Le chauffage des bâtiments publics au bois : une filière, des économies

Le Pays de Saint-Seine, dans le département de la Côte-d’Or, est un territoire de forêt. Il expérimente la transformation de son bois de taillis en plaquettes brûlées dans des chaufferies pour diminuer la facture pétrolière et développer l’emploi local.

Le territoire de la communauté de communes du Pays de Saint-Seine (20 communes, 3.214 habitants) est couvert à 52% de forêts, dont une majorité de forêts publiques (7.559 hectares de forêts communales). "Nos forêts communales situées sur des sols pauvres produisent un bois de chauffage qui se vend mal. D’où l’idée d’économiser sur la facture pétrolière des bâtiments publics tout en générant de l’emploi, en créant une filière dite de la plaquette bois", explique Bénigne Colson, maire de Frénois et président de la commission environnement du Pays de Saint-Seine. Cette réflexion sur le choix d’une filière s’est déroulée dans le cadre de l’élaboration de la charte forestière de territoire en 2006. Au cours de cette étude, plusieurs communes ayant des projets de réhabilitation de bâtiments ont choisi d’adopter le bois-énergie pour le chauffage de ceux-ci. Les élus se sont rendus dans le nord du département pour étudier cette filière, qui produit des copeaux de la taille d’un flocon d’avoine. Restait à mettre le système en place.

Un traitement avantageux, mais exigeant en espace


Le bois – le plus souvent du taillis – est coupé en forêt par le personnel d’une association d’insertion, puis stocké sur le bord des routes. Deux ou trois fois par an, une entreprise de broyage, prestataire de l’intercommunalité, vient avec une machine à broyer pour le transformer en plaquettes. Ces plaquettes sont transportées dans une benne jusqu’à une plateforme de 1.600 m², dont 800 couverts, construite sur un site situé en plein cœur du massif forestier, facile d’accès pour les véhicules de fort tonnage. Sur le site, ont été construits un pont-bascule (50 tonnes) pour mesurer le suivi de la production, et un vaste hangar fermé sur trois cotés, qui peut accueillir jusqu’à mille tonnes de plaquettes. Celles-ci sont déversées tantôt d’un coté du hangar tantôt de l’autre, car il leur faut un temps de stockage de plusieurs mois, au cours duquel, après fermentation, elles perdent une partie de leur humidité. Lorsque leur taux d’humidité n’excède pas 25%, leur contenu énergétique est de 3.300 à 3.900 kilowatts-heure par tonne, et elles peuvent alors être consommées. Elles sont emmenées dans les silos des chaufferies où une vis sans fin les déverse dans les foyers de combustion. "L’avantage de cette technologie, reprend Bénigne Colson, est que le traitement se fait sur place, puisqu’il n’y pas de phase de passage en usine comme dans la filière des granulés. Cela permet de bien contrôler et c’est économique. L’inconvénient est que les chaufferies sont des équipements lourds et volumineux. C’est une technologie qui convient à des bâtiments publics davantage qu’à des particuliers." C’est ainsi qu’à Saint-Seine-l’Abbaye – la plus grosse installation – une chaudière de 640 kilowatts, couplée à une chaudière fioul, chauffe sept bâtiments publics : la communauté de communes et la mairie, la trésorerie, la médiathèque, la maison d’enfants, l’école, le presbytère, et la maison de retraite.

 

Qui fait quoi ?


Les sept communes qui ont adhéré au projet ont chacune mis un terrain à la disposition de l’intercommunalité, qui y a construit un bâtiment comprenant une chaudière, un silo et tout un réseau de distribution d’eau pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. L’entretien courant des chaufferies est assuré à raison d’un mi-temps par un technicien de la communauté. Les équipements sont donc la propriété de celle-ci, qui vend aux communes la chaleur produite en la facturant sous deux formes : une part fixe, qui correspond à une participation au remboursement des investissements et à l’entretien, et une part qui représente la consommation du combustible (plaquettes et fioul éventuellement). Les plaquettes sont vendues aux communes 100 euros la tonne. Ce montant est fixé en fonction des marchés passés par la communauté avec les différents prestataires (vente de bois, coupe et broyage). "Nous manquons encore du recul nécessaire pour établir avec précision les économies réalisées, indique Floriane Lévy, animatrice du projet. Mais on peut évaluer que, hors coût des investissements, l’économie réalisée au mois de janvier a été de 12.120 euros. Par ailleurs nous payons aux communes la vente de leur bois. Cela valorise les forêts communales, qui sont désormais exploitées de façon satisfaisante. Et rien n’exclut qu’à l’avenir nous ne soyons pas amenés à vendre de la chaleur à des communes extérieures à la communauté."

Les coûts d’investissement


Le financement des investissements se décompose ainsi : 2.186.405 euros TTC pour les sept chaufferies, 388.221 euros TTC pour la plate-forme, et 72.210 euros HT pour l’acquisition d’un tracteur-benne et d’un chargeur dédiés à l’alimentation des chaufferies. Sur ces sommes, la communauté de communes a pris en charge en autofinancement, 30% pour les chaufferies, 12% pour la plate-forme, 25% pour le tracteur-benne et le chargeur. Les aides du conseil régional et de l’Ademe, réunies en un seul dossier, s’élevaient à 60% du coût de la plate-forme et des chaufferies, tandis que la DDR (dotation de développement rural) prenait à sa charge une partie du coût du tracteur-benne et du chargeur. La subvention du conseil général était de 20% pour les chaufferies et la plate-forme, et de 25% pour le tracteur-benne et le chargeur.

François Poulle, pour la rubrique Expériences du site www.mairieconseils.net


 

Communauté de communes du Pays de Saint-Seine

Place de l'Eglise
21440 Saint-Seine-l'Abbaye
mitaine.ccpss2@wanadoo.fr

Floriane Levy

Animatrice de la charte forestière Natura 2000

Bénigne Colson

Maire de Frénois, président de la commission environnement

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