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Emploi - Le concept de CDI pour tous expérimenté dans cinq territoires

Offrir un contrat à durée indéterminée (CDI) à tous, y compris aux demandeurs d'emploi, c'est le pari du groupement d'activités Ametis. Le concept est issu d'une expérimentation sociale initiée en 2008 avec l'appui du haut commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch. Une expérimentation qui repose sur une logique de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale et qui se fonde sur deux constats. Premier point : les mesures proposées aux demandeurs d'emploi sont nombreuses, dispersées, cloisonnées, les parcours professionnels sont chaotiques, faits de ruptures, de changements de statuts (demandeur d'emploi, salarié, jeune, etc.), d'interlocuteurs, d'activités, et la précarité concerne de plus en plus de monde. "On continue à gérer des publics et des statuts au lieu d'accompagner des parcours", explique-t-on au sein d'Ametis. Deuxième constat : les entreprises ont de plus en plus de mal à traiter la question de l'emploi ; elles sont loin des structures chargées des publics et ont du mal à anticiper. Face à ces constats, l'idée d'anticiper les recrutements des entreprises a vu le jour. Tout d'abord, Ametis identifie les besoins potentiels des entreprises adhérentes au réseau sur la base d'une analyse territoriale. Ensuite, les demandeurs d'emploi dont les compétences peuvent répondre aux emplois recherchés sont recrutés directement par Ametis et non par l'entreprise. Objectifs : aider les employeurs à mieux connaître et à anticiper leurs besoins de recrutement, et apporter une sécurité aux personnes en recherche d'emploi en intégrant, dans un seul statut - celui de salarié en CDI - toutes les étapes du parcours vers une situation de travail stable. "On essaie d'inventer le CDI pour tout le monde, explique ainsi Yves Monteillet, chef de projet national Ametis. En accédant à ce statut de CDI, les demandeurs d'emploi sont beaucoup plus motivés et ils accèdent plus facilement à des formations longues, qui leur sont difficilement accessibles quand ils sont chômeurs." Le financement du CDI (au moins 100% du Smic) est obtenu grâce à la mutualisation de différents moyens : ceux des fonds de formation des salariés, pour le financement des formations, ceux des conseils régionaux, pour la prise en charge des modules de prérecrutement et les aides à la formation des salariés, ceux des conseils généraux pour les aides spécifiques à la formation ou à la mobilité pour les salariés ayant droit au RSA, ceux des autres collectivités territoriales, mais aussi les financements des opérateurs de l'emploi (maisons de l'emploi, missions locales, Plie), de l'Etat, de Pôle emploi et des entreprises. Chaque partenaire intervient en fonction de ses compétences et de ses priorités, l'objectif étant de ne pas dépendre d'une ligne budgétaire spécifique, mais d'utiliser, en les articulant, des budgets existants.

Le premier groupement d'activités de ce type a vu le jour à Nantes-Saint-Nazaire pour répondre aux besoins importants de recrutement annoncés en 2007 par les secteurs aéronautique et naval. S'il n'a pas résisté à la crise, il a fonctionné pendant quinze mois, permettant de vérifier les conditions de faisabilité du dispositif. D'autres groupements de ce type se développent depuis, comme Ametis Touraine, créé en février 2010, qui a déjà recruté 13 salariés en CDI au mois d'avril 2010. "Ces personnes entament une première phase d'orientation au cours de laquelle elles sont payées par Ametis 1.050 euros nets, soit le tarif du Smic, explique Thierry Petonnet, directeur d'Ametis Touraine. Elles peuvent aussi travailler pour des entreprises de temps en temps comme en période estivale, dans ce cas, elles sont payées davantage en fonction de l'emploi occupé. Ametis prend un pourcentage sur leur salaire pour rémunérer la phase d'orientation. C'est très motivant pour les salariés : quand ils travaillent pour des entreprises, ils savent qu'ils participent financièrement à leur propre parcours de formation, ils ne sont pas dans l'assistanat." Autre intérêt : la prise en charge des problèmes matériels. "Quand on n'a pas de salaire fixe, on ne peut pas emprunter pour acheter une voiture ou même changer de paire de lunettes, détaille Thierry Petonnet. Un des postulats de départ est de régler ces problèmes matériels liés au salaire." D'autres groupements d'activités vont prochainement voir le jour comme celui de Mulhouse et Sud Alsace, en partenariat avec la maison de l'emploi et de la formation de la région Mulhousienne, qui doit démarrer d'ici à la fin de l'année 2010, et deux autres sites qui seront lancés par la suite. Certains territoires en Bretagne, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Guadeloupe sont déjà candidats.

 

Emilie Zapalski

 

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