Le Comité des régions produit un indice de sensibilité des régions à la guerre en Ukraine

Dans son rapport sur l'état des villes et régions de l'UE, publié en octobre, le Comité des régions a notamment produit un "indice de sensibilité" des régions aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Cet indice fait apparaître une césure nette entre l'Est et l'Ouest.

La guerre en Ukraine "a des retombées aux niveaux local et régional dans l’ensemble de l’UE, avec une nette fracture est-ouest". Dans son rapport annuel sur l’état des villes et régions d’Europe, publié en octobre, le Comité des régions sonne le tocsin. L’institution représentative des collectivités européennes a mis en place un indice de "sensibilité" des régions face la guerre en Ukraine combinant plusieurs indicateurs : dépendances aux importations de gaz et pétrole russe, taux d’emploi dans l’agriculture, part de réfugiés ukrainiens et russes, proportion de personnes à risque de pauvreté... Ainsi, presque toutes les régions des pays situés sur la frontière orientale de l’UE, le long d’un axe Finlande-Grèce, se retrouvent en situation de grande vulnérabilité. Les régions présentant une vulnérabilité moyenne sont les régions méditerranéennes, comme Chypre, la majeure partie de l’Italie, mais aussi une bonne part de l’Espagne, du Portugal et de l’Allemagne. En France, seule la partie de l’Occitanie correspondant à l’ex-Languedoc-Roussillon appartient à cette catégorie. Les autres régions françaises, de même que la Suède, le nord de l’Espagne, l’Autriche, la Slovénie et la Croatie s’en sortent mieux.

Les régions proches de la frontière ukrainienne connaîtront les baisses de PIB les plus importantes, anticipe le Comité des régions (ce sera également le cas des régions d’Irlande et d’Europe centrale). Ces régions frontalières seront aussi les régions les plus touchées par l’inflation, tout comme l’Espagne et le Portugal.

Le rapport rappelle par ailleurs que plus de 10 millions de personnes ont fui l’Ukraine. La Pologne est la première terre d’accueil avec 4,3 millions d’arrivées dont 10% dans la capitale Varsovie, suivie de la Hongrie (861.000), de la Roumanie (736.000), de la Slovaquie (548.000) et de la Tchéquie (383.000).

Le Comité des régions indique avoir lancé une "Alliance européenne des villes et régions pour la reconstruction de l’Ukraine", celle-ci "s’appuiera sur l’expérience acquise dans le cadre des partenariats interrégionaux et interurbains entre l’UE et l’Ukraine".

Le tissu social "en danger"

L’inflation galopante et la crise énergétique mettent le tissu social "en danger". À cet égard, la guerre en Ukraine est venue exacerber les effets déjà ressentis depuis la crise sanitaire sur l’aggravation des inégalités en Europe. Avant la crise sanitaire, 91 millions d’Européens étaient en situation de pauvreté, soit 20% de la population total, avec une part plus grande dans les régions rurales (22%). En 2020, les régions européennes ont enregistré une hausse moyenne de 12% du taux de chômage. La hausse des prix de l’énergie vient aujourd’hui accroître les risques de précarité énergétique. "En 2020, environ 36 millions d’Européens n’ont pas été en mesure de chauffer convenablement leur logement en hiver ou de le garder au frais en été, et ces chiffres risquent de s’envoler à mesure que les effets de la crise se font sentir dans toute l’Europe", alerte le Comité des régions.

La plupart des élus sondés dans le "baromètre local et régional" adossé au rapport estiment que les financements européens pour 2021-2027 nécessiteraient de prendre en compte ce nouveau contexte de guerre aux frontières de l’UE. Et à 48%, ils considèrent que le principal objectif devrait être aujourd’hui d’atténuer la flambée des prix de l’énergie. Les élus du Comité des régions regrettent une nouvelle fois le manque d’implication des élus dans la mise en œuvre du plan de relance NextGenerationEU et des plans nationaux pour la reprise et la résilience (PNRR), ce qui risque d’accroître encore les fractures territoriales. Le sondage montre à cet égard que seulement 1% des répondants a été pleinement associé à leur élaboration, et 9% seulement l’ont été partiellement. 45% des sondés déclarent n’avoir été ni informés ni impliqués dans l’élaboration des plans nationaux.

Le rapport tire un bilan positif de la politique de cohésion mais s’inquiète des retards pris en matière numérique. La pandémie a même aggravé les fractures numériques, avec un clivage flagrant entre zones rurales et urbaines.

 

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