Le commerce ambulant retrouve les chemins ruraux

Dans le cadre de sa politique de sauvegarde du commerce en milieu rural, le conseil général de Saône-et-Loire a engagé en 2003 une politique en direction du commerce ambulant. Il apporte aux commerçants des aides financières (avances remboursables) pour l'achat ou l'aménagement d'un véhicule afin d'assurer une desserte commerciale alimentaire de première nécessité dans des zones fortement rurales. Ce petit coup de pouce a certainement permis de sauver des petits commerces qui sans ces tournées n'existeraient plus. Au terme de trois années, le nombre de dossiers déposés se stabilise.

Boulanger, fromager, épicier, boulanger-pâtissier, boucher, charcutier. Telle est la variété de commerces qui ont trouvé ou retrouvé le chemin des bourgs ruraux de Saône-et-Loire grâce à l'organisation de tournées couvrant, selon les cas, de 77 à 589 communes !
Chacun a bénéficié d'une aide attribuée par le conseil général de Saône-et-Loire facilitant l'acquisition ou l'aménagement d'un véhicule adapté. Dix-huit dossiers ont ainsi été soutenus depuis 2003, année où le conseil général a lancé cette politique. "Nous avons beaucoup de secteurs et de hameaux sans services et avec une population vieillissante. Cette aide vise surtout à ce que des commerces de première nécessité puissent irriguer ces bourgs, éloignés des villes et dont les populations n'ont pas les mêmes facilités de déplacement que des jeunes couples, par exemple", intervient Didier Martinet, président de la commission des affaires économiques, de l'emploi et de l'artisanat du conseil général.
Ne sont donc éligibles que les commerçants et artisans implantés dans une commune rurale de moins de 3.500 habitants et qui envisagent le maintien ou le lancement d'un circuit de tournées dans des communes rurales de moins de 3.500 habitants. Par ailleurs, seuls les commerces à caractère alimentaire peuvent bénéficier de l'aide.

 

Une avance remboursable de 15.000 euros maximum

L'aide porte sur l'acquisition et/ou l'aménagement d'un véhicule neuf ou d'occasion de moins de 3 ans. Il ne s'agit pas d'une subvention, mais d'une avance remboursable, sans intérêt, sur 5 ans maximum (20 trimestrialités égales). Le montant est égal au maximum à 40% du coût HT du véhicule plafonné à 37.500 euros, soit 15.000 euros au maximum. La première échéance de remboursement est fixée par la convention signée entre le conseil général et le bénéficiaire de l'aide. Une seconde avance ne peut être attribuée qu'au terme d'un délai de cinq ans, ou après le remboursement total de la première avance accordée.
Le service Economie-Emploi du conseil général étudie les dossiers. Le dossier-type peut être téléchargé sur le site internet www.eco71.com. L'instruction du projet tient compte notamment de la population de la commune d'implantation, des autres commerces de la commune et de la liste des communes desservies par la tournée. Les avis de la chambre consulaire dont relève le demandeur et de la direction régionale au commerce et à l'artisanat viennent en appui. "La logique veut que nous coordonnions nos interventions car il ne s'agit pas non plus qu'une aide accordée défavorise un autre commerce qui vient de s'installer", précise Didier Martinet.

 

Décalé ? non. Utile...

En 2003, quatre dossiers ont été validés, six l'année suivante, quatre en 2005 et trois en 2006. Au total, le conseil général a accordé 145.220 euros d'avance. "Cette aide a fortement dépanné les premières années. Aujourd'hui, le nombre de dossiers tend à se stabiliser autour de trois par an, ce qui correspond au roulement des projets", estime Didier Martinet. Il reconnaît malgré tout le manque de retours sur la pérennité ou non des tournées ainsi favorisées. "Globalement, je sais que ces tournées ont permis à des commerces de base qui souffrent dans les zones rurales de se diversifier et donc de sauver leur activité. Comme un commerce de vêtements qui s'est diversifié dans l'alimentaire. Même si ce renfort d'activité reste à la marge car la clientèle est limitée et les produits, automatiquement, plus chers", reprend l'élu.
Si ces commerces ambulants répondent tout à la fois à la demande des commerçants (pour compléter une activité) et des habitants des zones plus isolées, ils sont par nature fortement liés justement à l'évolution de cette population. Certaines tournées peuvent ne plus avoir de sens lorsque la population se renouvelle. "C'est un mouvement cyclique et les tournées doivent s'adapter", constate Didier Martinet. Si la formule conserve une image pittoresque et peut sembler à certains décalée à l'heure où des familles font leurs courses sur internet, elle séduit toujours. Les élus locaux n'hésitent d'ailleurs pas à l'encourager pour viser des hameaux de ville ou des quartiers qui ont, également, vu disparaître leurs bar-tabac-épicerie et autres petits commerces de proximité.

 

Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Conseil général de Saône-et-Loire

Nombre d'habitants :

544893

Nombre de communes :

573
Rue Lingendes
71000 Mâcon

Didier Martinet

Conseiller général, président de la commission des affaires économiques, de l'emploi et de l'artisanat.

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