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Numérique / Construction - Le BIM à l'échelle d'un territoire, on y est ?

Le BIM ou "Building Information Model" a été à l'honneur avec le salon BIM World 2016, où Emmanuelle Cosse s'est montrée volontaire sur le sujet et, plus largement, sur l'intégration du numérique dans le filière construction. L'occasion de définir les potentiels d'un objet à fort enjeu, y compris pour modéliser non plus seulement un bâtiment mais un quartier ou un territoire.

Présente au BIM World 2016, Emmanuelle Cosse a réaffirmé, le 6 avril dernier, l'engagement du gouvernement dans la transition numérique. La ministre du Logement et de l'Habitat durable a rappelé que le "numérique est l'outil qui permet d'agir sur les enjeux économiques, sociaux et sociétaux liés à construction". Afin d'accompagner la transformation de la filière, 20 millions d'euros ont été mobilisés en décembre 2014 au titre du plan Transition numérique dans le bâtiment. Articulé autour de trois axes, ce plan encourage l'expérimentation, la montée en compétence des acteurs, et cherche à structurer un écosystème numérique pour développer des outils interopérables et normalisés. Sujet de toutes les attentions, le BIM ou "bâtiment et informations modélisées" (Building Information Model) apparaît comme une solution innovante pour la filière.

Le BIM : modéliser, collaborer, valoriser

Souvent réduit à une maquette numérique, le BIM recouvre aussi des méthodes de travail collaboratif ainsi que la gestion des échanges et des données du bâtiment modélisé. Plus qu'une représentation graphique, le BIM "matérialise" numériquement les caractéristiques physiques et fonctionnelles des différentes composantes d'un bâtiment (portes, murs, canalisation, toit…), recensées dans une base de données standardisée. Plus largement, on peut intégrer à la maquette 3D une variable "temps" (4D), des informations "financières" (5D, estimation des coûts, aperçu budgétaire…) ou encore relative à la "dimension vitale de la maquette" (6D), c'est-à-dire des données "utiles" – environnementales ou énergétiques – sur le cycle de vie du bâtiment. Elle vise à améliorer la gestion des différentes phases du cycle de vie du bâtiment, de sa conception à son exploitation. Si des questions persistent autour de l'interopérabilité des formats (malgré le format standard IFC), le BIM a pour ambition de simplifier la collaboration entre tous les acteurs d'un projet, notamment par un partage en temps réel des informations mises à jour par eux, et ce tout au long du cycle de vie. En sachant toutefois qu'un BIM répond à des besoins, exprimés dans un protocole défini préalablement.
Considéré comme un "gisement d'économies et de valeur ajoutée" par ses promoteurs, le BIM permet de mieux gérer les coûts de construction et, surtout, de maintenance.

BIM et maquette territoriale

Si BIM rime généralement avec bâtiment, la maquette numérique peut être étendue à l'ensemble d'un territoire. Ces maquettes territoriales, ou "BIM multi-échelle" selon la terminologie du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), ont vocation à modéliser aussi bien le territoire que les bâtiments et les infrastructures qui s'y trouvent. En creux, la création d'un référentiel global territorial. Grâce à la gestion des différentes échelles, le bâtiment peut être pensé comme un élément d'un ensemble plus large, interconnecté aux réseaux de la ville. En plus d'affiner la connaissance qu'a une collectivité de son territoire (par sa "sémantisation"), la maquette territoriale permet de mener des simulations (aéraulique, acoustique, énergétique…) et peut offrir un outil de concertation (pour des processus de co-construction par exemple). Si ces deux derniers outils sont utilisés du côté de Marne-la-Vallée, le CSTB et l'Epadesa (établissement public d'aménagement de la Défense Seine Arche) ont signé le 6 avril une convention de partenariat pour la mise en œuvre d'une démarche BIM multi-échelle.

BIM, un SIG 3D ?

Proche d'un système information géographique (SIG) à de nombreux égards, le BIM se distingue par un degré de précision (ou "level of detail", allant de LoD0 au LoD4) intégrant l'intérieur des bâtiments. Davantage "territoriaux", les degrés 0 à 3 concernent avant tout l'espace public (modélisé avec plus ou moins de détails). Complémentaires, ces deux compétences – SIG et BIM – devraient être à terme amenées à converger, posant alors la question de leur gouvernance. Une perméabilité qui est entretenue par certains acteurs, comme le CSBT, où le terme de SIG 3D était utilisé. Par ailleurs, on peut noter trois degrés de développement du BIM, fonction de sa portée collaborative. Sur une "maquette numérique isolée", les intervenants travaillent sur une maquette séparée, là où une "maquette numérique collaborative" est une synthèse de plusieurs maquettes. Enfin, les différents intervenants font évoluer en temps réel une "maquette numérique intégrée".

 

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