement des deux premières phases de travaux a été assuré grâce au soutien de la direction des affaires culturelles (Drac) sur toute la partie restauration ; de l'État sur les dotations de solidarité à l'investissement ; du conseil départemental sur une politique de fonds de concours baptisé "contrats de territoire" ; de la région Bretagne et de l'Europe. Au titre du mécénat, l'entreprise Primagaz, à travers la Fondation du patrimoine, a contribué à hauteur de 70.000 €.

Commune de Guingamp

Nombre d'habitants :

7000
1, place du Champ au Roy- BP 50 543
22205 Guingamp cedex

Philippe Le Goff

Maire

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