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Personnes âgées - Le CES veut améliorer la place des seniors dans la cité

Le Conseil économique et social (CES) a adopté un avis intitulé "Seniors et cité". Cet avis et le rapport sur lequel il se fonde s'efforcent de cerner les enjeux et les conséquences de l'arrivée à l'âge de la retraite, depuis 2001 et pour une trentaine d'années, de la génération des "baby-boomers" (nés entre 1946 et 1974). A la différence d'autres rapports et études démographiques sur le sujet, l'avis du CES ne concerne pas le grand âge et la question de la dépendance. Il se penche en effet sur ce qu'il appelle la "séniorité", autrement dit la tranche d'âge entre 55 et 75 ans. Cette population présente en effet des caractéristiques entièrement nouvelles : un très faible taux d'emploi (38,3% en France pour les 55-64 ans contre 44,7% de moyenne européenne et 50% pour l'objectif de Lisbonne), des revenus et un patrimoine importants, mais aussi un fort risque de pauvreté, et une "implication nouvelle dans la vie de la cité". L'avis souligne notamment le développement du lien intergénérationnel et l'implication des seniors dans des initiatives sociales, souvent portées par les collectivités territoriales : soutien scolaire, animation périscolaire, activités associatives... Le CES s'attarde également sur les "implications territoriales de la montée en puissance des seniors", avec en particulier la mobilité post-retraite (et son fort tropisme vers le sud), le nomadisme et la "pluri-résidentialité", mais aussi le risque de dérives communautaristes à l'américaine dont témoigne l'apparition des premières zones résidentielles pour seniors.
A partir de ce constat, le CES formule un ensemble de propositions - parfois un peu trop générales - organisées en quatre thèmes. Le premier consiste à "changer le regard de la société sur les seniors", en particulier à travers la valorisation des liens intergénérationnels et la création de "pôles territoriaux dédiés, outils pour les collectivités" (à l'exemple de l'institut régional du vieillissement de Franche-Comté). Le second groupe a pour objet de préparer les transitions, en particulier entre le travail et la retraite. Parmi les propositions formulées à ce titre figurent la mise sur pied d'un bilan de "potentiel retraite". Intitulé "Du désir d'activité au projet de vie au service de la société", le troisième thème est centré sur la valorisation de l'apport des personnes âgées actives. Il comporte plusieurs propositions pour développer le bénévolat et pour définir de nouveaux métiers dits "d'utilité sociale" et officiellement reconnus hors de la sphère marchande. Le rapport cite, à titre d'exemples, les délégués locaux du médiateur de la République, les "ambassadeurs locaux d'environnement" ou les accompagnateurs de pédibus (déplacements collectifs à pied des enfants). Enfin, le dernier thème est plus ambitieux encore, puisqu'il entend promouvoir "une cité ouverte accompagnant le parcours résidentiel à tous les âges". En pratique, il s'agit d'inciter les collectivités territoriales - et plus particulièrement les communes et les intercommunalités - à mieux prendre en compte les enjeux liés à l'augmentation du nombre de seniors. Rejetant la spécialisation territoriale (sur le modèle américain), le CES en appelle à l'intégration de la dimension intergénérationnelle dans l'urbanisme et dans le logement. Ceci passe en particulier par le traitement des espaces et des équipements publics (qui doivent privilégier une polyvalence fonctionnelle), par le transport et par le souci constant de la mixité générationnelle et sociale dans l'habitat.

 

Jean-Noël Escudié / PCA